Quand les patrons sont comme la famille
MAIN D’ŒUVRE. Alors que le manque de main-d’œuvre a provoqué la fermeture de nombreux restaurants – 1577 en 2022 juste pour le Québec – Le Lutin Marmiton jongle avec une liste d’attente… de futurs employés.
Pas pour rien que le resto, gîte et traiteur de Saint-Élie-de-Caxton a remporté le prix des Meilleures pratiques RH lors de la récente Soirée des Sommets Desjardins de la Chambre de commerce et d’industrie de la MRC de Maskinongé.
« Ce qui nous démarque, c’est l’âge de notre équipe de travail. Le plus vieux salarié à 25 ans et la plus jeune est arrivée ici à l’âge de 14 ans. Nous axons beaucoup sur la conciliation travail – école – famille – loisirs », explique la copropriétaire Delphine Martinez.
Cette philosophie de gestion où le patron devient un grand frère ou une grande sœur pour les employés est en place depuis qu’elle et son conjoint Simon Lafontaine sont devenus propriétaires du site il y a cinq ans. « Nous avons un taux de rétention de nos employés de 100% », raconte fièrement le chef cuisinier.
Le couple propriétaire encourage les initiatives chez leurs employés. C’est d’ailleurs eux qui ont institué la possibilité de prendre congé à la dernière minute en autant de trouver un remplaçant et d’en informer Delphine ou Simon.
« Ce sont tous des gars et des filles de Saint-Élie, Charette et Saint-Mathieu qui ont grandi ensemble. C’est un réseau d’une trentaine de jeunes qui communiquent ensemble sur un groupe Facebook. Quand un du groupe prévoit quitter son emploi, il passe le mot et il y a déjà des amis prêts à venir le remplacer », souligne Delphine Martinez pour qui l’école passera toujours devant le travail.
Souligner les réussites
« Nos plus jeunes ne travaillent jamais le soir, seulement les fins de semaine et avec un nombre heures limitées », précise Simon Lafontaine. Le couple souligne sur la page Facebook du Lutin Marmiton aussi toutes les réussites des membres de leur équipe, qu’elle soit personnelle ou professionnelle. Même les anciens employés ne sont pas oubliés.
« Joey (Gélinas) ne travaille plus ici, mais il a acheté récemment la roulotte à patates frites du village. C’est sûr qu’on sera là à son ouverture et on va l’annoncer sur notre page Facebook. C’est un peu ça notre côté grand frère et grande sœur. On les aime tellement qu’on serait du genre à aller les voir à Secondaire en spectacle. J’aime penser que ce n’est pas une équipe de travail qu’on a ici mais une extension de la famille », raconte en riant Delphine Martinez.
Au début du mois de mars dernier, elle et son conjoint ont accompagné leur seul employé à temps plein et celui comptant le plus d’ancienneté, Raphaël Lafleur, au Centre de formation professionnelle Bel-Avenir à Trois-Rivières pour le début de sa formation de cuisinier. Après plusieurs démarches, ils ont réussi à l’inscrire au programme alternance travail-études géré par la Chambre de commerce et d’industrie de Trois-Rivières et qui subventionne une partie du salaire des employés de cuisine qui vont parfaire leur formation.
« On est tellement content pour lui. C’est un jeune qui avait décroché du système scolaire et qui n’a pas eu beaucoup de tapes dans le dos. Là, il a le sentiment d’avoir trouvé sa voix et c’est super gratifiant pour lui. Je perds quelqu’un dans la cuisine, mais il s’en va apprendre les bonnes techniques de A à Z et il sera payé pour le faire. Il est aussi très fier, car ses professeurs sont les mêmes qui m’ont formé quand j’ai été à l’école là-bas », conclut Simon Lafontaine.