Nature Energy veut s’établir à Louiseville
ÉCONOMIE. Louiseville pourrait accueillir une usine de biométhanisation alimentée par des fumiers et lisiers agricoles, un mégaprojet de 100 millions$ piloté par Nature Energy.
Le secret a été éventé le 15 mars dernier alors que l’entreprise fondée au Danemark présentait à Farnham, en Montérégie, les détails de sa future première usine au Québec tout en indiquant que des discussions avec la MRC de Maskinongé allaient bon train pour en démarrer une seconde en Mauricie.
« Ça fait trois ans qu’on travaille sur ce projet-là », confirme Jean-Frédéric Bourassa, coordonnateur du Service de développement économique et du territoire à la MRC de Maskinongé. Parce que le futur site doit être d’une superficie minimum et alimenté par le réseau gazier, c’est évidemment vers le parc industriel régional à Louiseville que les regards se sont tournés.
« On a un terrain de 1 200 000 pieds carrés, ce qui répond au besoin de Nature Energy. C’est le dernier qui nous reste d’ailleurs. Là, on est à l’étape de valider les capacités portantes du fond de terrain », poursuit Jean-Frédéric Bourassa.
Entretemps, des démarches ont été menées avec l’UPA de la Mauricie pour valider son intérêt à s’associer au projet et vérifier si la matière première nécessaire au fonctionnement de l’usine de biométhanisation était présente en quantité suffisante. « Encore là, c’est positif. C’est la MRC de Maskinongé qui compte les plus grandes superficies agricoles en Mauricie avec 450 fermes sur le territoire. »
À Farnham, les représentants de Nature Energy ont expliqué que leur future usine nécessiterait de 600 000 à 700 000 tonnes de fumiers et lisiers par année, ce que 100 à 200 producteurs agricoles situés dans un rayon de 30 à 40 km de l’usine seraient en mesure de fournir estimaient-ils.
Son procédé éprouvé en Europe consiste à transformer cette matière agricole en biogaz qui est ensuite vendu à des fournisseurs comme Energir au Québec. Les résidus issus de la biométhanisation peuvent ensuite être utilisés comme fertilisants sur les terres agricoles. « C’est un produit à valeur ajoutée pour nos entreprises agricoles et on est vraiment dans le principe de l’économie circulaire. Au Danemark, même les camions de l’entreprise fonctionnent avec du gaz naturel », souligne avec enthousiasme Jean-Frédéric Bourassa.
Dans son modèle d’affaires, Nature Energy fait des agriculteurs des partenaires du projet en leur accordant une place dans l’actionnariat. « Au Danemark, les agriculteurs participent aux bénéfices de l’usine », mentionnait Claude Giguère, vice-président de l’entreprise au Québec à l’intention des médias présents à Farnham. La future usine en Montégérie devrait entrer en exploitation dès 2023 et embaucher une quinzaine de personnes pour assurer son fonctionnement. C’est essentiellement le même projet qui est envisagé à Louiseville.
Sur le site du Registre des lobbyistes du Québec, on voit que Farnham et la MRC de Maskinongé ne sont pas les seules administrations municipales qui ont été ciblées par Nature Energy. On note que des pourparlers ont aussi ou devraient être entrepris avec Thetford Mines, Pointe-Claire, Beauharnois de même que les MRC de Memphrémagog, de Beauharnois-Salaberry, et de Vaudreuil-Soulanges.
Le coordonnateur du Service de développement économique et du territoire à la MRC de Maskinongé croit réaliste qu’une annonce soit faite dès 2022 pour le projet de Louiseville. « Nature Energy a des autorisations environnementales à aller chercher de son côté, mais chez nous, dès qu’on aura la certitude que le terrain répond aux normes, on va pouvoir leur vendre. Ils veulent en construire plusieurs au Québec alors, on se considère privilégié d’être dans les premiers qui verront le jour », conclut-il.