À 70 ans, il rencontre ses sœurs pour la première fois
ORPHELINAT. À 70 ans, André Auger a rencontré pour la première fois ses sœurs en avril dernier. Lui qui n’a jamais connu ses parents a récemment découvert l’existence de ses quatre sœurs.
M. Auger est un orphelin qui n’a pas été adopté et qui a grandi dans la région. Jusqu’à l’âge de 17 ans, il a résidé dans des orphelinats de l’Église catholique. Pendant longtemps, il n’a pas cherché à connaître ses parents. Il n’aurait peut-être même jamais entrepris de démarches pour retrouver sa mère si ce n’avait pas été de sa femme, Jacqueline. C’est elle qui l’a encouragé à le faire et qui l’a supporté tout au long du processus.
Et ce processus, il a commencé dans les années 80. À l’époque, la loi permettait aux orphelins d’entrer en contact avec leur mère si celle-ci en faisait aussi la demande. Chose que n’a pas faite la mère de M. Auger.
«On en est donc resté là jusque vers 1989 quand la loi a changé, raconte Jacqueline Auger. Ça disait alors qu’un enfant pouvait faire la demande et que la mère serait contactée par la suite pour l’informer du désir de son enfant. En faisant ça, on a appris que sa mère était décédée en 1984 à l’âge de 53 ans. C’était évidemment trop tard pour la rencontrer, alors on a demandé à connaître son nom.»
«Ça me faisait drôle de vivre ça, mais en même temps, ça me faisait vraiment plaisir.» – André Auger
Après une série de recherches, André Auger a finalement appris que sa mère s’appelait Annette Lafrenière.
«J’ai fouillé les archives nécrologiques pour trouver son avis de décès. C’est à partir de là que tout a déboulé, mentionne M. Auger. Au départ, j’ai fait cette recherche pour voir son visage. Je l’ai vu, mais en lisant le petit texte qui accompagne la photo, j’ai aussi vu qu’elle avait quatre filles.»
Mme Auger a alors effectué quelques recherches sur le réseau social Facebook dans l’espoir de retracer les sœurs de son mari. «Il m’apparaissait plusieurs personnes avec le même nom, alors j’avais laissé tomber, mais ça me trottait encore dans la tête», dit-elle.
Une rencontre inespérée
Le samedi matin 20 avril, spontanément, Mme Auger a agrippé sa tablette électronique avec une idée bien précise. Elle a relancé une recherche sur Facebook et a finalement trouvé une Ginette Lafrenière qui semblait être la bonne.
«Je lui ai envoyé un message en commentant une de ses publications, explique Jacqueline Auger. La journée a passé, puis je suis retournée sur la publication le soir pour m’apercevoir que mon message avait été effacé. J’ai donc renvoyé un autre message avec beaucoup plus de détails.»
Et cette fois, la patience et la persévérance de Mme Auger ont porté fruit. Le lendemain, son mari a reçu l’appel de l’une de ses sœurs. «André était ému, se souvient-elle. Ils se sont parlé et ont planifié de se rencontrer dans les heures suivantes.»
Lors de cette première réunion familiale, André Auger a fait la connaissance de deux de ses sœurs. «Ça me faisait drôle de vivre ça, mais en même temps, ça me faisait vraiment plaisir, confie-t-il. Elles sont gentilles et généreuses.»
«Bien entendu, on a parlé de notre mère, poursuit ce dernier. Jamais elles n’ont été au courant de mon existence. Ma mère n’y a jamais fait allusion. Elles m’ont dit que c’était une femme très secrète.»
Un casse-tête presque complet
Les sœurs de M. Auger lui ont aussi dit qu’Annette Lafrenière était une femme très courageuse. «Elle est partie de chez elle à l’âge de 12 ans. Elle s’est retrouvée à Saint-Alexis-des-Monts. Elle avait 16 ans quand elle m’a eu, indique M. Auger. Elle a eu plusieurs problèmes, mais elle s’est reprise en main et elle a élevé seule ses quatre filles.»
Au cours des nombreuses démarches qu’il a traversées pour retrouver sa mère, André Auger a vécu des moments d’hésitation. Mais le voilà maintenant bien heureux d’en être arrivé là où il est maintenant.
«Je me demandais parfois si ce que j’allais apprendre allait vraiment changer quelque chose, explique-t-il. J’ai vécu comme ça pendant 70 ans. Qu’est-ce que ça aurait bien pu changer à ma vie? Eh bien, ce que ça change, c’est que je sais maintenant que j’ai des sœurs que je peux apprendre à connaître.»
«C’est certain que je n’ai jamais pu rencontrer ma mère, mais si j’avais pu, je l’aurais remercié de m’avoir donné la vie. Elle aurait pu se faire avorter, mais elle ne l’a pas fait et j’ai pu profiter de la vie pendant 70 ans», conclut André Auger.
En juin, il devrait connaître le nom de son père grâce à la loi 113, qui est entrée en vigueur l’an dernier. D’ici là, il aura peut-être rencontré ses deux autres sœurs. Du mois, au moment d’écrire ces lignes, une rencontre entre les cinq enfants devait avoir lieu sous peu.