Des pratiques agricoles plus écologiques

Ferme maraîchère Frigon

AGRICULTURE. Les consommateurs se préoccupent de plus en plus de la façon dont leur nourriture est produite et transformée. En contrepartie, les producteurs doivent s’adapter à cette nouvelle réalité.

La Ferme maraîchère Frigon, bien établie à Louiseville, a justement fait le choix cette année de mettre de côté la culture conventionnelle pour satisfaire les besoins des consommateurs. L’entreprise a mis en place des pratiques agricoles beaucoup plus écologiques dans le but de se démarquer et d’offrir des produits de plus grande qualité. Elle a notamment aboli l’utilisation des fongicides, herbicides et insecticides pour la presque totalité de ses fruits et légumes, en plus d’utiliser des prédateurs pour éliminer certains insectes. «C’est une approche différente qui me tenait vraiment à cœur. C’est un changement dans nos façons de faire, mais c’est le consommateur qui va en bénéficier. On constate déjà de bons résultats depuis le début de la saison. La qualité des produits récoltés est supérieure, l’abondance est là et tout ça attire une grande clientèle. Évidemment, la météo joue un rôle important, mais comme producteur, nos décisions et nos actions ont aussi une influence sur les récoltes», raconte Pier-Olivier Frigon, propriétaire de la Ferme maraîchère Frigon.

À travers quelques essais-erreurs dans les variétés de fruits et légumes qu’il cultive, M. Frigon souhaite trouver la meilleure formule possible pour réduire son empreinte écologique, répondre à une forte demande pour les produits locaux et développer une fidélité avec sa clientèle. «Les consommateurs recherchent une proximité avec le producteur. C’est à nous de bien les informer. J’essaie de créer des liens avec eux et de bien les diriger à travers leurs choix toujours selon leurs intérêts et leurs goûts. C’est une nouvelle mission que je me donne d’éduquer mes clients sur les caractéristiques de mes produits. En retour, je peux leur proposer ce qu’ils aiment», confie-t-il.

Pier-Olivier Frigon a pris le relais de la ferme familiale en 2016 et depuis, il a toujours préconisé les méthodes manuelles pour cultiver. «Je fais beaucoup d’efforts pour me démarquer des autres fermes avec des produits plus sains et de meilleures qualités. Je suis plus attentionné autant sur les terres qu’avec la clientèle. Jusqu’à maintenant, je crois que ça rapporte», mentionne M. Frigon, lequel indique viser l’obtention d’une certification biologique prochainement.

Forte concurrence

La Ferme maraîchère Frigon a réduit sa présence dans les marchés d’alimentation de la région pour se concentrer davantage sur la vente à la ferme. Bien qu’elle ait encore un pied à terre dans certaines épiceries en Mauricie et dans Lanaudière, l’entreprise louisevilloise a revu son modèle d’affaires en tenant compte de la compétition. «Je cultive des fruits et légumes goûteux et de qualité. Mes variétés produisent aussi des aliments d’une bonne taille. Présentement, il y a une compétition entre les épiceries et le but c’est toujours d’avoir le prix le moins cher possible sans tenir compte de la qualité. Les épiciers habituent la clientèle à toujours acheter le moins cher. Ils auraient plutôt avantage à promouvoir nos produits locaux qui sont pourtant offerts à un coût abordable», déplore le producteur.

«Ce qui nous fait le plus mal, ce sont les spéciaux des grandes bannières qui permettent d’afficher des prix réduits en raison du volume d’achat et les fermes de l’extérieur qui fournissent sans se préoccuper de rien. C’est pourquoi c’est de plus en plus difficile d’accoter les prix des épiciers. Ça fait mal à nos fermes qui sont soucieuses d’offrir de la qualité. Il faut parfois choisir nos combats», laisse tomber Pier-Olivier Frigon.

Cette réalité est malheureusement constatée dans plusieurs petites fermes maraîchères de la région qui tentent tant bien que mal de tirer leur épingle du jeu.

Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon