Le succès florissant d’Anne-Marie Duquette
CHARETTE. L’autrice de Charette, Anne-Marie Duquette a remporté lors de la remise des prix Arts Excellence de Culture Mauricie le prix Création en littérature pour son deuxième roman Les fleurs sauvages n’ont de sauvage que le nom. Elle est également finaliste pour le Prix littéraire France-Québec 2024.
Ces distinctions ont grandement surpris l’écrivaine. Elle souligne être particulièrement touchée par la reconnaissance du milieu artistique mauricien. « Ça m’a vraiment jetée à terre! Je ne m’y attendais pas du tout. C’était un drôle de moment où mon bébé avait été super malade. J’avais passé la semaine à le tenir dans mes bras. Il faisait 40 de fièvre. Donc c’était surréel d’aller à la remise de prix. Je suis restée estomaquée », ricane-t-elle.
« C’est aussi très flatteur de voir que le milieu mauricien est autant à l’écoute. Puis je suis quand même mauricienne d’adoption donc ça m’a vraiment fait chaud au cœur d’être accueillie de cette façon-là… Puis je ne peux pas m’empêcher de croire que puisque la Mauricie valorise beaucoup ses auteurs et autrices, ça contribue au fait que je suis vue et vendue ».
Son livre Les fleurs sauvages n’ont de sauvage que le nom suit le personnage de Gamin, jeune homme neurodivergent, qui après que les femmes de sa vie l’aient quitté, se tournera vers la forêt pour trouver de nouveaux repères. Ce protagoniste affichant une différence est finalement imperméable aux normes sociales.
La prémisse de son roman a germé lors de la lecture de Le Bruit et la Fureur de l’auteur américain William Faulkner. Ce livre présente le récit de plusieurs personnages sur un certain de nombre de pages. « Le premier personnage du livre s’appelle Benjamin et c’est un fou, un peu comme mon Gamin. J’avais vraiment halluciné d’être dans sa tête. J’avais adoré ça. Ça ouvrait vraiment des possibles pour moi que rien d’autre ne pouvait ouvrir. Au bout de 100 pages quand on a changé de personnage, je me suis sentie trahie et j’étais vraiment très déçue. Ce personnage-là m’a habitée pendant longtemps et des années plus tard, je me suis dit »qu’est-ce qui m’empêche de l’amener plus loin ce personnage-là? » Alors je l’ai fait mien », raconte Anne-Marie Duquette.
Bien que l’inspiration première soit issue de cette œuvre littéraire, l’autrice souligne s’être assurée de s’en être distanciée. « J’ai aussi beaucoup de curiosité pour cette forme d’intelligence et cette forme d’être au monde qu’on les gens qu’on nomme neuro-atypique », affirme-t-elle.
Par ailleurs, l’autrice mentionne avoir finalisé l’écriture de son livre entre son déménagement de Trois-Rivières vers Charette. « Lors de cet automne-là, je retravaillais mon livre dans mon bureau de ma nouvelle maison, puis j’entendais des coyotes dans la forêt, puis je me disais »ah, il faut que je mette des coyotes dans mon livre ». Donc il y a un peu de Charette dans la forêt de Gamin ».
Anne-Marie Duquette complète actuellement son doctorat en littérature à l’UQTR et agit à titre de directrice littéraire à la revue de création littéraire Le Sabord. En ce qui concerne l’écriture d’un prochain roman, l’écrivaine relève être dans une période d’imprégnation. « J’ai des idées futures en moi, mais l’écriture pour moi c’est un geste long et lent. Tout va vite dans ma vie. L’écriture pour moi est au rythme de la nature avec des périodes de floraison et de dormance, puis c’est correct, il faut que je respecte ça ».