Du jamais vu en 35 ans

LOUISEVILLE. Noël dernier n’a pas été de tout repos pour l’équipe de Remorquage et Transport Ferron à Louiseville. Du 23 au 25 décembre, Sylvain Ferron et ses employés ont bravé la tempête et ont travaillé sans relâche pour venir en aide à des dizaines d’automobilistes coincés dans la neige aux quatre coins du territoire. En 35 ans, le propriétaire de l’entreprise n’a jamais rien vu de tel. 

« Ç’a été un feu roulant du 23 décembre au soir jusqu’en fin d’après midi le 25, lance M. Ferron. Dans ce court laps de temps, on a remorqué 178 véhicules. Et on était seulement six personnes sur les remorqueuses pour sortir les véhicules. C’est du jamais vu! »

C’est le deuxième Noël que l’équipe de Remorquage et Transport Ferron passe dans la tempête. En 2021, le 25 décembre, un carambolage sur l’autoroute 40 a mobilisé les employés pendant plusieurs heures. C’était un gros événement, confirme M. Ferron, mais rien de comparable à ce qui s’est passé le mois dernier.

« Cette année, c’était partout et c’était beaucoup plus long et ardu pour se rendre sur les lieux, soutient M. Ferron. Je n’avais jamais connu un événement aussi gros. Le vent ne cessait pas. On ne voyait rien. »

Tout a commencé le 23 décembre vers 18h. « On s’est mis à recevoir plusieurs appels en même temps, raconte Sylvain Ferron. Il y avait tellement d’appels à la fois que ça devenait difficile à gérer pour savoir où aller. C’était partout sur le secteur. On recevait des appels de Saint-Paulin, Saint-Alexis-des-Monts, Sainte-Ursule, Maskinongé, etc. On avait aussi des appels de gens pris sur l’autoroute 40. »

« Les gens étaient en panique dans leur voiture, se souvient ce dernier. On avait beaucoup de temps d’attente. Faire un remorquage, c’était très long. Il fallait se rendre dans la tempête. On ne voyait rien. Il y avait des chauffeurs qui baissaient leur fenêtre pour essayer de voir les lignes pointillées au sol pour savoir s’ils étaient encore dans le chemin. »

Ce soir-là, vers 22h, après deux grosses journées de travail et voyant ce qui l’attendait dans les heures à venir, M. Ferron a passé le flambeau à sa conjointe Annick. Cette dernière a gentiment accepté de le remplacer pour prendre les appels afin de lui accorder quelques heures de sommeil. 

« Elle a passé toute la nuit debout à répondre aux appels et à répartir les camions. J’ai repris les lignes à 4h30 le 24 au matin, raconte M. Ferron. Il y a une partie des chauffeurs qui sont allés se reposer et d’autres ne sont pas allés se coucher du tout. 

Ma secrétaire Nancy est rentrée au bureau dans la matinée. Voyant la quantité d’appels qu’on recevait, elle a décidé de venir donner un coup de main. Elle a passé la journée du 24 décembre au bureau avec ma conjointe pour répondre au téléphone. Ça m’a permis d’aller aider les gars sur la route. »

Un travail long et ardu

Dans les premières heures de la tempête, seulement les grandes artères comme la route 138 et l’autoroute 40 étaient accessibles aux remorqueurs. « On ne pouvait pas aller plus loin. Il y avait des endroits où les routes étaient fermées et où on ne pouvait tout simplement pas aller. On conseillait aux gens de sortir de leur voiture et d’aller cogner chez les gens à proximité pour se réchauffer. Même les déneigeuses de rue ne sortaient plus à certains endroits durant la nuit. C’était trop dangereux. Ils ont fermé la route 348 et 349. On ne voyait rien », relate M. Ferron. 

Seuls sur la route avec les policiers pour venir en aide aux automobilistes, les employés de Remorquage et Transport Ferron sont parvenus à déprendre toutes les voitures.

« On avait beaucoup de délais, mais on a répondu à tout le monde. On a dépris 178 véhicules, mais pour un seul d’entre eux, c’était de multiples appels. Les gens rappelaient, étaient inquiets, voulaient connaître les délais, etc. On aurait pu décider de ne plus prendre d’appels, mais je ne voulais pas faire ça. S’il y avait une urgence, quelqu’un pris dans une voiture, c’était inconcevable pour moi de ne pas aider ces gens-là », confie Sylvain Ferron. 

Finalement, le matin du 25 décembre, son équipe a obtenu le feu vert de la SQ pour emprunter la route 348 afin d’aller chercher les véhicules abandonnés. « C’est la SQ qui nous a autorisés à ramasser les véhicules pour permettre aux déneigeuses de dégager les rues, explique M. Ferron. À partir de là, on a fait tous les rangs. Il y avait plusieurs véhicules abandonnés. »

Puis, le calme est revenu après la tempête, en fin d’après-midi le jour de Noël. Heureusement, dans toute cette aventure, personne de l’équipe n’a été blessé. Deux remorqueuses sont restées coincées lors de dépannages, mais rien de plus grave. 

« C’est un travail parfois dangereux. C’est un risque qu’on prend nous aussi pour aller aider les autres. C’est pas toujours évident. En 35 ans, je n’avais jamais vu ça et je ne suis pas prêt de l’oublier », conclut Sylvain Ferron.