L’église de Louiseville fait face à plusieurs défis
PATRIMOINE. L’église Saint-Antoine-de-Padoue de Louiseville paye le prix des travaux de restauration et de mise au niveau souvent négligés ou reportés, ce qui engendre des coûts de réparation dépassant les budgets des municipalités.
» Nous attendons à la dernière minute pour tout faire d’une façon urgente et complète, ce qui explique les coûts très élevés « , déplore Richard Brown, marguiller de l’église.
» Certes, il y a des églises qui existent depuis plusieurs décennies et qui sont en bon état. Cela s’explique par la rénovation et la maintenance faites en continu. Notre magnifique église a eu droit à peu d’entretien depuis les années 1980. Donc, 40 ans plus tard, on est face à une situation où il faut quasiment tout changer « , explique-t-il.
Le contexte a aussi changé, car auparavant cette église accueillait quatre messes pleines tous les dimanches, avec la présence de 4800 personnes au total. Selon M. Brown, le nombre de fidèles présents aujourd’hui rend difficile de justifier un grand budget de réparation tel que 350 000$.
Il rappelle que les églises de la région étaient historiquement » pour et par la population locale « . Cependant, la réalité d’aujourd’hui pousse les responsables de ces lieux historiques à penser à les privatiser. » C’est peut-être le pire des scénarios, car on met tout ce patrimoine aux mains de quelques individus. Pourtant, ceci demeure un moindre mal par rapport à assister à la disparition du lieu « , estime-t-il.
Une église tout usage
Le marguiller de Saint-Antoine-de-Padoue propose que les grandes églises déposent d’un plan d’affaires permettant des usages cohérents du lieu, ce qui enlève le fardeau qui pèse sur les budgets des petites municipalités.
» L’équation financière n’est jamais évidente. Il faut avoir plusieurs usages de ces lieux pour s’adapter à la situation d’aujourd’hui « , croit M. Brown.
Pour ce faire, l’équipe de vie communautaire de l’église a accueilli, le 14 août dernier, un concert musical dans lequel les organisateurs ont amassé une somme dépassant les 26 000$. Ce montant a été par la suite transféré au Fonds Gérard-Morin pour aider les sinistrés de la communauté, après les inondations qui ont frappé la ville le 9 août.
Un autre concert musical s’est déroulé, le 14 septembre, cette fois pour amasser des dons pour la rénovation de l’église. La vente de billets et les dons collectés ont permis aux organisateurs d’amasser 1415$, qui ont été déposés dans le fonds réservé aux travaux de rénovation de l’église.
Un nouvel événement culturel a déjà trouvé place dans l’agenda de l’équipe du comité de la vie communautaire avec l’accueil du groupe Polaris Quartet le 15 décembre prochain. Ce spectacle pourrait remplir le fonds réservé aux rénovations de l’église avec un montant dépassant les 7000$ selon les estimations des organisateurs.
» L’église pourrait aller de l’avant en accueillant plus de concerts-bénéfice pour aider la communauté. Si d’autres organismes veulent organiser de tels événements, nos portes seront grandes ouvertes « , précise M. Brown.
Des visites guidées ont été organisées, l’été dernier, pour faire découvrir à la population et aux touristes la richesse de l’histoire et de l’architecture de l’église. » Les gens faisaient des dons pendant ces visites. En plus de l’aspect monétaire, ce geste plus que symbolique illustre la bonne relation entre les Québécois et leur patrimoine « , selon le marguiller.
Un lieu de mobilisation citoyenne
À la suite des inondations, l’Église Saint-Antoine-de-Padoue a transformé une de ses salles en un refuge aux sinistrés, notamment ceux qui habitaient en sous-sols et qui ont tout perdu.
Une entente est en préparation entre et l’école primaire de Louiseville et l’église dans laquelle les salles de cette dernière seront au service de l’école en cas d’autres incidents.
» Nous négocions aussi avec la Ville pour instaurer un centre d’urgence à l’église pour accueillir par exemple les gens qui seront coincés, comme c’était le cas lors de dernières années, après de grandes tempêtes forçant la fermeture de l’Autoroute 40 au niveau de la ville « , ajoute Richard Brown.
Cet hiver, une rencontre publique sera organisée afin de déposer un projet d’énoncé d’intention concernant les premiers travaux de rénovation en 2025. Ces derniers débuteront par mettre à jour le système de chauffage pour respecter les nouvelles mesures énergétiques par le gouvernement du Québec permettant aux organismes concernés de bénéficier des subventions provinciales.
» D’ici l’automne prochain, nous comptons investir environ un million de dollars pour la rénovation de l’église « , conclut-il.