Cinq tonnes de farine par semaine

SAINTE-URSULE. Logée à la même adresse sur la rue Principale à Sainte-Ursule depuis ses débuts en 1940, la Boulangerie Baril a été fondée par Amable Baril et Noëlla Bédard.

Avant que le couple ne fasse cuire ses premiers pains, il faut remonter à quelques années auparavant quand Amable, travaillant pour son frère qui opérait une boulangerie à Sainte-Geneviève-de-Batiscan, fut chargé d’aller livrer du pain chez le médecin du village.

En arrivant à la maison du Dr Grondin, le jeune livreur fut accueilli par Noëlla Bédard, une jeune fille de Pont-Rouge nouvellement engagée pour accueillir les patients du bon médecin. Sans que les deux protagonistes ne s’en doutent à ce moment, le destin venait de poser les jalons qui allaient mener à l’ouverture d’une boulangerie à Sainte-Ursule quelque temps plus tard.

« Dans les premières années, le pain était emballé dans du papier ciré qui était scellé avec un fer à repasser. Ensuite, un livreur allait de porte en porte le vendre aux clients », se rappelle Esther Bergeron, épouse de Réjean Baril qui a commencé à travailler officiellement à la boulangerie en 1965 avec ses parents avant d’en devenir propriétaire par la suite.

Longtemps, la Boulangerie Baril était reconnue dans la région pour son pain, mais aussi pour ses fèves au lard et ses beignes troués. « Les beans étaient livrées dans de gros pots de grès que les gens ramenaient quand ils avaient terminé. C’était très populaire dans le temps », poursuit celle qui a commencé à travailler à la boulangerie il y a plus de cinquante ans.

« On nous informe que M. Amable Baril, boulanger, vient d’acheter la boulangerie qu’il occupait au village de Ste-Ursule, et propriété de M. Alfred Bélanger. « 

–          L’Écho de Saint-Justin / 21 avril 1944

Son mari Réjean Baril, lui, est carrément né à l’arrière de la boulangerie et c’est dans cet univers d’odeurs de pains cuits et de poussières de farine qu’il a grandi et où il œuvre toujours 77 ans plus tard. « Il arrive ici vers 6h30 le matin et il repart vers 10h le soir, 11h même parfois », note Esther, se demandant à voix haute quand est-ce que son mari va se décider à ralentir.

Ça ne paraît pas à le voir courir sur le plancher au milieu de ses employés et répondre à toutes les questions, mais le boulanger de Sainte-Ursule a instauré une nouvelle règle depuis quelques années : pas de cuisson le vendredi. Ce qui ne veut pas dire congé en revanche…

Des pâtes à tarte?

Car le vendredi, c’est la journée réservée pour préparer la pâte à tarte vendue en boule ou étendue dans les assiettes d’aluminium. « Quand mon mari m’a parlé de faire des pâtes à tarte il y a trente ans, je lui ai dit que ce n’était pas une bonne idée parce que toutes les femmes font leur propre pâte, mais je me suis réellement trompée. Elle est très réputée notre pâte à tarte et on en vend partout au Québec », sourit Esther Bergeron.

Quand ils ont pris la relève des fondateurs dans les années 1970, Esther et Réjean Baril ont progressivement amené de nouveaux produits tout en gardant la fameuse recette des fèves au lard Baril. Exit cependant les beignes troués et bienvenues aux beignes fourrés à la crème, aux fraises, framboises, bleuets, caramel, etc. « C’est un de nos produits vedettes. On en vend environ 3500 boîtes – douze par boîte – par semaine », relève-t-elle.

Croûtes à pizza, pizza à la sauce tomates – avec une recette italienne originale -, brioches, carrés aux dattes, trottoirs, shorts cakes, pains à salade, pains à sous-marin, etc. Boulangerie Baril a diversifié son offre au fil du temps et réussi à faire sa place dans les grandes chaînes d’épicerie aux côtés de géants de la boulangerie comme Weston (D’Italiano, Gadoua, Country Harvest, etc.) et Canada Bread (Pom Pom, Bon Matin, Villaggio, Vachon, etc.).

En tout et partout, ce sont environ 240 sacs de 20 kg de farine par semaine qui sont transformés par semaine, soit environ 5000 tonnes de farine…

En dépit de son succès et de sa notoriété qui dépasse les frontières de la Mauricie, la petite boulangerie de Sainte-Ursule, qui emploie une quinzaine de personnes, demeure fondamentalement une entreprise familiale. Aux côtés de Réjean et Esther Baril, on retrouve leurs fils et leurs brus, Dominic et Annick ainsi que Patrick et Chantal, et une 4e génération de Baril commence à mettre la main à la pâte alors qu’Étienne et Antoine y travaillent durant l’été…