Les femmes modernes du Cercle des fermières
SAINTE-ANGÈLE-DE-PRÉMONT. Le Cercle des fermières de Sainte-Angèle-de-Prémont a été frappé de plein fouet par les restrictions sanitaires engendrées par la pandémie. En plus d’avoir dû faire une croix sur le marché de Noël qui leur permet de récolter la majorité de leurs fonds annuels, les femmes du cercle sont privées de leur local et de la proximité entre les membres pour les échanges de savoir. Ces femmes ont donc misé sur la technologie pour faire changer la tendance.
Bien que le Cercle des fermières de Sainte-Angèle possède une page Facebook depuis trois ans déjà, c’est la création d’une boutique en ligne sur le réseau social qui a fait toute la différence pour les artisanes. Grâce à celui-ci, le cercle a fait tout autant de ventes depuis sa création, comparativement à une année où un marché de Noël a lieu. «Sans la boutique en ligne, on aurait fait zéro vente! L’idée première était de continuer à nourrir financièrement notre cercle, alors on s’en est bien tiré!», assure Mireille Côté, secrétaire de l’organisme.
Les trois femmes rencontrées sont catégoriques: la boutique en ligne leur a permis de joindre un tout nouveau public, autrement inaccessible. «Le marché de Noël avait lieu ici à Saint-Paulin, c’était pas mal du local, et le local n’achète pas tant que ça. On vendait surtout des billets pour le tirage d’un panier cadeau contenant des articles des artisanes et autres», explique Nicole Gagnon, présidente du Cercle des fermières de Sainte-Angèle. Depuis l’automne dernier, des achats ont été livrés à Chambly, Lévis, Thedford Mines. «Ce ne sont pas des ventes qu’on aurait faites ici!», assure Mme Côté.
«C’est aussi une vitrine pour nos artisanes qui le veulent, parce que c’est sur une base volontaire. Ce ne sont pas toutes les artisanes qui font partie de la vente en ligne», poursuit Mme Côté. En effet, une dizaine d’entre elles ont fait le pas vers la vente en ligne, sur 51 membres du Cercle. Mme Côté confirme cependant que de nouvelles artisanes exposeront sous peu. Même si les artisanes n’ont qu’un ou deux articles, elles peuvent s’afficher sur la boutique.
L’idée, la création et la gestion de la boutique en ligne reviennent à France Pinard, pour qui la technologie n’était pas étrangère. Elle s’était familiarisée avec la technologie en même temps que ses enfants lorsqu’ils étaient tout jeunes. Par la suite, elle a créé un programme pour son entreprise d’agriculture. Elle était donc la personne toute désignée pour prendre en charge le volet web du Cercle des fermières.
À l’aube de la fête des Mères, l’organisme a également pensé créer des chèques cadeaux qu’on peut se procurer en contactant le Cercle par sa page Facebook. «Les personnes ayant la chance de recevoir un chèque cadeau auront le loisir de choisir elles-mêmes l’article de leur choix dans la boutique». Tuques, mitaines, bas, linges à vaisselle, tabliers, jouets ainsi que plusieurs autres confections artisanales de qualité sont offerts. L’organisme communautaire rappelle que cette initiative s’inscrit parfaitement dans le mouvement de l’achat local.
Une communauté tricotée serrée
Le Cercle de Fermières de Sainte-Angèle-de-Prémont a pour mission l’amélioration des conditions de vie de la femme et de la famille, ainsi que la transmission du patrimoine culturel et artisanal. «Il ne faut pas que ça se perde, il ne faut pas que ça tombe dans l’oubli. C’est trop important», croit Nicole Gagnon. «C’est une richesse culturelle aussi. Ça fait partie de notre folklore. C’est une fierté», ajoute Mireille Côté.
France Pinard a d’ailleurs appris le tissage avec le Cercle des fermières. «C’était mon rêve d’apprendre ça. Le tricot et la couture, par contre, j’avais appris ça de ma mère», dit-elle.
De mon côté, je faisais un peu de tricot, mais le tissage c’est devenu une passion! On a tellement hâte que ça rouvre!», partage Nicole Gagnon avec enthousiasme.
Les Cercles des fermières du Québec existent depuis un peu plus de 100 ans, et celui de Sainte-Angèle célèbre cette année son 45e anniversaire.
«Le mot « fermière » est souvent associé à des gens âgés, à des vieilles qui font juste tricoter, mais on est plus modernes que ça!», lance Mireille Côté. D’ailleurs, leur entraide et leur amitié se sont poursuivies à distance. Mme Pinard a enseigné des techniques de tricot à une membre par la plateforme Zoom, pour lui permettre d’avancer ses projets malgré la pandémie! «À un moment donné, j’étais toute mêlée, je ne savais plus de quel côté m’orienter», lance-t-elle en riant.
«Quand tu fais ça, tu ne penses pas à tes problèmes, tu penses à ce que tu fais, tu veux performer. On aime ce qu’on fait et on est contente, mais on est aussi autocritique», avance la présidente. «Tu as hâte de voir le résultat! J’ai toujours hâte de voir ce que ça donne une fois fini!», poursuit fièrement Mme Pinard.
«Ce sont les arts textiles qui sont notre force, parce que c’est un des mandats du Cercle des fermières, de transmettre ce savoir de génération en génération. C’est justement pour cette raison qu’il faut rappeler que les jeunes femmes sont les bienvenues!», mentionne Mme Côté. «On a quelques membres dans la trentaine. La difficulté est que nos activités se déroulent majoritairement dans le jour, mais ça n’empêche pas d’aller tisser la fin de semaine quand les locaux sont accessibles», assure Mme Côté.
«On a du bon monde et on s’ennuie les unes des autres», disent-elles en cœur. Visiblement, le Cercle des fermières de Sainte-Angèle-Prémont est une belle communauté tricotée serrée.