« Tout le monde veut faire du Fred Pellerin! » -Francis Leclerc
CULTURE. Le fantastique, l’imaginaire, l’humour et la mort se trouvent au cœur du troisième conte de Fred Pellerin adapté au grand écran avec L’arracheuse de temps. Cette fois, c’est le réalisateur Francis Leclerc qui s’est attaqué à l’univers de Fred Pellerin, et aux dires des deux intervenants, ce ne sera pas la dernière fois qu’ils travailleront ensemble.
Les deux hommes ont travaillé ensemble une première fois lorsque Francis Leclerc a adapté le roman Pieds nus dans l’aube de son père né Félix Leclerc.
« Ça été naturel tout de suite quand on a commencé à travaillé ensemble sur Pieds nus dans l’aube. C’était simple, efficace, et ç’a bien coulé. Quand on avançait dans Pieds nus dans l’aube, je commençais à écrire le scénario de L’arracheuse de temps, et ça s’est attaché naturellement. Et il y a peut-être un autre projet à venir pour un autre film ensemble », confie le p’tit gars de Sainte-Élie.
Fred Pellerin a vu le film en cours de réalisation en étant en contact constant avec Francis Leclerc, mais il n’avait pas vu le film avec la retouche d’effets spéciaux et de la musique. C’est lundi dernier à Shawinigan que les artistes se sont réunis pour un premier visionnement.
« Ce premier visionnement était particulier parce qu’il y avait beaucoup de monde du coin, et beaucoup de gens de Sainte-Élie dans la salle. D’ailleurs, il y a beaucoup de références sur Shawinigan dans le film, je voyais les gens réagir. C’est le fun de voir le film avec du monde, on dirait que tu le regardes par leurs yeux, et ça renouvelle notre regard, exprime le conteur Fred Pellerin. Je suis super content de ce qu’on a comme œuvre. Je suis content du travail que Francis a fait pour pousser le caractère ludique du conte. »
Pour Francis Leclerc, il a jumelé la grande écoute de Fred à ses yeux de réalisateur. « On s’entend très bien pour la fabrication d’un film. C’est un des gars qui écoute le plus que je connais. Je n’écoute pas beaucoup comparativement à lui, mais je suis capable de voir. C’est une belle formulation de dire que j’ai jumelé mes yeux à ses oreilles. »
Fred approuve cette formulation de Francis. « C’est intéressant de travailler dans une collaboration proche. Depuis les premiers brouillons que j’ai faits, je les envoyais à Francis, on avance ça ensemble, et jusqu’au dernier jour du montage, il me renvoyait du matériel pour retoucher au texte. Oui chacun on met notre partie du corps qui marche le mieux dans l’aventure. C’est une belle façon de le dire! Francis, c’est un gars de gang et tu as le goût de travailler avec lui. »
Celle qui interprète Madame Gélinas, Geneviève Schmidt, poursuit dans la même veine. « Peu importe le projet que Francis va me proposer, je vais toujours dire oui! »
Le réalisateur rend la pareille au conteur. « C’est une passion de luxe qu’on s’offre, et tout le monde veut faire du Fred Pellerin! »
Une des particularités pour cette production, c’est le temps. Cinq ans se sont écoulés entre le premier jet du scénario de Fred, et la présentation cinématographique en salle… en raison d’une certaine pandémie. Le tournage s’est déroulé en trois blocs.
« Le film aurait pu être prêt au printemps plutôt qu’à l’automne, j’ai exigé qu’il n’y ait pas de compromis avec la mise en scène. Faire de la télé avec des plexiglas et une distance de deux mètres, je n’aime mieux pas tourner, exprime Francis Leclerc. Alors on a fait que les extérieurs, et au printemps ça s’est allégé, alors ça ne paraît pas dans le film. La scène de la partie de cartes où tout le monde est coude à coude a été tournée en juillet, et c’est exactement ce que je voulais. Et j’ai toujours eu le message que le film sera prêt quand il sera prêt. Ce qui a fait que j’ai pu préparer et réfléchir à chaque plan. C’était la même chose pour Mémoires affectives, et ce sont mes films mes plus aboutis pour moi. »
Comment Fred Pellerin a-t-il perçu le jeune Fred interprété par Oscar Desgagnés. S’est-il revu plus jeune? « Francis a ce flair pour découvrir de jeunes talents. L’audition pour ce rôle a été faite à la dernière minute. Francis m’avait demandé de lui envoyer des photos de moi quand j’étais jeune. Et quelques jours après, je reçois un paquet de photos de petit Fred, des blonds aux yeux bleus. C’était drôle de voir le déploiement de petit Fred potentiel. Mais ce jeune Oscar a une répartie et une énergie! Il a des yeux brillants! »
En discutant avec le jeune Oscar de 12 ans qui en était à sa première expérience autant au cinéma qu’à la télé, il confirme le sens de la répartie avancée par Fred. Est-ce qu’il a eu la piqure pour faire une carrière d’acteur? « J’ai eu une méchante grosse piqure, je dirais même que c’était un moustique radioactif! »
Fred confie aussi qu’il a vu sa grand-mère Bernadette interprétée par la grande Michèle Deslauriers. « Elle a été très touchée et bouleversée par ce rôle. Elle joue ma grand-mère et elle ressemble aux gens de ma famille. »
Mme Deslauriers a décrit le film en racontant une histoire de vie qu’elle n’avait jamais partagée. « Dans la vie, on peut faire du merveilleux même avec des choses qui nous attriste. C’était très touchant pour moi de jouer la grand-mère de Fred. (…) Ce film aborde les grandes questions liées à la mort. Tout le monde a une certaine crainte de ce moment, et c’est une façon de l’aborder avec l’imaginaire. On existe encore dans le souvenir des gens. J’imagine souvent mon après, et je dis à mes enfants que je serai encore là. Quand j’ai perdu mon père, il est venu me visiter. J’étais dans la trentaine, et j’étais dans un état de déprime et de fatigue. À 3h du matin, j’étais dans le salon seule, et il m’est apparu. Il m’a tendu la main et on a dansé un tango ensemble. J’entendais la musique. Et il est reparti et j’ai su que tout allait bien aller! J’ai pensé à lui, et j’ai vécu ça. C’est fort l’imaginaire, on peut voyager beaucoup! »
Synopsis
L’Arracheuse de temps se déroule sur deux tableaux : d’une part, la grand-mère Bernadette (Michèle Deslauriers) tente de rassurer le jeune Fred Pellerin (Oscar Desgagnés) que la mort n’existe plus. Le récit de la grand-mère fera revivre les personnages du village de Saint-Élie-de-Caxton en 1927 : le barbier Méo (Marc Messier), Madame Gélinas (Geneviève Schmidt) qui élève ses 472 enfants, le curé (Pierre-Luc Funk), et Bernadette (Jade Charbonneau) qui a l’âge de tous les possibles. Une nuit, un éclair s’en prend au pommier de l’église dont la cloche sonne un coup de mauvais augure. La Mort a-t-elle décidé de s’offrir un buffet d’âmes? Dorénavant, la fin de la vie coïncide avec la naissance des légendes.