Réfléchir l’identité « Atika-bécoise »

CULTURE. L’artiste Sonia Basile-Martel présente du 7 juin au 7 juillet à la petite Place des arts de Saint-Mathieu-du-Parc sa toute première exposition solo « Revenir de loin – Warowik e otciteian » qui propose une réflexion sur l’identité métissé entre la culture atikamekw et québécoise. 

Le moteur créatif de l’exposition de Sonia Basile-Martel se présente comme étant la réconciliation de ses deux cultures natales. « Moi je suis Atikamekw et Québécoise, puis il y a eu le mouvement de réconciliation et de vérité par rapport aux pensionnats. C’est ma mère qui l’a vécu, ce n’est pas moi, mais le fait que j’ai été témoin de ces répercussions-là m’a amené à me demander : moi en tant que génération suivante, comment je peux mettre ça en pratique? », raconte-t-elle.

L’artiste poursuit « je me suis aussi demandée c’est quoi la vérité qu’on cherche? C’est quoi la réconciliation? Je crois qu’avant d’avoir l’ambition de se réconcilier avec tout le monde, entre peuples, je pense qu’il y a une guérison identitaire à aller chercher en partant de soi ».

C’est ainsi que dans le cadre de « Revenir de loin – Warowik e otciteian », Sonia Basile-Martel explore le processus de guérison et son identité profonde. « L’identité a toujours été ma plus grosse question existentielle étant donné que je viens de deux cultures différentes. On est confronté à un moment à se dire : est-ce que je dois faire le choix entre l’une ou l’autre? Puis c’est quoi les conflits qui existent entre les deux, puisque automatiquement ces conflits sont comme à l’intérieur de moi-même. Alors l’idée c’est de faire la paix avec ça ». Par conséquent, l’artiste se décrit comme « Atika-bécoise » et elle présente son métissage comme étant sa plus grande richesse. 

L’artiste utilise divers symboles et emblêmes pour exprimer sa réflexion comme l’eau, le ciel, la forêt et la plume. On remarque également que dans son travail, Sonia Basile-Martel joue grandement avec des contrastes d’ombres et de lumière.

Les œuvres de son exposition allient divers médiums artistiques comme la photographie, la peinture et l’installation. Les matériaux iridescents apparaissent également comme étant une matière d’inspiration qui lui vient de ses enfants. « C’est vraiment un mixte de plein de choses, un peu comme les émotions peuvent être plusieurs chemins, bien c’est un peu ça que j’essayais d’exprimer à travers plusieurs médiums ».

Des enjeux universels

L’artiste aborde divers questionnements dans le cadre de son exposition. « Quelqu’un qui est allochtone qui va aller voir l’exposition va comprendre. Les notions de deuil puisque c’est quelque chose qui appartient à tout le monde. D’explorer ça, de voir à travers quoi on passe, les matériaux peuvent aussi venir exprimer ça ». En explorant également des sentiments tels que la souffrance, le bonheur et l’amour, l’artiste souligne le caractère universel et rassembleur de ces émotions.

La carrière multidisciplinaire

De la scène à l’art visuel, Sonia Basile-Martel est une artiste multidisciplinaire qui a complété une maitrise dans le domaine. Depuis le commencement de ses études en art, sa démarche artistique s’est orientée autour de la quête identitaire, que ce soit en tant que « Atika-bécoise », femme ou maman.

Pour ses projets futurs, l’artiste souhaite faire œuvre utile en développant des projets auprès des jeunes où l’art devient un moyen de communication. « Ça fait partie de mes ambitions futures de me servir de l’art comme médiation pour créer des dialogues pour que les jeunes aient un outil pour s’affirmer eux aussi. S’exprimer de façon peut-être légère, mais qui va finir par devenir une trace du présent », conclut-elle