Pyrrhotite: des impacts économiques de 1,3 G$
Les impacts économiques de la pyrrhotite en Mauricie se chiffrent à 1,3 milliard $. C’est ce que démontre une vaste étude menée par la Coalition Proprio-Béton et l’équipe du député néo-démocrate Robert Aubin.
Pendant plusieurs mois, des centaines de victimes de la pyrrhotite ont été interrogées à ce sujet à travers le territoire de Trois-Rivières et de Maskinongé. Au total, quelque 700 questionnaires ont été envoyés afin de mesurer avec exactitude l’étendue des dommages causés sur le plan économique.
Compte tenu des 4 000 victimes de la pyrrhotite répertoriées dans la région, la facture s’élève à 965 millions de dollars au niveau résidentiel. Cela inclut notamment le coût du test de pyrrhotite, le coût de réparation des résidences, le coût d’entreposage des effets personnels lors des réparations, les frais d’avocats et le coût de financement des emprunts.
Au niveau commercial, on estime à une centaine le nombre de propriétaires touchés par la pyrrhotite. Les impacts économiques pour ce secteur se chiffrent donc à 162,5 millions de dollars. Cela inclut, entre autres, le coût du test de pyrrhotite, le coût de réparation, le coût d’entreposage et de relocalisation, le coût des pertes d’achalandage, les frais d’avocat et le coût de financement des emprunts.
Quant au niveau institutionnel, il comprend les bâtiments municipaux, scolaires, de santé et de transport. Les dommages économiques pour ce secteur sont évalués à 200 millions de dollars. Entrent en ligne de compte pour ce secteur les pertes en revenues de taxes.
En additionnant les sommes de ces trois niveaux, on obtient un montant total de
1 327 500 000$. Bien qu’énorme, ce montant pourrait encore prendre de l’ampleur, car il ne tient compte que des 4 000 victimes connues à ce jour. Or, 1 000 autres propriétaires pourraient être affectés par le problème de la pyrrhotite.
200 M$ demandés au gouvernement fédéral
À la lumière des données obtenues dans le cadre de cette étude, la Coalition Proprio-Béton demande une aide financière de 200 millions de dollars au gouvernement Harper. La Coalition divise ce montant en deux. Elle évalue qu’un premier 150 millions correspond à la somme des taxes engendrées par le problème de la pyrrhotite. S’ajoute à cela 50 millions de dollars pour cause de désastre.
«L’argent que l’on demande, ce n’est pas un cadeau que le gouvernement nous ferait, affirme Yvon Boivin, président et porte-parole de la Coalition Proprio-Béton. C’est l’argent que le problème de la pyrrhotite a engendré. C’est, entre autres, l’argent que les victimes ont déboursé. Et ce n’est que pour le secteur résidentiel. Le montant que l’on demande n’inclut pas les secteurs commercial et institutionnel.» «La crise de la pyrrhotite, c’est un moteur économique dans la région, poursuit M. Boivin. On n’en parle pas beaucoup, mais le secteur de la construction est en train de s’enrichir avec tout le travail qui doit être refait. En faisant rouler l’économie, les gens paient des taxes et on fait travailler des gens qui paient des impôts. Tout ça s’en va dans les poches des gouvernements. C’est aussi pour ça qu’on demande au gouvernement fédéral de nous aider. On ne peut pas, en plus, le laisser s’enrichir sur le dos des victimes.»
Un programme de remboursement pour les victimes
Si le message de M. Boivin et de son équipe est entendu à Ottawa et que l’aide financière est versée, la Coalition Proprio-Béton souhaite mettre en place un programme de remboursement pour les victimes de la pyrrhotite.
«On ne veut pas que le gouvernement rembourse les gens à la pièce, indique le président de la Coalition. On veut que le remboursement soit global. De cette façon, on peut aider davantage les personnes qui ont plus besoin que d’autres.»
Toujours selon M. Boivin, ce programme de remboursement serait d’autant plus utile pour les victimes qui entreprendront des poursuites judiciaires dans le futur. «Les premières victimes qui poursuivent ont plus de chances d’obtenir des sommes supérieures que les victimes qui vont poursuivre par la suite, explique Yvon Boivin. Dans ce dossier, ce sont toujours les mêmes acteurs. Certains ont changé de nom, alors ils n’ont pas d’actifs et les gens poursuivent des coquilles vides.»
«Les assurances de ces entreprises devront alors intervenir, poursuit-il. Toutefois, le problème avec les assurances, c’est qu’elles ont un plafond en fonction de la couverture achetée par les entreprises. Et quand ce plafond est atteint, elles ne donnent plus d’argent.»
M. Boivin évalue que d’ici 2 à 3 ans, les compagnies d’assurances auront atteint leur limite. «Il ne restera pratiquement plus rien. C’est pour ça que l’argent du fédéral est nécessaire», conclut-il.