Maskicom en grande difficulté
La suspension des versements des subventions gouvernementales et les difficultés rencontrées depuis plusieurs mois ont amené l’organisme sans but lucratif Maskicom à déposer un avis d’intention de faire une proposition à ses créanciers.
Il importe de préciser que durant ce processus, le service pour les abonnés actuels de Maskicom sera maintenu, mais la construction du réseau et les nouveaux branchements seront interrompus.
«La cible de septembre 2022 fixée par le gouvernement Legault pour que tous les foyers soient branchés ne pourra pas être atteinte par Maskicom dans l’état actuel des choses, ce qui explique la suspension du versement des subventions gouvernementales, a indiqué Robert Lalonde, président de Maskicom par voie de communiqué. Conséquence de cette suspension et des maintes difficultés rencontrées avec nos principaux sous-traitants, nous n’avons malheureusement pas le choix de réduire nos activités au minimum, le temps que nos discussions avancent avec le gouvernement et que des décisions soient prises pour compléter le projet avec l’aide de nouveaux intervenants.»
Un avis d’intention permet à une entreprise en difficulté financière de restructurer ses activités. C’est la première étape d’un processus de restructuration en vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. Elle permet d’en venir à l’acceptation d’une proposition par les créanciers et ainsi éviter la faillite.
L’organisme sans but lucratif Maskicom a été créé en 2017 par douze municipalités de la MRC de Maskinongé afin de fournir Internet haute vitesse aux zones orphelines de la région, jusqu’alors ignorées par les grands télécommunicateurs.
À l’heure actuelle, Maskicom compte environ 800 abonnés à Saint-Mathieu-du-Parc, Saint-Élie-de-Caxton, Saint-Léon-le-Grand et Saint-Boniface. Le projet devait à l’origine être complété en mars 2021 avec plus de 4000 abonnés, mais l’échéance a été repoussée à quelques reprises en raison notamment des difficultés rencontrées pour l’obtention des permis pour l’utilisation des poteaux.
«Depuis le début du projet, nous avons toujours respecté la stricte reddition de comptes demandée par les instances gouvernementales. Nous avons veillé à ce que la gestion financière soit irréprochable. Mais Maskicom a été un des premiers organismes sans but lucratif créés par une MRC à se lancer dans le déploiement d’Internet haute vitesse. Nous n’avions pas prévu devoir investir autant de temps et d’argent dans une bataille pour accéder aux poteaux. Cette bataille et la lenteur du déploiement ont des impacts concrets aujourd’hui, puisque des milliers de citoyens n’ont toujours pas Internet haute vitesse et Maskicom n’a pas accès aux revenus d’abonnement prévus initialement pour poursuivre son déploiement», ajoute M. Lalonde
Depuis le début du projet, les gouvernements ont versé près de 8 M$ en subventions à Maskicom. Le constructeur Madysta a reçu 7 M$, l’opérateur du réseau et du service à la clientèle Branchez-nous inc. a reçu plus de 4 M$, et Maskicom a dû verser des sommes considérables en permis et réparations aux poteaux, pour seulement 800 abonnés à ce jour.
«Nous travaillons depuis plus de dix ans sur ce projet. Nous sommes évidemment très déçus et amers de cette situation, mais la bonne nouvelle pour les citoyens, s’il en est une, c’est qu’une fois ce processus de restructuration terminé, le déploiement se fera beaucoup plus rapidement, selon l’échéancier du gouvernement», a conclu Robert Lalonde.
Maskicom a retenu les services du syndic Martin Poirier du cabinet Lemieux Nolet.
Les membres du conseil d’administration de Maskicom attendront la fin des discussions et des processus légaux en cours avant de commenter la situation.