Plus de 50 ans de dévouement au Pérou
ALTRUISME. Aider son prochain. Telle est la maxime au cœur du long périple qu’a entrepris Bernard Boulay il y a plus de 50 ans. Originaire de Sainte-Ursule, il a donné sa vie aux jeunes de la ville de Comas, au Pérou. La construction d’une école dans un bidonville et la mise sur pied d’une caisse populaire ne sont que quelques-unes de ses grandes réalisations. Cette semaine, l’Écho vous raconte l’histoire de cet humble homme dévoué pour son pays d’adoption.
Cette aventure hors de l’ordinaire a commencé le 4 septembre 1962 quand M. Boulay, alors âgé de 24 ans, est arrivé dans la ville de Comas comme professeur missionnaire. À l’époque, il était bien loin de se douter qu’il allait y rester pendant plus de 50 ans. «J’étais responsable du collège technique Jésùs Obréro dans un bidonville sans eau ni électricité», se souvient-il.
Un défi de taille se présente alors à lui ainsi qu’à trois autres de ses confrères envoyés au Pérou pour faire la classe à des adolescents de 14 à 17 ans. «On a relevé nos manches et on a, au fil des ans, développé le milieu. On est parti de rien. À ma première année comme professeur, on a accueilli 109 élèves alors qu’on avait de la place pour 120. C’était une école technique, mais il n’y avait pas d’équipement pour que les jeunes apprennent leur futur métier.»
«On ne recevait pratiquement pas d’aide financière pour faire fonctionner l’école, alors on se débrouillait comme on pouvait pour aller chercher de l’argent à gauche et à droite, poursuit M. Boulay. J’ai même fabriqué des portes avec des caps d’acier de chaussures pour l’école. On faisait aussi des meubles qu’on vendait.»
Homme à tout faire
Tantôt gestionnaire, tantôt professeur, cet homme à tout faire a porté plusieurs chapeaux. «J’enseignais de tout: la formation religieuse, de la mécanique, de la soudure, de la menuiserie, etc. J’ai participé à la construction de certains pavillons de l’école, j’ai démarré une fanfare et j’ai mis en place une bibliothèque. On y compte maintenant plus de 3 500 livres.»
S’ajoute à cela la fondation d’une caisse populaire appelée Jésùs Obréro et fonctionnant sur un principe similaire à celui des caisses Desjardins que l’on ici. Aujourd’hui, l’institution compte au-delà de 20 000 prêts.
Une différence frappante
Après 35 années à avoir contribué au développement du collège Jésùs Obréro et de l’économie de la ville de Comas, Bernard Boulay constate une différente frappante entre hier et aujourd’hui.
«Il y a maintenant de l’équipement numérisé à l’école, indique-t-il. Ça a été pour l’industrie et l’économie du Pérou un nouveau souffle. L’école peut maintenant accueillir 150 élèves et ils sont plus de 500 personnes à vouloir leur place.»
L’homme originaire de Sainte-Ursule confie que son plus grand accomplissement est d’avoir aidé des milliers de jeunes. «Il y en a des centaines et des centaines maintenant qui se sont trouvés du travail et qui ont même leur propre entreprise. Les gens ont beaucoup progressé depuis. Je suis fier de me dire que j’ai contribué à leur succès pour qu’ils aient une vie meilleure.»
L’appel du Pérou
Tous les trois ans, Bernard Boulay revient au Québec pour une période d’environ deux mois, mais l’appel du Pérou ne le quitte jamais. «Aider les gens, c’est tellement important et valorisant, confie-t-il. C’est pour aider les gens que j’ai passé ma vie au Pérou. Il y avait tant à faire et tellement de gens à aider que je ne me voyais pas partir.»
Depuis 2005, M. Boulay s’est lancé dans un autre projet d’envergure. Lui qui a pendant longtemps aidé et soutenu les jeunes du collège Jésùs Obréro œuvre maintenant dans un centre de réhabilitation pour adultes ayant des problèmes de consommation de drogue.
35 ans d’histoire sur papier
Il y a trois ans, Bernard Boulay a débuté la rédaction d’un livre en espagnol racontant l’histoire du collège technique Jésùs Obréro. Cet ouvrage de plus de 300 pages avec photos est dédié aux jeunes qui fréquentent actuellement le collège, afin que ceux-ci découvrent l’histoire de ce lieu.