La Distillerie Mariana hausse sa production
LOUISEVILLE. Lors des derniers jours, la Distillerie Mariana de Louiseville a pris possession d’un tout nouvel équipement, lequel permettra à l’entreprise d’accroître sa productivité et de gagner en efficacité. En effet, la Distillerie Mariana a fait l’acquisition du plus gros alambic de l’industrie de la microdistillerie au Québec. Cet équipement servant à la distillation a été assemblé au cours des derniers jours dans les locaux de l’entreprise et sera utilisé dès cette semaine. «C’est un équipement tout neuf qu’on a commandé il y a un an. Il est vingt fois plus gros que notre premier alambic. Le temps de production sera plus court parce que l’appareil est plus puissant. On passe d’un temps de chauffage d’un peu plus de deux heures à trente minutes. Au niveau de la production, on passe de cinq heures à environ trois heures. On aura aussi une chaudière vapeur. Le système sera alimenté au propane plutôt qu’à l’électricité», explique Jonathan Couturier, copropriétaire de la Distillerie Mariana de Louiseville. «C’est un bel apprentissage qui doit être fait rapidement afin de poursuivre notre production normalement. Ça demande du temps et de la logistique. On doit idéalement produire avec cet alambic pendant six ou sept mois pour rentabiliser son installation ici-même avant de déménager. On prévoit essayer des choses encore plus intéressantes. On pense déjà faire deux nouveaux produits 100 % québécois», ajoute M. Couturier, dans un local où les emplacements d’entreposage sont à pleine capacité pour faire face à la demande. Cet ajout de taille représente un investissement de l’ordre de 250 000$. La MRC de Maskinongé, Développement économique Canada et Investissement Québec ont contribué à la réalisation de ce projet créateur de deux nouveaux emplois. Cette microdistillerie de la région possède actuellement huit produits, soit le gin forestier Canopée, le gin aux fleurs sauvages Violette, la vodka Azimut, l’absinthe Balzac, l’amaretto Avril et le rhum épicé Morbleu. Les liqueurs amères Amernoir et Amermelade se sont aussi ajoutées à la gamme de produits au cours des derniers mois. Devant le succès qu’elle connait, l’entreprise prévoit déjà lancer un de ses nouveaux produits en décembre, pour Noël. Le microdistilleries peuvent vendre sur place Depuis juillet dernier, les microdistilleries du Québec peuvent vendre leurs produits sur les lieux de production. Cette nouvelle possibilité qui devait stimuler la croissance de cette industrie et favoriser le contact consommateur-producteur est toutefois accueillie froidement par la Distillerie Mariana, elle qui réclamait pourtant cette nouvelle mesure depuis sa fondation. «Les produits en vente sont au même prix que la SAQ. Il faut tout repayer la marge à la SAQ. On ne fait pas plus d’argent et il faut travailler plus fort. Il y a aussi une lourdeur administrative et on ne voit pas les avantages mis à part qu’on peut vendre le produit directement sur place. Le gouvernement disait qu’il assouplirait les conditions, mais on considère qu’on s’est fait un peu avoir. La SAQ a gardé la mainmise là-dessus», raconte Jonathan Couturier. C’est pourquoi la Distillerie Mariana a préféré se concentrer sur la production et son développement. L’entreprise réfère les consommateurs vers la SAQ pour l’achat des produits. «C’est ce qu’on privilégie», mentionne M. Couturier. Une industrie « contrôlée » Le monde des spiritueux artisanaux est en croissance au Québec. Cette industrie est toutefois contrôlée par l’État, ce qui rend difficile la progression et l’expansion des distilleries, poursuit M. Couturier. «Ce n’est pas une industrie rose. C’est quand même difficile de percer. La plupart des distilleries en arrachent énormément. Il y a plusieurs startups, mais on voit que ça n’avance pas et qu’il n’y a pas de progression. On sent qu’il y en a comme trop. Les spiritueux, c’est un petit marché. C’est 10% de l’alcool consommé au Québec. La mise en marché est difficile et les produits doivent être impeccables. Nous sommes très peu rémunérés aussi», témoigne-t-il. La Distillerie Mariana tire toutefois son épingle du jeu avec la qualité de ses produits, son attachement au milieu québécois et avec ses prix agressifs. «On s’en sort quand même bien. On est au sommet de la liste pour les bouteilles vendues. On vend 28 000 bouteilles par mois». Devant sa croissance soutenue, l’entreprise de Louiseville projette toujours de quitter l’incubateur industriel de la MRC de Maskinongé pour s’établir dans un endroit mieux adapté à ses activités. Les réflexions se poursuivent à ce sujet. Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon