Portes Milette augmente la cadence
ÉCONOMIE. Portes Milette accélère l’automatisation de ses opérations dans la perspective d’augmenter sa production de 30%.
De 5000 portes qui sortent de l’usine de Saint-Boniface chaque semaine, le manufacturier veut hausser la cadence à environ 6500 lorsque les nouveaux équipements seront fonctionnels au premier trimestre de 2023. Un immense défi dans le contexte actuel convient le directeur général Guy Roy.
« Avec la pénurie de main-d’œuvre qu’on connait, tout ce qu’on peut automatiser, on va le faire », explique-t-il en entrevue avec L’Hebdo. Portes Milette n’est pas en terrain inconnu lorsqu’il est question de robotisation. Il y a déjà plus de 10 ans que l’apprêt blanc appliqué sur ses portes est assurée par un robot muni de huit fusils. « Presque 94% de notre production est peinturée par ce robot et on a besoin d’une seule personne pour l’opérer. C’est le premier centre de travail qu’on a automatisé dans l’usine », commente Guy Roy lors d’une visite guidée.
La fabrication de portes nécessite de couper des madriers en une multitude de petites pièces de différentes longueurs. Cette opération est menée depuis quelques années par un appareil munie de 12 caméras en mesure de couper des retailles à raison de 250 pieds à la minute. « Cela a été le dernier projet mené par M. Gérard Milette avant sa retraite », explique le directeur général à propos du fondateur qui a passé les rênes à sa fille Sophie.
« La performance d’un appareil comme celui-là est franchement incroyable. Si on est capable de sauver 2 mm dans une découpe, à la fin d’une année, ça peut représenter une économie de 30 kilomètres de bois. Ici aussi, on a juste besoin d’un ouvrier qui s’assure que l’appareil ne manque pas de bois à découper. »
L’automatisation des tâches de peinture et de découpage étant encore adéquates, c’est dans les opérations en aval que le directeur général travaille depuis quelques mois. « On vient de commander une jointeuse d’Allemagne. La nôtre a fait la guerre comme on dit », lance-t-il en souriant.
Le nouvel équipement sera en mesure d’assembler une moyenne de 140 pièces de bois à la minute. « Présentement, on a deux gars sur ce poste de travail qui fournissent en moyenne 52 blocs par minute à la machine. » La cadence du nouvel appareil sera tellement puissante que Guy Roy et son équipe ont aussi dû acheter deux bras robotisés pour être en mesure de répondre au rythme de la jointeuse.
Redevenir autosuffisant
« En raison de l’augmentation de notre volume de production, on doit aller à l’externe pour nous fournir en pièces jointées. Historiquement, Portes Milette a toujours été autosuffisant et nos nouveaux équipements vont nous permettre d’y revenir », souligne Guy Roy.
Enfin, un dernier appareil vient d’être acquis pour s’occuper de coller les placages de MDF sur les madriers de bois jointés. « Cette opération est actuellement faite manuellement par quatre ouvriers. »
Ces nouveaux équipements, qui représentent un investissement global de 5 millions$, permettront de hausser la cadence de production à 6500 portes par semaine, sur un quart de travail alors que les 5000 produites actuellement nécessitent un quart de travail et deux chiffres de soir hebdomadairement.
En améliorant l’automatisation de ses opérations, Portes Milette vient répondre à un souhait maintes fois exprimé par le ministre du Travail Jean Boulet qui ne manque jamais de répéter que le Québec traîne un déficit de productivité par rapport aux autres pays occidentaux. Selon lui, le taux d’automatisation dans le domaine manufacturier au Québec n’est que de 25% comparativement à 55% aux États-Unis et 75% en Allemagne.
Près de 150 personnes travaillent à l’usine de Saint-Boniface, mais Guy Roy souligne qu’il y a toujours des postes ouverts. « L’objectif de l’automatisation, ce n’est pas de couper des emplois, mais plutôt d’enlever les taches aliénantes pour lesquelles on n’a pas de rétention de personnel. On vient en même temps fiabiliser la production », termine le directeur général.