Sauver le patrimoine bâti de Joseph-Télesphore
COMMUNAUTÉ. Après la maison de Joseph-Édouard Béland restaurée avec amour il y a quelques années et devenue depuis un gîte (Le 100 St-Laurent), c’est maintenant au tour de celle de son frère Joseph-Télesphore d’être pris sous l’aile de nouveaux propriétaires soucieux de la conservation du patrimoine bâti.
À Louiseville, encadrant la majestueuse église Saint-Antoine-de-Padoue, les deux élégantes résidences ne passent pas inaperçues. Fondateur de Chemise Empire, Joseph-Édouard Béland fit construire sa demeure en 1924 et c’est trois ans plus tard que son frère Joseph-Télesphore, propriétaire de l’Hôtel Windsor, l’imita sur un terrain au coin de Saint-Laurent et Notre-Dame Nord.
Depuis mai 2020, elle est la propriété de Michel Pauzé et Richard Brown, un couple de Montréal qui avait découvert la Mauricie trois ans plus tôt en se portant acquéreur d’un chalet à Saint-Paulin. « Nous passions devant, mais sans trop la remarquer. Quand elle a été mise sur le marché, on a sauté sur l’occasion même si elle nécessitait de gros travaux de rénovation », explique Michel Pauzé.
Après que son premier propriétaire l’ait vendue, la maison du 41 Notre-Dame Nord a été occupée par un courtier d’assurances, avant de devenir une résidence pour personnes âgées puis brièvement un restaurant entre 2012 et 2014 avant de redevenir une simple résidence. « Les dernières rénovations datent du restaurant, mais les propriétaires lui avaient donné un style de pub anglais, ce que nous avons complètement changé. »
Depuis dix-huit mois, ils ont rénové une bonne partie des pièces du rez-de-chaussée, tout en remettant en service le système de chauffage à l’eau chaude et refaire le briquetage de la cheminée. Il s’agit d’un travail de longue haleine, car la maison compte cinq grandes pièces au rez-de-chaussée, six à l’étage, un imposant grenier et six autres pièces au sous-sol.
« Cette année, on va compléter le rez-de-chaussée et refaire le balcon extérieur », prévoit Michel Pauzé qui fait lui-même les travaux, sauf pour des tâches spécifiques comme la fournaise ou la maçonnerie. « Je tiens ma dextérité manuelle de mon père et il faut dire que j’ai eu des propriétés depuis l’âge de 22 ans », sourit le retraité de 63 ans qui a fait carrière dans une grande institution financière.
Une inspiration pour d’autres propriétaires
Même s’il ne réside en ville que depuis deux ans, Michel Pauzé dit qu’il est maintenant connu du personnel de Patrick Morin comme s’il était un natif de l’endroit tellement il s’y rend régulièrement. « Nous ne pouvons passer sous silence l’accueil chaleureux des Louisevillois. Ils nous félicitent d’avoir acquis la maison, par crainte de la voir disparaître un jour. C’est ce qui nous motive à en continuer la restauration exigeante », explique-t-il.
Michel Pauzé a d’ailleurs constaté que Louiseville regorge de magnifiques propriétés patrimoniales et il dit espérer que son initiative donnera des idées à d’autres. Il déplore en même temps que la Ville de Louiseville ou la MRC de Maskinongé n’ait pas de programmes financiers pour venir en aide aux propriétaires. « Une petite municipalité comme Saint-Félix-de-Valois, dans Lanaudière, en a un qui peut couvrir jusqu’à 40% du coût des travaux. »
Une fois les travaux de rénovation terminés, le couple propriétaire n’entend pas transformer la demeure en un gîte comme l’ancienne maison de Joseph-Édouard Béland. « Ça va rester une résidence, mais mon conjoint, qui est fiscaliste, va y ouvrir un bureau. En voulant mettre en lumière ces travaux, nous voulons juste donner des idées à nos décideurs ainsi qu’aux propriétaires de maisons anciennes à Louiseville. Notre patrimoine bâti est à l’image de qui nous sommes », conclut Michel Pauzé.
Notons que Louiseville compte présentement 141 résidences d’intérêt patrimonial sur son territoire, dont une seule à caractère historique: celle de la famille Ferron sur l’avenue Saint-Laurent.