La vie n’est pas si Bell en région

INTERNET. J’espère que Claude Legault a obtenu un énorme cachet pour vanter Bell Canada et son service internet. La Monique éplorée dans la pub, qui n’accepte pas la rupture, elle n’habite sûrement pas en région pour avoir le luxe de « changer pour l’Internet classé le plus rapide au Québec. »

Quand on voit cette publicité et qu’on habite à la campagne, on peut se permettre d’être choqué. Bell Canada devrait être honnête et dire qu’elle ne dessert convenablement que les grands centres, qui sont très payants pour elle, tout en ralentissant le déploiement d’Internet haute vitesse ailleurs au Québec.

Il y a quelques années, devant le refus des grands télécommunicateurs de desservir leurs territoires convenablement, la MRC de Maskinongé, la MRC de Bécancour, la MRC de Matawinie et plusieurs autres se sont prises en main et ont mis de l’avant des projets avec l’aide financière des gouvernements.

Mais pour être capable de déployer la fibre optique, il faut demander un permis pour chaque poteau. On parle ici de dizaine de milliers de permis. Et qui est responsable de l’émission de ces permis : Bell Canada.

Pour une entreprise qui se targue d’avoir « l’Internet classé le plus rapide au Québec », et bien ce n’est sûrement pas la même vitesse pour les permis! C’est avec un surprenant souci du détail que l’entreprise étudie chaque demande et avec une très grande parcimonie qu’elle délivre quelques permis, par-ci par-là. Une bureaucratie inutilement complexe qui vient stratégiquement ralentir et souvent bloquer les travaux entrepris par les MRC et les OBNL. Il y a de quoi s’outrager de cette situation.

De plus, l’organisme qui demande la permission de passer sur un poteau doit payer pour les réparations, légères ou majeures. Ainsi, une entreprise privée laisse dépérir ses infrastructures pendant des décennies, engrange des profits faramineux, et fait maintenant payer les réparations par les MRC et les gouvernements. C’est ridicule.

Comme il l’a fait dans Charlevoix en 2018 pour la venue du G7, le gouvernement fédéral a le pouvoir d’accélérer le déploiement et d’autoriser les MRC et organismes afin qu’ils puissent connecter les citoyens ruraux le plus rapidement possible.

Le premier ministre Trudeau a indiqué lors de sa conférence quotidienne du 1er juin 2020 qu’il souhaitait que l’économie reparte et aider les municipalités du Canada. Pour de nombreux citoyens en région, nous souhaitons que les MRC et les OBNL que les gouvernements ont subventionnés aient la permission de déployer rapidement Internet haute vitesse. Et comme le déploiement ne peut se faire en hiver, il faudrait que cette autorisation arrive bientôt.

Ainsi, nous pourrions, comme Monique, voir la nouvelle saison de Claude Legault cet automne. Et aussi accessoirement faire du télétravail, suivre de la formation à distance, faire des achats locaux en ligne, favoriser l’émergence de commerces, contribuer à la vitalité de nos régions, etc.

Janyse L. Pichette

Sainte-Ursule