Recrutement des jeunes dans les gangs: la communauté maghrébine à Montréal s’inquiète

MONTRÉAL — Des membres de la communauté maghrébine de Montréal se sont rassemblés samedi après-midi dans un parc de la ville pour sonner l’alarme au sujet du «fléau des gangs de rue» qui recrutent des jeunes pour commettre des actes criminels.

Plusieurs dizaines de participants se sont rassemblés au parc Wilfrid-Bastien, dans l’arrondissement Saint-Léonard, à Montréal, dont des enfants portant des pancartes blanches et noires suggérant le deuil.

«La communauté musulmane se mobilise», a déclaré Hadjira Belkacem, présidente et fondatrice de l’Association des sépulcres musulmans du Québec, un groupe qui soutient les familles musulmanes en deuil.

«Nous en avons assez de voir nos enfants se faire massacrer… Nous sommes en colère et nous sommes en deuil», s’est insurgée Mme Belkacem, qui a organisé l’événement, devant les personnes présentes.

Des élus, des parents et d’autres membres de la communauté ont pris la parole pour sonner l’alarme à la suite de plusieurs incidents survenus récemment dans la province, notamment la mort d’un garçon de 14 ans d’origine algérienne qui, selon les médias, aurait été retrouvé près d’un bunker lié aux Hells Angels à Frampton, en Chaudière-Appalaches.

La police provinciale n’a pas confirmé l’identité du garçon ni la cause du décès, mais plusieurs médias rapportent que la victime s’est enfuie de sa maison à Saint-Léonard, où le rassemblement a eu lieu, et aurait été envoyée pour attaquer le bunker. La Sûreté du Québec a refusé de commenter l’affaire samedi.

Le maire de l’arrondissement, Michel Bissonnet, a appelé tous les ordres de gouvernement à intervenir.

«Nous avons besoin de l’aide du centre-ville et de l’aide des gouvernements provincial et fédéral», a-t-il indiqué.

M. Bissonnet a soutenu que le financement supplémentaire est nécessaire pour mettre plus d’intervenants sur le terrain et fournir plus de services pour éviter que les enfants ne se retrouvent dans des situations difficiles.

Le ministre de la Sécurité publique du Québec, François Bonnardel, a publiquement reconnu le problème du recrutement présumé de gangs au cours des dernières semaines, qualifiant de «viles» les organisations criminelles qui enrôlent des jeunes dans leurs activités.

«Comme beaucoup de Québécois, ce que j’entends en provenance de Frampton me choque, a écrit François Bonnardel sur X le 19 septembre. Il est immonde pour des gangs de rue d’enrôler ainsi des jeunes, des enfants, pour faire le sale boulot.»

Mme Belkacem dit avoir entendu de nombreux parents, en particulier ceux qui ont des racines en Afrique du Nord, qui craignent que leurs enfants soient ciblés.

«Ça commence à 12, 13, 14 ans. Les gangs de rue leur demandent de voler des voitures, d’aller tuer, ce genre de choses […] Ils recrutent des enfants pour faire leur sale boulot, a-t-elle déclaré. Nous le savons parce que plusieurs familles nous ont appelés pour demander de l’aide et nous dire que « mon enfant a été recruté par un gang ».»

«Nous le savons parce que plusieurs familles nous ont appelés pour demander de l’aide et nous dire que ‘mon enfant a été recruté dans un gang’», a continué Mme Belkacem, ajoutant que les Québécois d’origine algérienne et marocaine ont été particulièrement touchés. «Malheureusement, il y a eu beaucoup de décès de jeunes dans notre communauté.»

Nazar Saaty, avocat bénévole auprès de l’Association des sépulcres musulmans du Québec, travaille auprès des jeunes délinquants. Il a témoigné que les jeunes sont recrutés «à un rythme explosif» et que les familles craignent que les services de protection de la jeunesse ne leur retirent leurs enfants s’ils les dénoncent.

Me Saaty a soutenu que les groupes criminels exploitent les vulnérabilités de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents du Canada.

«Ils disent: ‘écoutez, je ne vais pas commettre de crime, j’enverrai un jeune le faire. Le pire, c’est d’être placé dans un centre… alors que moi, j’irai en prison’», a-t-il expliqué.

«Ma solution ne serait pas de renforcer ou de sévir contre les jeunes délinquants. Il s’agirait d’introduire une loi dans le Code criminel pour que les adultes qui recrutent ces mineurs soient passibles de peines très, très sévères.»