Waga Energy impatiente de livrer ses premiers GNR
ENVIRONNEMENT. Même si le chantier n’est pas encore amorcé, le site d’enfouissement de Saint-Étienne-des-Grès livrera ses premières molécules de gaz naturel renouvelable (GNR) dans le réseau d’Énergir d’ici à la fin de l’été tel qu’annoncé en février 2021.
« Nous allons débuter les installations dans les prochaines semaines. Ça ira rapidement, car tous nos équipements sont fabriqués en usine. Une fois sur place, il s’agit seulement de connecter les tuyaux », confie Julie Flynn, présidente-directrice générale (PDG) de Waga Energy Canada.
Rencontrée dans ses locaux au DigiHub de Shawinigan, cette ingénieure chimique de formation est de retour au Québec après douze ans passés en France. Après avoir œuvré dans le secteur de l’hydrogène chez Air Liquide, elle a fait le saut chez Waga Energy qui lui a confiée le mandat de développer le marché canadien.
« Quand je suis arrivé en septembre dernier, nous étions trois. Là, l’équipe est composée d’une quinzaine de personnes et nous avons quatre autres postes à combler. Nous sommes vraiment en forte croissance », souligne Julie Flynn.
Avant l’inauguration d’une nouvelle installation la semaine dernière à Seine-et-Marne en France, le projet de Saint-Étienne-des-Grès était le plus gros parmi la quinzaine de sites opérés par Waga Energy.
« Une fois en service, il permettra de réduire de 23 000 tonnes les émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’alimenter 8000 foyers. C’est sensiblement de la même taille que celui de Seine-et-Marne », souligne Julie Flynn à propos de ce projet de 12 millions$ qui entraîne des retombées économiques intéressantes pour la région. « Environ 60% de nos équipements sont fabriqués au Québec. Notre plus grand intégrateur est d’ailleurs Mécanitec à Trois-Rivières. »
Waga Energy travaille présentement sur une autre installation dans l’État de New York et c’est également l’entreprise trifluvienne qui fabrique une partie des composantes nécessaires au projet. Il en sera de même pour un contrat signé avec la Régie intermunicipale de gestion des matières résiduelles de Brome-Missisquoi pour l’installation d’une Wagabox à Cowansville.
C’est d’ailleurs le rôle confié à Julie Flynn de faire prospérer l’entreprise au Canada. « Il y a un immense potentiel, reconnaît celle qui participe cette semaine au Forum GNR à Drummondville organisé par Biogaz World. On va faire une présentation et on en profitera aussi pour rencontrer d’autres municipalités et d’autres régies afin de faire connaître notre technologie. »
Prête aussi pour l’usine de biométhanisation
C’est aussi Waga Energy qui traitera les biogaz de la future usine de biométhanisation qu’Énercycle (anciennement la RGMRM) veut construire à Saint-Étienne-des-Grès en 2023 afin traiter les matières organiques des citoyens de la Mauricie. « Nous avons conçu nos équipements en fonction du volume que l’usine devrait recevoir », souligne Julie Flynn.
La présence de Waga Energy au Québec n’est pas étrangère à l’adoption en 2019 par le gouvernement d’une politique exigeant que 5% du gaz naturel distribué dans le réseau proviennent d’une source renouvelable. Un taux qui passera à 10% en 2030. « Même avec les programmes de récupération mis en place, il y a un potentiel énorme avec tous les sites d’enfouissement déjà présent au Canada. On est capable de s’installer sur des sites de petites et moyennes tailles pour aller récupérer ce méthane qui est tout simplement brûlé aujourd’hui », lance l’ingénieure native de Québec qui dit apprécier son retour aux sources.
« Shawinigan est une ville à taille humaine qui permet d’avoir une proximité avec la nature. J’aime bien aussi l’environnement du DigiHub. Ce n’est pas comme si on travaillait dans un parc industriel. »
Sur le marché hautement concurrentiel des GNR, Waga Energy se démarque de la concurrence par la spécialisation qu’elle a développée pour récupérer le méthane des sites d’enfouissement. « On développe les projets, on les finance, on les construit, on les installe puis on les exploite. Notre objectif premier, c’est de lutter contre les changements climatiques et de produire du GNE le moins cher possible et pour tout le monde », conclut Julie Flynn.