Un receveur de sang reconnaissant envers les donneurs

SAINT-ALEXIS-DES-MONTS. Si de plus en plus de gens recourent aux banques alimentaires pour manger à leur faim, c’est plutôt vers les banques de sang que Daniel Grenier se tourne pour remettre à flot ses vaisseaux sanguins.

Le directeur des ventes de la Pourvoirie du Lac Blanc, à Saint-Alexis-des-Monts, était dernièrement le porte-parole d’une grande collecte de sang à Trois-Rivières. S’il a rapidement acquiescé à la demande d’Héma-Québec, il ne faisait en fait que retourner l’ascenseur de son propre avis. « Personnellement, j’estime avoir eu recours à environ un millier de transfusions sanguines dans ma vie », souligne-t-il.

Daniel Grenier est en fait atteint depuis son tout jeune âge de la maladie de Rendu-Osler-Weber, un trouble héréditaire qui se traduit habituellement par des saignements de nez répétés. « Ce sont des malformations artérioveineuses. Mon grand-père maternel avait ça et il l’a transmis à quatre de ses filles, c’est-à-dire mes tantes. Moi je l’ai, tout comme mon frère et ses deux filles, et on a plusieurs cousins et cousines qui vivent avec ça. Je suis conservateur, mais juste dans notre famille, on doit avoir eu entre 5000 et 6000 transfusions sanguines à cause de cela », poursuit-il.

L’analogie avec les banques alimentaires et les banques de sang vient de Daniel Grenier lui-même. « Quand les comptoirs alimentaires manquent de denrées, c’est les gens dans le besoin qui souffrent. C’est pareil pour les collectes de sang, si les gens en donnent moins, il y a des personnes qui vont en manquer. Personnellement, c’est arrivé à quatre ou cinq reprises dans ma vie où il n’y avait pas assez de sang pour mes besoins. Dans ce temps-là, tu te remontes par toi-même, mais je trouve ça inquiétant des fois », note celui qui a le malheur, par-dessus sa maladie, d’avoir un sang de type O négatif, soit le plus rare des groupes sanguins (7% de la population).

Dans ses épisodes extrêmes, Daniel Grenier pouvait remplir cinq à six bols à salade de mouchoirs gorgés de sang avant que l’hémorragie ne cesse. « Dans ce temps-là, tu perds tellement de sang que tu fais un choc vagal, c’est-à-dire que tu perds. La seule beauté de ça, c’est que ça arrête de saigner automatiquement », poursuit le directeur des ventes de la Pourvoirie du Lac Blanc.

Il y a quelques années, Daniel Grenier s’entraînait dans un gym lorsque des saignements du nez ont débuté. « J’étais au vestiaire et trois gars se sont approchés de moi pour me demander comment ça allait. Ils m’ont raconté qu’il y a longtemps à La Tuque, il y avait un homme qui saignait du nez comme moi et que quand ça arrivait, ils étaient appelés pour aller donner de leur sang directement à l’usine où il travaillait ou à la maison quand il était chez lui. J’ai demandé :  »Est-ce qu’il s’appelait Paul Lavoie votre gars parce que c’est mon grand-père? » Et quand j’ai vu les yeux des gars, j’ai su que c’était lui. Je leur ai fait un gros colleux et les remerciant parce que dans ce temps-là, ça n’existait pas Héma-Québec. »

Au fil des années et des épisodes d’hémorragie, Daniel Grenier a développé des trucs. « De 30 ans à 50 ans, j’avais besoin de 40 à 50 transfusions par année. Mais depuis 6 ou 7 ans, j’en ai eu besoin d’une vingtaine seulement. Quand ça arrive maintenant, je me couche sur le côté du côté du cœur, ça aide pour faire coaguler le sang. »

C’est la première fois que Daniel Grenier s’implique dans la promotion du don de sang. « Ma mère et mes tantes étaient impliquées à La Tuque dans les collectes de sang. Par mon témoignage, je veux veux sensibiliser les gens que c’est important de donner du sang. C’est la première fois que je le fais, mais assurément que ça ne sera pas la dernière », promet-il.