Visite au cœur du royaume de la tomate

AGRICULTURE.  Elles sont là par milliers, mûres et prêtes à cueillir. Jour après jour, l’année durant. La Cerizo, la Cocktalio et la Beefsteak. Les reines de nos salades et de nos sandwichs. Les tomates Savoura de Saint-Étienne-des-Grès.

En activité depuis 2007, la serre de cinq hectares du plus important producteur de tomates du Québec demeure un lieu relativement confidentiel auquel L’Écho a eu exceptionnellement accès. « Ici à Saint-Étienne-des-Grès, on produit environ 2 millions de kg de tomates par année », révèle Richard Dorval, vice-président à la production chez Savoura et guide improvisé lors de notre passage.

Trois variétés de tomates y sont cultivées : la classique Beefsteak vendue en vrac à l’épicerie, la tomate cocktail et sa petite sœur, la tomate cerise, toutes deux commercialisées dans un emballage en plastique recyclé. « Tout est empaqueté ici sur place et entre la cueillette sur le plan et son arrivée sur le présentoir à l’épicerie, il ne se passe pas plus de 24 à 48 heures », signale-t-il.

Dans quelques semaines, la totalité de la serre sera vidée de ses milliers de plants alors qu’ils auront atteint leur durée de vie moyenne, soit onze mois. « On vide absolument tout. On nettoie, on désinfecte tous les endroits pour s’assurer d’éradiquer les maladies et les insectes qui auraient pu s’introduire. On va recevoir nos nouveaux plants en août et ils vont commencer à produire leurs premières tomates en octobre. Et on va les garder jusqu’en juillet prochain avant de tout recommencer », souligne Richard Dorval.

Parce que Savoura possède douze sites au Québec, dont certains produisent les mêmes variétés de tomates qu’à Saint-Étienne-des-Grès, cette absence de production de quelques semaines ne se répercutera pas dans les épiceries de la province.

Les nouveaux plants qui arriveront dans quelques semaines en provenance d’un producteur de l’Ontario mesureront à peine 30 cm (1 pied) et seront insérés dans un substrat de noix de cacao et alimentés individuellement en eau – jusqu’à 3 litres par jour – et en solutions nutritives. Éclairés 18 heures par jour, les fruits s’épanouiront dans cet environnement aux paramètres (alimentation, chauffage, aération, etc.) contrôlés par ordinateur.

Des plants de 50 pieds

« Les tomates ont besoin de faire dodo sinon, elles seraient trop stressées et finiraient par ne plus pousser. Ici dans la serre, les plants vont croître entre 20 et 30 cm par semaine, dépendamment de la variété. Lorsqu’on va les retirer dans quelques semaines, les plants de tomates cerises mesureront entre 30 et 50 pieds », poursuit le vice-président à la production chez Savoura.

Au moment de la visite de L’Écho, la musique latine résonnait dans les haut-parleurs à l’intérieur de la serre, le signe le plus manifeste de la présence de travailleurs étrangers sur place. Sur un total d’une quarantaine d’employés, environ les trois quarts proviennent du Guatemala et du Mexique. « Nos travailleurs latinos sont très importants pour nous, mais ici à Saint-Étienne, on a cinq employés locaux qui travaillent ici depuis plus de dix ans », note Richard Dorval.

Même si Savoura commercialise des tomates bio, celles produites en Mauricie sont cultivées de façon conventionnelle. Construite il y a près de 20 ans, la serre de Saint-Étienne-des-Grès est encore performante même si comparée aux plus récentes, son volume de production est beaucoup moindre. « Plus les serres sont récentes, plus elles sont productives. Certaines de nos installations sont en mesure de produire environ 100 000 kg de tomates par semaine. »

Installée à proximité du site d’enfouissement de Saint-Étienne-des-Grès, la serre ne pourrait être agrandie, faute d’espace. « Ici en Mauricie, l’objectif de Savoura, c’est de garder nos infrastructures à jour. On investit donc dans l’éclairage, les façons de cultiver pour améliorer nos performances », conclut Richard Dorval.