Des Néo-Brunswickois figurent parmi les pionniers de la guerre aérienne
FREDERICTON — Des aviateurs du Nouveau-Brunswick ayant participé à la Première Guerre mondiale figurent parmi les pionniers de la guerre aérienne.
L’historien J. Brent Wilson a publié le mois dernier un livre racontant la vie des pilotes néo-brunswickois pendant et après la Grande Guerre: «War Among the Clouds: New Brunswick Airmen in the Great War» (La Guerre dans les nuages: des aviateurs du Nouveau-Brunswick dans la Grande Guerre).
«Ces appareils n’étaient pas très puissants. Ils étaient plutôt fragiles. Les pilotes pouvaient les abîmer s’ils atterrissaient trop lourdement», mentionne l’auteur. Même l’entraînement était dangereux.
Quand les aviateurs ont commencé à s’affronter dans le ciel de France et de Belgique en 1914, le premier vol des frères Wright ne s’était déroulé que 11 ans auparavant.
Les avions en étaient encore à leur phase de développement. Ils étaient fabriqués à base de bois et les ailes étaient en toile. Le tout était tenu par des fils ressemblant à des cordes de piano.
Environ 22 000 aviateurs canadiens ont servi pendant la Première Guerre mondiale, dont au moins 252 du Nouveau-Brunswick. Plusieurs d’entre eux avaient grandi dans des petites communautés rurales.
Ils n’ont pas seulement combattu dans le ciel de France ou de Belgique. Certains ont volé en Italie, en Russie, en Macédoine, en Égypte ou en Palestine, raconte M. Wilson.
M. Wilson a eu recours à des sources primaires, comme les lettres ou les dossiers de ces pilotes. Son but était de raconter la vie de ces aviateurs provenant des secteurs ruraux du Nouveau-Brunswick. «Il est important de se souvenir qu’ils ont apporté une grande contribution à un effort de guerre de plus en plus grand.»
Tim Cook, historien principal au Musée canadien de la guerre, dit que la guerre aérienne était relativement nouvelle. Au début, c’était plutôt emballant pour les pilotes, mais la guerre a vite évolué. Les combats ameutaient plusieurs dizaines de pilotes qui cherchaient à obtenir la maîtrise du ciel.
Si ces «chevaliers du ciel», comme on les surnommait alors, ont retenu l’attention du public, le Pr Cook estime que les avions de reconnaissance, souvent plus petits et plus lents, ont plus aidé les troupes au sol, figées dans la boue. Les pilotes de ces appareils devaient photographier le front, procurant des renseignements cruciaux au commandement, à l’artillerie et à l’infanterie.
Selon M. Wilson, l’un des plus intéressants aviateurs était le commandant Albert Desbrisay Carter, un diplômé de l’Université de Mount Allison. Il était né dans le comté de Westmorland, près de la Nouvelle-Écosse, le 3 juillet 1892.
Le 31 octobre 1916, le pilote Carte a obtenu ses deux premières victoires à l’est d’Ypres, dans les Flandres. Dans son rapport, cité par M. Wilson, il décrit le combat.
«J’ai plongé sur les trois avions ennemis. J’en ai choisi un et me suis dirigé verticalement vers lui. Quand je suis arrivé à 10 verges de lui, j’ai dû me redresser pour ne pas m’écraser. J’ai tiré plusieurs salves vers les sièges du pilote et de l’observateur à 150 verges jusqu’à ce que je me redresse. J’ai n’ai pas vu ce qui est arrivé à l’avion ennemi quand nous avons approché le sol.»
Au cours du conflit, l’officier a abattu 28 avions allemands avant d’être fait prisonnier le 19 mai 1918.
Et même dans un camp de prisonniers, il a continué le combat. Un de ses amis, le capitaine Suart Bell, de Saint-Jean, raconte que le commandant Carter réclamait que les officiers britanniques soient mieux traités.
«Et les Allemands lui ont fait comprendre qu’il était maintenant en Allemagne et qu’il ferait mieux d’obéir à ce que lui disait, rapporte le livre. Le commandant Carte a répliqué que c’était la raison pour laquelle le monde entier s’était ligué contre elle. Il les a accusés d’être dépourvus du sens de l’honneur et ne de pas respecter les traités. Les Allemands l’ont enfermé et nourri au pain sec et à l’eau pendant trois jours.»
Âgé de 27 ans, M. Carter a survécu à la grippe espagnole. Il s’est tué lorsque son appareil s’est écrasé lors d’un exercice, le 22 mai 1919. Il est enterré dans un cimetière en Angleterre.
Un autre de ces remarquables pilotes est le lieutenant Alfred Belliveau de Fredericton. Il a amorcé sa formation d’aviateur à Shoreham, en Angleterre, en pilotant un Maurice Farman à deux places, un appareil qu’il jugeait stable et facile à manier. Il a terminé en tête de sa classe de pilote de chasse à Turnberry, en Écosse, où il réalisait des cascades aériennes.
«On se bat comme des chiens dans des duels, mais on utilise nos appareils photographiques plutôt que nos mitrailleuses. Les caméras sont synchronisées avec les hélices, comme nos armes l’étaient. On peut photographier nos adversaires», écrivait le pilote acadien dans son journal.
M. Wilson reconnaît que les Néo-Brunswickois n’étaient qu’une minorité parmi les pilotes, mais leur contribution a été immense.
«Il n’y avait jamais eu d’avions de combat auparavant. Ils ont été les pionniers d’un nouveau type de guerre. Ils ont réalisé de grands progrès. À la fin du conflit, les appareils et le rôle des forces aériennes avaient grandement progressé.»