Saint-Barnabé peine à trouver un entrepreneur en déneigement
ENTRETIEN. Alors que l’hiver est à nos portes, la Municipalité de Saint-Barnabé s’est dernièrement retrouvée bien malgré elle confrontée à une problématique qu’elle n’avait jamais vécue auparavant et qu’elle ne pouvait pas non plus anticiper en lien avec ses services municipaux.
Le 4 juillet 2016, le conseil municipal de Saint-Barnabé a adopté une résolution ayant pour effet d’accorder un contrat d’une durée d’un an à un entrepreneur de Charette afin d’assurer le déneigement de ses routes municipales, et ce, avec possibilité de renouvellement pour les quatre années suivantes.
Cependant, en juin dernier, le président de la compagnie a informé la municipalité qu’il n’entendait pas utiliser la clause de renouvellement au contrat pour les deux dernières années, soit 2019-2020 et 2020-2021. L’obtention d’un contrat plus alléchant dans une municipalité voisine et le manque de main-d’œuvre pour assurer le service à Saint-Barnabé figurent parmi les raisons évoquées dans cette décision.
Or, la municipalité a été forcée d’aller en appel d’offres publics à trois reprises (3 juillet, 12 août, 9 septembre) afin de trouver un nouvel entrepreneur habile à déneiger les 27 kilomètres de rues de la localité, mais le résultat a toujours été le même: aucune soumission n’a été reçue.
Compte tenu de cette situation extraordinaire, Saint-Barnabé attend maintenant l’autorisation de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation de se prévaloir des dispositions de l’article 938.1 du Code municipal du Québec afin de lui permettre d’octroyer un contrat d’une durée de deux ans et dont la valeur est de 324 918 $ plus taxes à un entrepreneur de Yamachiche sans passer par le processus administratif et légal habituel.
«Nous avons procédé par invitation et c’est finalement de cette façon que nous avons réussi à trouver un entrepreneur pour déneiger nos rues. La loi nous permet de faire ça, mais ça prend l’approbation de la ministre. Sinon, on chercherait probablement encore. En plus, personne dans notre municipalité n’avait les équipements adéquats pour faire le travail. Il faut comprendre que l’hiver 2018-2019 a été extrêmement difficile pour les entrepreneurs en déneigement et l’aspect le plus problématique actuellement, c’est la main-d’œuvre! Elle est vieillissante et il ne semble pas avoir de relève. Il manque d’employés partout et les compagnies font une sélection des contrats», relate Michel Lemay, maire de Saint-Barnabé.
«C’est un problème que je n’avais jamais vu de toute ma carrière en politique»
– Michel Lemay
Ce dernier indique s’être penché avec son conseil municipal sur plusieurs scénarios avant d’opter pour cette option. «On s’est cassé la tête et on a fait beaucoup d’appels pour trouver un entrepreneur. On a aussi évalué beaucoup de choses, dont la possibilité de conclure des ententes avec des municipalités voisines autonomes ou faire l’acquisition de notre propre machinerie, par exemple. Ça demande des investissements, des infrastructures et du personnel aussi pour opérer ces équipements. On a finalement décidé autre chose», reconnait le maire.
D’ailleurs, Michel Lemay admet que la facture liée au déneigement aura un impact important sur le budget municipal et entraînera une hausse du compte de taxes pour les citoyens.
«Nous n’avons pas le choix de payer plus cher pour avoir ce service qui m’apparaît essentiel. Ça va malheureusement se traduire par une augmentation d’environ cinq cents sur le taux de taxation. C’est un problème que je n’avais jamais vu de toute ma carrière en politique. On n’a plus le choix et on doit payer», soupire M. Lemay.
Habituée à débourser 3440$ le kilomètre, Saint-Barnabé devra débourser 5939$ du kilomètre pour la première année du nouveau contrat et 6028$ pour l’année suivante.
«Un signal clair»
La problématique que vient de vivre Saint-Barnabé représente une lumière rouge aux yeux du maire. «C’est un signal clair qui démontre que les municipalités devront probablement revoir leurs façons de faire. Le monde municipal devra se remettre en question. Il faudra revoir nos structures, nos ressources et voir peut-être à créer éventuellement des regroupements pour certains services. On a déjà commencé les démarches au niveau des services de sécurité incendie et il faudra peut-être aller plus loin», précise M. Lemay.
«On aurait probablement avantage à travailler encore plus ensemble. C’est facile de le dire, mais c’est lorsque vient le temps de mettre ça concret que c’est un peu plus difficile», termine M. Lemay.
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