Le fleuve hautement pollué à Sorel
ENVIRONNEMENT. Des chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) ont réalisé une étude démontrant que le fleuve St-Laurent est hautement pollué à Sorel, et ce, peu importe que ce soit avant, pendant ou après les grands déversements des eaux usées de Montréal.
Dans les zones les plus affectées par les déversements, à proximité de Montréal, le taux de coliformes présents (nombre de colonies bactériennes par 100 ml d’eau) est passé de moins de 20 à quelque 5000, après les déversements. Rappelons qu’un taux supérieur à 200 rend les eaux impropres à la baignade.
Or, dans les îles de Sorel, les taux de coliformes sont toujours extrêmement élevés. Ces taux peuvent aller au-delà de 6000, indépendamment des déversements des eaux usées montréalaises.
«À Sorel, on vit tous les jours ce que Montréal a vécu pendant quelques jours», indique avec le professeur et chercheur Gilbert Cabana du Département des sciences de l’environnement de l’UQTR.
«Il ne faut pas dramatiser la situation, mais il y a là une importante prise de conscience à faire. Il y a des risques pour la santé», ajoute M. Cabana, qui a effectué les prélèvements sur le fleuve.
Inquiétudes pour le Lac St-Pierre
L’équipe du professeur Gilbert Cabana constate également que Lac St-Pierre fait office de filtre naturel, puisque les taux de coliformes baissent significativement dans la région de Trois-Rivières et Bécancour.
«Ce n’est vraiment pas une bonne idée d’utiliser le Lac St-Pierre de cette façon, s’inquiète. M. Cabana. Ce plan d’eau retient une énorme quantité de matières polluantes. Cela a des impacts importants sur son écosystème. Déjà, on peut voir que des plantes aquatiques disparaissent. Par contre, il n’y a pas que les déversements de Montréal qui ont des impacts. Je pense notamment aux pesticides utilisés en agriculture. Mais déjà, si on peut régler la question de Montréal, ce sera ça.»
En termes de degré de contamination, le fleuve Saint-Laurent ne présente pas un portrait homogène : la présence de pollution varie considérablement d’un point à l’autre, notamment en raison de la présence de masses d’eau et de courants distincts.
«À partir de Sorel-Tracy et jusqu’à Bécancour, les déversements n’ont pas eu d’impact sur les taux habituels de coliformes», explique M. Cabana. Les taux de coliformes à Bécancour sont environ de 200 alors qu’à Trois-Rivières les taux se situent entre 300 et 400.
Méthodologie
Les prélèvements d’échantillons d’eau du fleuve effectués pour cette étude ont été réalisés à trois reprises : le 15 octobre (avant les déversements de Montréal), le 13 novembre (pendant les déversements) et le 23 novembre (après les déversements). À chaque date, des échantillons ont été prélevés sur 19 points de cueillette, sur le fleuve : Montréal (6), Sorel-Tracy (3), archipel des îles de Sorel (8), Trois-Rivières (1) et Bécancour (1).