Quand la conscience environnementale rime avec passion
AGRICULTURE. Depuis maintenant 10 ans, Alexandre Guérin est propriétaire de la ferme Prendre Racine située à Charette. L’agriculteur se distingue par ses valeurs environnementales qui teintent l’ensemble de ses activités.
La ferme Prendre Racine compte une pépinière avec plus d’une centaine de variétés de plantes, arbres et arbustes à partir desquelles une gamme de tisanes, épices et fruits séchés sont créés. La pépinière constitue un projet unique qui se distingue par la variété des végétaux cultivés. « C’est une sélection de plantes uniques parce que j’ai autant de l’indigène que des espèces d’ici, ou des plantes comestibles que des plantes médicinales. Tous ces plants-là ne sont pas faciles à trouver dans un centre jardin », raconte Alexandre Guérin.
Le cultivateur produit également un grand éventail de produits maraîchers. « Mes légumes sont notamment vendus à des restaurants de la région, je dirais dans les meilleures de la Mauricie », soutient-il avec fierté. Parmi les principaux restaurants, il y a l’Auberge Saint-Mathieu à Saint-Mathieu-du-Parc, l’Auberge aux Goglus à Saint-Jean-des-Piles et le KiNipi spa nordique et hébergement à Trois-Rivières, en plus de compter plusieurs établissements qui s’approvisionnent de manière sporadique.
Par ailleurs, l’un des produits phares de la ferme est la farine de chêne. « Je suis le seul à en vendre sur le territoire du Québec! Au Canada, je n’en connais pas qui en font non plus ». Cette farine a pour particularité d’être très nutritive et énergétique, agissant presque comme un supplément alimentaire. Elle peut se joindre à une farine de blé dans des recettes de biscuits ou muffin par exemple.
Alexandre Guérin avait entendu parler de la singularité de la farine de chêne, aliment surtout développé en Europe. Il s’inspire donc dans sa conception du produit d’une méthode employée par les premières nations et d’un procédé grec datant de près de 2 millénaires. « Ça fait une des meilleures farines de chêne au monde, j’en suis persuadé! Ce sont des techniques assez complexes qu’on a travaillées au fil des années ». Son procédé implique notamment de sécher, concasser, tremper pendant plusieurs jours, déshydrater et finalement moudre les noix.
« Quand j’ai lancé mon entreprise, je n’avais pas encore de terre agricole, donc je m’intéressais beaucoup à la cueillette sauvage. J’ai donc commencé une cueillette itinérante de noix que je fais depuis une dizaine d’années ». L’agriculteur a aujourd’hui son propre verger d’arbres à noix, mais comme il l’explique, la croissance de ces arbres se fait sur une longue période. « Les arbres à noix produisent sur le très long terme. C’est une vingtaine d’années avant que ça produise pour la peine ». C’est pourquoi il collabore encore à ce jour avec un réseau de cueillette à travers le Québec pour son approvisionnement en noix.
L’environnement comme priorité
C’est initialement la passion qui a mené le propriétaire de la ferme Prendre Racine vers le milieu agricole. « La petite agriculture, moi je suis adepte de ça. Tu ne te lances pas dans l’agriculture si tu n’es pas passionné ». Ayant étudié en géographie, puis en sciences de l’eau, le Latuquois d’origine connait l’impact des cultures sur les nappes phréatiques.
« L’agriculture pollue beaucoup… Par exemple, quand on met un engrais chimique, la plante va en prendre 10%. Le reste s’en va dans l’environnement » Le fermier est ainsi insatisfait des plants vendus aux gens dans les magasins à grande surface. »Ce sont souvent des végétaux qui viennent d’Ontario et qui ont été boostés aux engrais chimiques ». Conscient des répercussions de ces méthodes de production sur l’environnement, c’est le désir de travailler différemment qui l’anima.
Affichant quelques réserves à l’endroit des productions biologiques, Alexandre Guérin a choisi de s’inspirer de la permaculture dans les activités de sa ferme, soit une philosophie qui vise un respect maximal de l’environnement en adoptant des principes écoresponsables. Cette vision se traduit entre autres par la réutilisation des matières recyclables disponibles, ainsi que l’inutilisation de pesticides et engrais chimiques. « On s’inspire littéralement de la nature dans le fonctionnement de la ferme. C’est du gros bon sens finalement. C’est de travailler avec la nature. »
À titre d’exemple, Prendre Racine crée son propre compost qui sert ensuite d’engrais naturel à la terre des plantations. « Je suis en contact avec un site de dépôt de la municipalité de Charette pour avoir des feuilles mortes. J’utilise aussi du fumier de cheval du voisin. On se sert donc des ressources locales pour fonctionner », affirme le producteur.
Par ses principes écoresponsables, une petite agriculture comme celle d’Alexandre Guérin agit directement sur la préservation et vitalité du territoire. « Le but est d’avoir des sols en santé, une nappe phréatique en santé, de la bonne eau, donc au final, des gens en santé ».
C’est ainsi que l’homme plaide pour l’importance des petites fermes sur le territoire québécois. « Elles ont une importance capitale sur l’avenir du Québec, notamment pour la vitalité des régions, la préservation de l’environnement et l’agriculture de proximité ». Ce qui motive principalement l’agriculteur est d’avoir une portée positive sur son milieu de vie. « Avoir ma terre me permet d’avoir un impact concret sur ma communauté et sur l’environnement, c’est la meilleure façon selon moi de laisser un monde meilleur – qui est un peu mon objectif de vie finalement », conclut-il.
Pour plus de renseignements sur la ferme Prendre Racine, rendez-vous sur prendreracine.ca