Inspiré par le patrimoine industriel

CULTURE. Le Caxtonien Frédéric Boisclair travaille à mettre sur pied une performance audiovisuelle inspirée des industries de Shawinigan, notamment la Belgo.

La prémisse du projet se veut une performance alliant projection et prestation musicale qui s’inspire des industries. Étant omniprésentes dans le paysage de Shawinigan, ville natale de l’artiste, celles-ci l’ont toujours fasciné pendant sa jeunesse. Ainsi, Frédéric Boisclair s’intéresse tout particulièrement à l’impact que ces industries ont eu sur les communautés en Mauricie, sur le mode de vie des Premières Nations et sur la nature en général.

« Je cherchais des choses qui pourraient faire des sons qui pouvaient être intéressants pour travailler pour faire de la musique autour de ça. Je me suis dit que dans ces ruines-là et ces usines-là, c’est rempli de sons et d’images », mentionne-t-il. C’est ainsi qu’il a récolté des sons à même les ruines de la Belgo, notamment dans les bassins filtrants. Il a également travaillé avec des sons recueillis au Parc des chutes, à l’Ancienne-Aluminerie-de-Shawinigan et dans les turbines de la Centrale de Shawinigan-2.

L’artiste s’est aussi déplacé dans certaines usines encore en fonction afin d’y enregistrer des turbines ou autres machines en action. « J’aime la musique qui intègre des sons qui ne sont pas de la musique issue des instruments. Je cherchais une manière de faire ça, puis je cherchais une façon qui m’appartient plus à moi ».

La musique est vraiment en interaction avec le lieu. C’était ça que je voulais essayer de faire. Ça devient un instrument en soi ces ruines-là.

-Frédéric Boisclair

Dans le cadre du projet, beaucoup d’archives visuelles des anciennes industries ont été récoltées. Pour se faire, Frédéric Boisclair a collaboré avec Charles-André Coderre, cinéaste et spécialiste de la projection sur pellicule. « On a enterré certains bouts de pellicule dans la terre qui est assez contaminée à la Belgo. Donc l’acidité a un effet… Ça révèle des choses sur la pellicule qu’on ne pourrait pas montrer autrement », note le caxtonnien.

Le projet comptera également une collaboration avec l’artiste Jacques Newashish. Celui-ci signera une performance impliquant un morceau de bois qui sera filmé par l’instigateur du projet.

Le spectacle à venir

La performance se veut un spectacle qui sera présenté devant public au cours des prochains mois, l’endroit étant à déterminer. La prestation implique 2-3 écrans larges sur scène, avec Frédéric Boisclair au centre en performance musicale. Son acolyte, Charles-André Coderre, animera les écrans avec des projecteurs. « Essentiellement, c’est comme un spectacle de musique, sauf que parfois le focus c’est l’image, parfois le focus c’est la musique. Ce sera vraiment un échange ». Le créateur qualifie d’ailleurs la performance audiovisuelle comme s’apparentant au série B.

Leur prestation pourrait être présentée dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM). Les deux artistes sont actuellement en attente d’une confirmation. Leur souhait serait ensuite de faire voyager leur performance un peu partout à travers la province. « Même si le sujet touche notre région, je pense que ça peut vraiment intéresser plein de monde d’un peu partout puisque c’est une histoire qui existe dans d’autres régions », affirme l’artiste.

Dans un deuxième temps, le duo prévoit créer un court-métrage, un album de musique et possiblement une exposition à partir de cette performance initiale.

Le parcours musical

Frédéric Boisclair est musicien de formation. Il a fait paraitre en 2013 Documenta, son premier album solo en anglais (sous le nom de Fred Woods). À la suite de cette sortie, il a fait de la tournée en Europe, là où il est demeuré quelques années. Désirant explorer davantage la musique expérimentale et francophone, il lance Météo Ciel Bleu en 2019. En plus de sa carrière solo, Frédéric Boisclair crée de la musique pour le cinéma et enseigne la musique au secondaire.