Une sculpture en hommage au peuple Magoua
PATRIMOINE. Peut-être le début d’une forme de reconnaissance que refusent de leur accorder les autorités, les résidents de la Petite Mission Yamachiche d’ascendance Magoua auront bientôt une sculpture pour les représenter.
Le prolifique artiste Claude Des Rosiers est à terminer ces jours-ci une œuvre représentant un ours dans le Parc Yamariloup à Yamachiche. L’endroit est symbolique puisque bien avant d’être un parc municipal, c’est là que les Magouas se rassemblaient pour tenir des activités communautaires comme des courses de poneys par exemple. Dans la langue algonquine, nation amérindienne à laquelle ils se revendiquent, magoua signifie ours.
« C’est une sculpture en leur hommage », explique Claude Des Rosiers qui, comme bien des gens de la Mauricie, avait déjà entendu parler des Magouas sans en connaître toute l’histoire cependant. Ils seraient environ 300 résidents du secteur à revendiquer un statut autochtone qui ne leur est pas reconnu à ce jour.
« Les gens plus âgés qui viennent me voir travailler sont contents. Ce sont des gens discrets et respectueux. Ils me racontent combien ils étaient libres, chassaient dans les champs, pêchaient dans les rivières, marchaient à pied. À l’école, on se moquait d’eux parce qu’ils étaient mal habillés, mais eux, encore aujourd’hui, ils sont fiers de s’identifier comme des Magouas », poursuit Claude Des Rosiers qui aime échanger avec les passants durant le processus de création. « Pour moi, c’est comme participer à un cours d’histoire locale. J’apprends en même temps que je travaille. »
Immortaliser le patrimoine
L’artiste de Charette ne tient plus le compte précis, mais cet ours serait sa 58e sculpture depuis les débuts de sa carrière artistique il y a près de 40 ans. « J’immortalise le patrimoine dans la pierre. Je m’investis autant dans chaque œuvre, qu’il s’agisse faire une Sainte-Vierge ou un ours. Je suis fier de ces symboles-là parce que ça représente notre patrimoine. Ces statues-là sont comme des ambassadeurs. Dans 100 ans, elles seront encore là à faire leur travail. »
Claude Des Rosiers donne en exemple une de ses sculptures réalisée il y a vingtaine d’années à Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix. « Elle était dans un camping qui est fermé depuis une dizaine d’années. En fin de semaine dernière, elle a été déplacée à proximité, sur le terrain d’une auberge de jeunesse. C’est juste pour dire que les sculptures changent quelquefois de vocation. Elles déménagent, mais font toujours leur travail. »
L’artiste a toujours œuvré en dehors des circuits institutionnels dans le milieu artistique mauricien. « Ça a commencé quand j’étais à l’UQTR. On travaillait le calcaire qui était considéré comme une pierre de pratique. Ce n’était pas considéré comme une matière noble. Mais moi, je suis tombé dans le calcaire et je n’ai jamais arrêté depuis », raconte Claude Des Rosiers dont les œuvres se retrouvent un peu partout au Québec (Charlevoix, Laurentides, Montréal et Lanaudière), au gré des endroits où il a habité avant de revenir dans sa Mauricie natale.
« Dans le milieu de la sculpture, la mode était aux assemblages, aux mix médias avec différents éléments comme des tiges d’acier et plein de choses comme ça. Moi, j’aime me définir comme un puriste de la pierre. J’ai fait mon combat là-dedans et je le continue, en dehors des subventions et des bourses », termine l’artiste.
L’œuvre de Claude Des Rosiers sera officiellement inaugurée au début de l’automne.