Rouler électrique jusqu’à l’école
Un transporteur tourné vers l’avenir
ENVIRONNEMENT. Un transporteur d’écoliers et de travailleurs de Yamachiche investit pour réduire son empreinte écologique avec l’utilisation des énergies vertes et renouvelables.
L’entreprise Autobus DenPell a récemment fait l’acquisition d’un tout nouvel autobus entièrement électrique. Ce véhicule conçu et fabriqué au Québec, par la Compagnie Électrique Lion de Saint-Jérôme, se distingue par ses pare-chocs bleus, sa carrosserie en fibre de verre, son nouveau design et son intérieur un peu plus spacieux qu’un autre modèle comparable.
Seul le système de chauffage d’appoint a recours à une faible quantité de diesel, notamment pour permettre d’avoir un environnement plus confortable lors des périodes de grand froid.
L’autobus électrique de l’année 2020 revendique également une autonomie de 150 kilomètres. Pour les automobilistes et les passagers, ce qui est le plus frappant, c’est que le véhicule ne produit aucun bruit.
«On se fait remarquer partout où on passe. C’est nouveau et il n’y en a pas beaucoup sur les routes. Le véhicule est très silencieux. À l’intérieur, les élèves sont beaucoup plus calmes et ils ne parlent pas fort. C’est moins bruyant. C’est apaisant pour eux. Lorsqu’on l’envoie sur un circuit, la première chose que les jeunes nous demandent, c’est s’ils vont le ravoir le lendemain. Il y a un bel engouement», admet Marc-André Blanchard, président des Autobus DenPell, qui compte 18 employés.
Le transporteur de Yamachiche a pris possession de son autobus électrique le 15 février dernier. Les premiers passagers ont monté à bord trois jours plus tard.
Un choix d’avenir
Les propriétaires, Marc-André Blanchard et sa conjointe Isabelle Paquin, ont fait l’acquisition d’Autobus DenPell en 2015. Depuis, ils accordent une grande importance à l’environnement et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
En plus de l’autobus 100% électrique dont elle vient de faire l’acquisition, l’entreprise a fait l’achat d’un minibus hybride (essence-propane) et d’une berline électrique dans les dernières années.
«Ce sont des investissements considérables, mais c’est vraiment notre souci pour l’environnement qui nous amène à faire ces choix. Je pense qu’on est rendu là. Ça prend des gens qui ont le guts de le faire pour que les choses avancent. Si tout le monde fait juste parler du transport électrique et que personne ne l’essaie, ça ne se développera pas», croit M. Blanchard.
Autobus DenPell estime les investissements dans son virage vert à plus de 200 000$. L’entreprise reconnait toutefois que des économies seront réalisées à plus long terme. «Par expérience, juste avec la berline électrique qu’on exploite depuis trois ans, le minibus hybride, il y a une plus-value. Notre autobus 100% électrique permet des économies au niveau du diesel, de l’usure et de l’entretien. C’est énorme! Le coût d’opération est moins élevé qu’un moteur à combustion», témoigne le président en précisant qu’un autobus électrique coûte à l’achat environ 50 000$ de plus qu’un véhicule équivalent au diesel.
«Je pense qu’on est rendu-là»
– Marc-André Blanchard
Réseau électrique
Le transporteur de Yamachiche est le premier à circuler avec un autobus scolaire 100% électrique sur les routes de la MRC de Maskinongé. D’ailleurs, l’accessibilité à des bornes de recharge ne représentait pas une barrière pour les propriétaires lorsqu’ils ont opté pour l’achat de ce véhicule.
«Le réseau se développe énormément au Québec. Des bornes de recharge, il y en a de plus en plus et dans des endroits faciles d’accès pour un autobus. On retrouve des bornes dans les haltes routières, par exemple. Au garage, nous avions déjà une borne de 30 ampères pour notre berline électrique et nous avons fait l’acquisition d’une borne supplémentaire de 80 ampères pour notre autobus. Les deux bornes sont compatibles», indique Marc-André Blanchard.
«Cet autobus-là répond à nos besoins pour le circuit scolaire. Il faut comprendre que le véhicule, à l’arrêt, ne consomme que très peu. En plus, c’est un véhicule qui se régénère lors de la décélération et lors du freinage. Tu peux étirer ton autonomie avec ta technique de conduite. On sensibilise nos chauffeurs à ça. C’est une façon de conduire totalement différente. C’est impressionnant!»
Tous les conducteurs d’autobus de l’entreprise ont été formés pour utiliser ce véhicule, mais un seul s’est vu attribuer le volant pour un circuit scolaire spécifique.
Renouvellement de la flotte de véhicules
La durée de vie maximale d’un autobus sur un circuit scolaire, selon les normes établies, est de 12 ans. S’il se projette dans l’avenir, M. Blanchard n’est pas en mesure de confirmer le portrait de sa flotte de véhicules. Cependant, il exprime clairement le souhait de faire l’acquisition d’un autre autobus électrique.
«C’est quelque chose qu’on va évaluer lors du remplacement de nos véhicules. Je suis un gars confiant de nature. Je rêve d’avoir au moins un autre autobus électrique sur un circuit scolaire. Par contre, si mes prochains achats ne sont pas des véhicules électriques, j’envisage la possibilité de faire l’acquisition d’un autobus 100% propane. Même si ce n’est pas comme l’électricité, je considère que c’est une bonne transition quand même», confie-t-il.
Pour répondre aux besoins de sa clientèle, Marc-André Blanchard révèle qu’il ne peut pas se permettre pour l’instant d’avoir une flotte de véhicules complètement électriques. «Dans le scolaire, il n’y a pas de problème! C’est plus au niveau des voyages organisés ou de groupe où ça peut être problématique. J’ai besoin d’avoir des véhicules avec lesquels je peux faire de longues distances et de plus longs voyages sans me soucier d’une recharge après une centaine de kilomètres», signale-t-il.
En choisissant la voie de l’électrification des transports, Autobus DenPell a ainsi pavé la voie à sept autres transporteurs scolaires de la Mauricie qui ont fait le choix d’acquérir un autobus électrique, notamment à Trois-Rivières, Saint-Maurice et Sainte-Anne-de-la-Pérade.
Le saviez-vous?
Autobus DenPell offre des services de transport scolaire et de service nolisé avec une flotte de 12 autobus jaunes, un autobus commercial, trois berlines ainsi qu’une berline adaptée. Chaque année, le transporteur parcourt en moyenne 500 000 kilomètres avec sa clientèle.
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