Discours à la nation: «c’est une grande farce», dit Yves Perron
Le député bloquiste de Berthier-Maskinonge estime qu’il n’y avait pas de nécessité de faire un appel à la nation. Il dénonce le non-respect des engagements et l’empiètement permanent dans les compétences provinciales.
Comme la plupart des analystes de l’opposition en chambre, Yves Perron estime qu’il n’y avait pas de nécessité de répéter le discours du Trône, «sauf peut-être celle de faire la promotion des plateformes libérales dans l’éventualité d’une élection.»
«Le fédéral s’entête à augmenter les revenus des aînés à 75 ans comme si la pauvreté allait attendre 10 ans, comme si l’inflation allait attendre 10 ans», s’offusque M. Perron, convaincu que 110$ de plus aux aînés est «une dépense intelligente» qui contribuerait à améliorer leur qualité de vie et à renflouer l’économie locale.
Le député soupçonne le gouvernement Trudeau de vouloir se débarrasser du système de gestion de l’offre, sans avoir le courage politique de l’assumer. «Ce sont des entreprises qui ont besoin de la prévisibilité et ne savent pas à quoi s’attendre. On promet et on espère qu’il y’en aura qui vont abandonner et se décourager», conclut-il sur les promesses de compensations plusieurs fois annoncées sans suite. Le Bloc nourrit l’ambition de faire passer son projet de loi à ce sujet pour soulager les producteurs laitiers qui doivent se contenter d’un seul versement consenti l’année dernière.
Son chef a fait de la hausse des transferts en santé une condition sine qua non pour soutenir le discours du Trône. Conscient de la diversité d’options qui s’offre aux libéraux pour le vote, Yves Perron se contente des fruits de la présence de son parti aux Communes: «Défendre les intérêts du Québec et montrer que son indépendance politique est grandement souhaitable.»
La réplique aux libéraux
Les libéraux ont implicitement présenté en chambre la demande d’assistance dans les CHSLD comme étant une preuve que le Québec a besoin du fédéral. «C’est parce qu’on n’a pas d’argent», répond Yves Perron, très remonté contre la chute des dépenses couvertes par Ottawa de 50 % au début de la fédération à 22 % de nos jours.
Répondant au rejet des chèques en blanc lancé par Justin Trudeau, le député constate pour le déplorer un recul sur «la constitution que nous (le Québec) n’avons pas signée». Yves Perron remet sur la table la sempiternelle question de l’empiètement du fédéral dans les champs de compétences des provinces et du Québec, un sujet «outrageusement présent dans l’ensemble du document du gouvernement.» Les soins à domicile et le projet d’élaboration des normes nationales pour les centres de soins de longue durée en sont quelques exemples.
« On attend le grand papa fédéral qui vient avec ses poches pleines d’argent et vous dit qu’il va y avoir des conditions », explique-t-il, prenant l’exemple de la controverse sur les subventions pour le logement social.
L’élu de Berthier-Maskinongé présente Ottawa comme étant «une fédération centralisée alors que ça devait être une confédération décentralisée. A chaque crise, le fédéral en profite pour étendre son emprise et augmenter son contrôle sur les gouvernements inférieurs.»