Analyse de la connectivité écologique en Mauricie
ENVIRONNEMENT. Environnement Mauricie exécute actuellement une démarche de connectivité écologique pour les secteurs les plus riches de la Mauricie en termes de biodiversité. Ce projet a pour but de consulter et mobiliser les acteurs des milieux en vue d’établir un plan d’action pour la préservation de ces atouts.
La connectivité écologique se résume par l’interaction du territoire et de ses habitats naturels avec la faune et la flore qui l’occupent et s’y déplacent.
« La connectivité écologique, c’est la possibilité pour la faune de se déplacer à travers des milieux naturels, explique le conseiller en milieux naturels à Environnement Mauricie, Raphaël Derriey, responsable de la démarche. Quand on parle de connectivité écologique, on parle des corridors écologiques. Les milieux naturels sont fragmentés, que ce soit par des milieux agricoles ou des milieux urbanisés. La connectivité écologique permet cette connexion entre des noyaux de milieux naturels pour tous les déplacements de la biodiversité. »
Des interventions, qui seront regroupées dans un plan d’action concerté, s’attardent spécifiquement à des secteurs riches en biodiversité.
« Dans le sud-ouest de la Mauricie, on a le Lac Saint-Pierre et le parc national de la Mauricie, plus au nord, qui sont les deux gros noyaux naturels qui existent encore. Notre objectif c’est d’élaborer un plan pour avoir une vision des actions à mettre en place pour faciliter le déplacement des espèces fauniques entre ces deux grands milieux naturels-là. »
En 2021 et 2022, des ateliers de discussion se sont tenues à la travers toute la Mauricie.
« On a rassemblé une quarantaine de participants à chaque rencontre pour discuter des corridors écologiques. Il en est ressorti qu’il y avait une priorité à mettre sur le sud de la Mauricie puisque les milieux naturels sont un peu plus fragmentés. On a mené un plan de connectivité, on vient de terminer la rédaction pour le secteur est entre les tourbières Red Mill et du Lac-à-la-Tortue. Maintenant, on fait l’équivalent pour le côté ouest. Le grand défi, c’est que c’est quand même un territoire assez large qui regroupe plusieurs municipalités de la MRC de Maskinongé, la ville de Trois-Rivières et la ville de Shawinigan. »
Les participants invités aux discussions proviennent du monde municipal, agricole et forestier, notamment, des milieux à mobiliser autour de ces enjeux.
« Pour des municipalités, ça peut être de mettre en place de la planification ou de la réglementation. Pour le milieu forestier, ils ont des plans d’aménagement forestier qu’ils réalisent pour savoir quels arbres il faut couper sur un terrain et quand il faut les couper. Ils peuvent ajouter à ces éléments-là des pratiques qui favorisent la biodiversité comme éviter de faire des coupes dans certaines périodes. Pour le milieu agricole il peut y avoir également des exemples de fauche tardive pour que la faune ne soit pas touchée au moment où elle est le plus sensible, notamment à la ponte des œufs des oiseaux. »
Sur le terrain
Un travail d’observation a été réalisé sur le terrain cet automne. Deux professeurs et quatre étudiants de l’UQTR collaborent au processus. Ils ont recueilli et analysent des données prélevées dans des corridors ciblés.
« On est allé dans les secteurs où les corridors se rétrécissent le plus pour aller confirmer sur le terrain que la faune utilise les corridors écologiques qui ont été identifiés. En septembre, on est allé installer à la fois des caméras, pour voir la grande faune, et des enregistreurs sonores qui entendent les bruits d’oiseaux, y compris les ultrasons, pour les chauves-souris par exemple. On est allé récupérer ces éléments vers la fin du mois d’octobre et l’UQTR analyse toutes ces données. Comme ça on aura un portrait de l’utilisation des corridors par la faune. »
Les corridors écologiques avaient d’abord été identifiés sur la base de l’occupation du territoire par l’analyse de photos aériennes.
« Par exemple une clôture qui est cachée sous des arbres, on ne va pas la voir sur une photo aérienne. Donc, on est allé dans certains secteurs pour caractériser les obstacles, ça peut être le réseau routier, des clôtures ou même des fortes pentes qui, pour certaines espèces, pourraient être des obstacles ou en tout cas, ralentir leur déplacement. »
Un forum interrégional à Trois-Rivières
L’UQTR sera l’hôte d’un Forum interrégional sur la connectivité écologique le 15 février. Des décideurs municipaux et des acteurs du milieu de la conservation et du tourisme des régions de la -Mauricie, de la Capitale-Nationale, de Lanaudière, des Laurentides et de l’Outaouais prendront part à des conférences et des ateliers sur les enjeux de la connectivité écologique, de l’accès aux milieux naturels, du tourisme durable et des défis liés aux changements climatiques et à la biodiversité dans le but d’identifier des pistes d’action et d’élaborer des stratégies pour une intervention concrète et concertée.
« Les études scientifiques identifient la connectivité entre les milieux naturels comme l’une des stratégies fondées sur la nature ayant le plus gros impact pour protéger la biodiversité, souligne la directrice générale d’Environnement Mauricie, Lauréanne Daneau. Les régions de la rive nord du fleuve Saint-Laurent ont la chance d’avoir de grands noyaux de conservation où l’on trouve des espèces telles que des loups, des tortues et des hirondelles qui ont besoin de se déplacer pour se nourrir, se reproduire et s’abriter. Avec les corridors qui relient les milieux naturels, la biodiversité est en meilleure santé et nos collectivités plus résilientes aux changements climatiques. »