Un regard tourné vers les autres

CULTURE. Isabelle Boulay, Patrice Michaud, Roxane Bruneau, Paul Daraîche, Laura Niquay et Jeannot Bournival promettent de veiller tard, le 6 octobre à l’Amphithéâtre Cogeco, lors d’À coucher dehors, un spectacle axé vers la sensibilisation à la réalité de l’itinérance.  

À compter de 20h, les spectateurs issus de toutes les classes sociales pourront apprécier les rythmes musicaux des artistes de renommées qui interprèteront non seulement leurs compositions, mais aussi des poèmes des gens de la rue.

« Ces poèmes-là ont permis à plusieurs personnes de s’affranchir, de se retrouver dans des ateliers de poésie, d’écrire, de se retrouver avec un livre dans les mains et par la suite avoir la fierté d’avoir été auteur », souligne Jeannot Bournival, l’idéateur de l’événement.

Dans une démarche d’inclusion, À coucher dehors célébrera la conciliation et l’inclusion sociale dans un esprit d’unité et partagera la scène pour transmettre un message de solidarité.

« J’ai constaté que lorsqu’on passe à coté de quelqu’un qui quête et que pour éviter le problème, on choisi de ne pas le regarder dans les yeux, c’est de mettre une barrière entre nous et lui ». Cette barrière, il compte bien la démolir et brique par brique, se rapprocher de son prochain. « L’égalité du regard, je pense que tout le monde l’a mérite », témoigne-t-il. 

Uni par le mauvais temps

Il y a deux ans, l’auteur-compositeur-interprète et producteur de Saint-Élie-de-Caxton, Jeannot Bournival a donné un coup de main à un ami qui organisait un festival à Montréal. L’un des événements du festival avait lieu le premier jour de l’année et la pluie était manifestement invitée à célébrer. Le public se faisant rare à cause de la température, M. Bournival s’est rapidement retrouvé à festoyer avec des personnes qui ont choisi d’être sous la pluie devant un spectacle plutôt que sous la pluie à un autre endroit.

« J’ai fêté le jour de l’An avec des gens de la rue. On était toute la gang détrempée et on faisait tous dur. Alors c’est comme si je me suis fondu dans l’environnement et plusieurs d’entre eux m’ont pris pour l’un des leurs et ça m’a vraiment touché. Ça m’a amené à beaucoup réfléchir à notre relation. Moi le soir, je rentrais à l’hôtel et eux me disais qu’il allait falloir danser beaucoup parce qu’il allait faire froid. »

L’égalité : un puissant levier social

« J’ai constaté que souvent on a un malaise lorsqu’on croise les gens de la rue », dit l’artiste. « On a tous besoin de se retrouver ensemble pour se comprendre […] Il faut autant que la personne de la rue se rapproche du commerçant qui a de la difficulté à vivre avec, qu’il faut que le commerçant, le policier et la communauté acceptent sa présence. »  

Pour établir ce lien, M. Bournival a d’abord souhaité faire une exposition de photos représentants des personnes en situation d’itinérance. L’objectif de cette galerie d’art vivante aurait été de poser le même regard sur les clichés esthétiques que sur leur sujet ambulant. « C’est comme une façon de redonner la beauté et la dignité humaine à ces gens-là. On peut créer en photographie une œuvre d’art magnifique et agréable à regarder d’un sujet qui est très difficile, voire même, à la limite de la laideur », explique-t-il. 

Pour Jeannot Bournival, « À coucher dehors est un projet tentaculaire ». Il désire que l’initiative se reproduise à chaque année, qu’elle voyage à travers le Québec et que la formule se multiplie à la télévision, au cinéma et sous forme de Balado.

« Le 6 octobre, c’est la dernière date où l’amphithéâtre diffuse à l’extérieur, parce qu’après ça il fait trop froid. Alors, on va s’amener une petite laine et se réchauffer les uns et les autres en passant du temps ensemble avec le plus d’ouverture d’esprit possible et participer à une humanité meilleure », lance-t-il en guise d’invitation.