Hydravion Aventure se lance dans l’aviation d’affaires et les tours d’hélicoptère
AFFAIRES. La fermeture des frontières, il y a un an, a eu des impacts majeurs sur l’industrie touristique et l’économie locale. Certaines entreprises ont dû se repositionner et innover pour survivre à la pandémie. C’est notamment le cas d’Hydravion Aventure, à Saint-Étienne-des-Grès.
En affaires depuis 2004, l’entreprise propose des excursions touristiques en hydravion. En plus d’être un taxi aérien, la compagnie est reconnue comme étant une agence de voyages qui organise des vols touristiques et des séjours complets avec hébergement dans les hôtels, auberges et pourvoiries de la région.
Elle possède une flotte de sept hydravions/hydraskis. Ces appareils sont toutefois cloués au sol depuis le début de la crise sanitaire. «Nos clients sont à 90% des touristes internationaux. Nous avons eu des pertes énormes suite à la fermeture des frontières. Nous avions le choix de couper dans nos dépenses, d’attendre la reprise ou d’investir pour maintenir des emplois», raconte Alain Priem, propriétaire.
Hydravion Aventure a profité de cette pause forcée pour faire l’entretien et la maintenance complète de tous ses avions.
«Il y a des gens importants dans une compagnie aérienne. Il y a les pilotes, mais il y a aussi les mécaniciens et ce sont eux qui sont plus difficiles à trouver. Nous en avons deux ici et je ne voulais pas les mettre au chômage. Comme nos appareils ne volaient plus, il n’y avait plus de travail pour eux. On a donc remis à neuf tous nos appareils», indique-t-il.
«Nous sommes maintenant dans les ligues majeures»
– Alain Priem
Pendant ce temps, Alain Priem a aussi décidé d’ajouter deux nouvelles divisions à son entreprise, soit Jet TR et Hélico Aventure. «Depuis quatre ou cinq ans, nos activités étaient vraiment orientées vers le tourisme international. Personne n’a vu arriver la crise de la COVID-19. On n’avait jamais envisagé la fermeture des frontières non plus. Nous nous sommes servis de ça pour travailler de nouveaux projets afin de rejoindre une nouvelle clientèle un peu plus locale», lance-t-il.
Dans la cour des grands
Hydravion Aventure fait ses débuts dans le domaine de l’aviation d’affaires. L’entreprise a récemment fait l’acquisition d’un avion de type Cessna Citation II pour le transport de passagers.
«Ce projet-là, je l’ai dans la tête depuis longtemps. J’avais déjà eu des contacts avec des gens intéressés à voyager en jet privé pour leurs affaires. Pour eux, il y a des gains en temps et au niveau financier. C’est quelque chose qui répond à un besoin. Je suis fier parce que nous avons réussi à mettre ça en place en un temps record», reconnait M. Priem.
Avant d’être aux commandes de son jet d’affaires, lui et son copilote Eduardo Andrade ont suivi une série de formations pour pouvoir voler avec les avions de ligne. «Lorsque la pandémie est arrivée, j’étais certain que ma carrière de pilote était terminée. J’avais le projet d’avoir un jet, mais je ne pensais pas que c’était moi qui le piloterais. Pour faire de l’aviation d’affaires, il faut obtenir sa licence de pilote de ligne et il y a des cours à faire chez le fabricant dans des simulateurs. Nous avons obtenu toutes nos certifications. Notre territoire passe de la province de Québec à l’Amérique du Nord et les Caraïbes. Ce n’est plus pareil. Nous sommes maintenant dans les ligues majeures. L’aviation d’affaires nous promet tout un développement pour l’entreprise», mentionne-t-il.
À cela, s’ajoute aussi l’arrivée d’un nouvel hélicoptère R44. «C’est pour se diversifier et percer un nouveau marché. On veut offrir des tours d’hélicoptère.»
L’avantage d’être autonome
La compagnie aérienne de Saint-Étienne-des-Grès est accréditée comme centre de maintenance pour aéronefs, ce qui lui permet de faire l’entretien et la vérification de ses propres avions.
«On fait tout à l’interne, de A à Z. On a adopté la même recette pour le jet et l’hélicoptère. Lors des derniers mois, j’ai envoyé mes mécaniciens faire des stages chez Robinson en Californie. Ils vont pouvoir tout faire sur nos hélicoptères. Il y a un souci de rentabilité là-dedans et on souhaite être complètement autonome», admet le propriétaire.
Ce dernier souligne que l’année 2020 a été importante sur le plan académique autant pour ses mécaniciens et pour les pilotes. «Nous ne sommes pas restés inactifs malgré la pandémie. Comme pilote, on a fait des cours et de l’entraînement. Nos mécaniciens ont aussi eu de la formation pour nos nouveaux appareils. C’est beaucoup d’argent tout ça», signale-t-il.
Une reprise en 2021?
Même s’il compte remettre les quais de son hydrobase à l’eau cet été, Alain Priem ne s’attend pas à avoir autant de réservations qu’avant pour ses hydravions. «C’est certain que ça ne repartira pas à 100% quand les frontières vont rouvrir. Je ne peux pas non plus combler la perte de la clientèle internationale par la clientèle locale. C’est impossible! On avait environ 20 000 clients par année. On peut seulement espérer récupérer entre 15 et 20% en clientèle locale. On va essayer de le faire, mais pour nous, ça n’ira pas plus loin cette année. On se concentrera sur notre jet d’affaires et les hélicoptères», laisse-t-il tomber.
Hydravion Aventure est finaliste dans la catégorie Nouvelles pratiques d’affaires au 36e Gala Radisson de la Chambre de commerce et d’industries de Trois-Rivières.