Les émotions comme moteur créatif
CULTURE. L’artiste multidisciplinaire Suzanne Trépanier présentera dès le 9 février prochain à la petite Place des arts de Saint-Mathieu-du-Parc son exposition Loin en dedans qui présente l’art comme pouvant être libérateur d’émotions profondes.
La prémisse de son exposition a pris racine alors qu’elle ressentait un trop-plein d’émotions négatives. « Un moment donné, je n’étais vraiment pas bien. J’avais des émotions douloureuses et j’avais besoin de m’en libérer. Je ne savais pas trop comment faire. Spontanément, je suis allée dans mon atelier et j’ai pris du papier, du carton, toute sorte de choses et je me suis mise à fabriquer quelque chose qui est devenu comme un cœur, la forme d’un cœur. Puis je l’ai déchiré. Tout ça, c’était très émotif. Ça m’a fait du bien de faire ça », témoigne Suzanne Trépanier.
Elle raconte l’avoir ensuite laissé reposer pendant quelques heures, pour finalement le réparer, le recoudre. « Je me suis dit à ce moment-là qu’il y a peut-être des gens qui ne savent pas que ça peut faire du bien de faire ça. Peut-être que ça serait bien que je partage ça et que je propose aux autres de l’essayer. Donc dans l’exposition, il y a des cœurs accrochés partout et les gens vont pouvoir en faire ». L’exposition Loin en dedans sera ainsi évolutive considérant que le public sera invité à y prendre part.
L’artiste a pour thème central la mémoire affective et l’utilisation des arts pour exprimer les émotions. Un caractère très instinctif est ainsi identifiable dans sa démarche. « J’aime parler de l’intime, de ce qui est enfoui. Les arts, ça peut être thérapeutique, dans ce cas-là, ça l’a été pour moi », souligne-t-elle.
Suzanne Trépanier laissera à la disposition du matériel de création afin que le public puisse créer des œuvres à partir d’émotions profondes. « Mon plus grand souhait avec l’exposition c’est que ce soit ouvert à tous, puis que les gens se rendent compte qu’eux aussi peuvent utiliser ce moyen d’expression-là ».
De la danse au maquillage
Suzanne Trépanier a été interprète en danse contemporaine pendant 25 ans. Elle a travaillé avec quelques compagnies de danse, notamment à Montréal et Vancouver, l’amenant à collaborer avec des artistes de grande renommée comme Danièle Desnoyers et Margie Gillis. « J’ai été vraiment privilégiée. J’ai fait beaucoup de tournées internationales, surtout en Europe. Ça, c’était ma première carrière si on veut, puis quitter le monde de la danse, ça n’a pas été facile », admet l’artiste.
« Quand j’ai quitté la danse, je cherchais un métier où je serais près des gens. En danse, on est très proche des autres… On ne peut pas être plus proche que ça, on se touche littéralement. Puis j’avais envie de rester dans un métier où j’aurais un contact proche et intime avec les gens ». C’est ainsi qu’elle fit une transition dans l’univers du maquillage pour les arts de la scène.
Elle a débuté comme maquilleuse aux côtés de son ami Angelo Barsetti, artiste maquilleur bien connu en théâtre, qui l’a donc introduit à ce milieu. Suzanne Trépanier a poursuivi et a travaillé comme maquilleuse en théâtre, pour les arts de la scène, à la télévision, au cinéma et également en cirque. Elley oeuvre depuis maintenant 23 ans.
L’omniprésence des arts visuels
« Les arts visuels ont toujours été là, dans le sens que même toute jeune, je faisais des cours de poterie, des cours de tapisserie. J’ai toujours aimé ça. Puis pendant ma carrière de danseuse aussi je suivais des cours de peinture et de dessin ». On comprend alors que Suzanne Trépanier a toujours eu une acuité pour les arts.
Par ailleurs, elle découvrit à l’âge adulte la sculpture via la manipulation d’argile. « La sculpture c’était encore plus facile pour moi, ça me plaisait énormément… Éventuellement, je me suis inscrite à un certificat en arts plastiques à l’UQAM pour pouvoir développer ça ».
« Je me souviens même quand j’étais à la maternelle, ce que je préférais c’étaient les bricolages. C’est vraiment mon mode d’expression. Ça a toujours été la façon de m’exprimer ». L’exposition Loin en dedans de Suzanne Trépanier se veut également une manière de s’affranchir d’émotions profondes. À voir à la petite Place des arts de Saint-Mathieu-du-Parc du 9 février au 3 mars.