Les Québécois doutent de leurs compétences entrepreneuriales
ENTREPRENEURIAT. Les Québécois ne s’estiment pas suffisamment compétents pour se lancer en affaires. C’est ce que démontre une étude menée par des chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) portant sur l’état de l’entrepreneuriat au Québec.
Cette étude a été réalisée dans le cadre de l’élaboration du rapport 2014 du Global Entrepreneurship Monitor.
Les travaux de recherche ont été menés par Étienne St-Jean, titulaire de la Chaire de recherche UQTR sur la carrière entrepreneuriale, et Marc Duhamel, professeur d’économie au Département des sciences de la gestion.
L’étude permet, entre autres, de comparer l’activité entrepreneuriale du Québec à d’autres pays montrant une économie innovante. «L’une des choses qui ressort de façon assez négative du rapport, c’est que les Québécois ne s’estiment pas compétents pour démarrer des entreprises», indique M. St-Jean.
«Malgré le taux d’intention élevé et malgré le pourcentage de gens qui démarrent des activités entrepreneuriales, il y a quand même une assez forte proportion de la population qui estime ne pas avoir les compétences requises», ajoute M. St-Jean.
Le goût d’entreprendre
L’un des faits saillants de cette étude, c’est que les Québécois ont décidé d’entreprendre en 2014, et ils sont passés à l’action. Contrairement aux résultats de 2013, les gens ont beaucoup plus l’intention de lancer leur entreprise et ils mettent en place des activités pour atteindre leur but.
«On peut l’expliquer par différentes politiques été mises en place, notamment la stratégie québécoise au niveau de l’entrepreneuriat, mentionne Étienne St-Jean. On a aussi beaucoup vu de cas d’entrepreneurs qui ont réussi dans les médias. Il semble y avoir un changement au niveau de la culture entrepreneuriale et, du coup, il y a des gens qui ont le goût de tenter l’aventure. C’est ce qu’on constate.»
Autre fait marquant: le Québec est l’endroit dans le monde où il y a le plus de transfert d’entreprises selon cette étude. C’est donc dire que les entreprises survivent malgré des changements de direction.
Des femmes qui n’osent pas
Quant aux femmes, les chercheurs remarquent qu’elles ont l’intention de démarrer leur entreprise, mais ne vont pas débuter d’activités entrepreneuriales en ce sens.
«Elles ne se lancent pas dans l’aventure, affirme M. St-Jean. Il y a différentes études qu’on pourrait mener pour essayer de comprendre pourquoi elles ne passent pas à l’action malgré qu’elles aient l’intention de le faire. Il y a sans doute différentes barrières qui sont typiques chez les femmes, peut-être qu’il s’agit de la conciliation travail-famille.»
Le chercheur soumet l’hypothèse que le phénomène est peut-être lié à un faible sentiment de confiance qu’ont les femmes envers leurs compétences entrepreneuriales. «Si les gens s’estiment moins compétents, il y a peut-être moins de chances qu’ils démarrent des entreprises», soutient M. St-Jean.
L’entrepreneuriat en Mauricie
L’étude ne comporte pas de données précises sur la région de la Mauricie, mais M. St-Jean constate tout de même un fort engouement pour l’entrepreneuriat dans la région. «Sur le terrain, on sent que l’intention d’entreprendre et le désir de démarrer une entreprise sont éloquents dans la région», remarque-t-il.
Ce dernier souligne l’apport des communautés entrepreneuriales qui se multiplient.
«On en a à Maskinongé, dans la MRC des Chenaux et ainsi de suite. On voit qu’il y a un effort concerté pour développer l’entrepreneuriat. Quant aux mesures d’appui à l’entrepreneuriat, il faudra voir comment cela pourra se poursuivre avec tous les changements qui ont été mis en place au niveau gouvernemental», conclut le chercheur.