Une vie à la Robinson Crusoé
ENVIRONNEMENT. Depuis deux ans, Yann Bellemare habite, hiver comme été, dans un abri forestier sans eau, ni électricité.
Sur son lopin de terre situé à environ un demi-kilomètre de l’entrée du parc national de la Mauricie, du côté du secteur Saint-Gérard-des-Laurentides, il met en pratique ce qu’il étudie et observe depuis quinze ans. «J’ai été voir les earthships (maisons de pneus), les yourtes mongoles et là, j’étais rendu à réaliser mon propre projet.»
Dans son refuge de 160 pieds carrés, le maximum permis par la règlementation municipale, il pratique la simplicité volontaire. «J’ai rien pis j’ai tout en même temps», sourit celui qui est postier de profession.
Pour récolter son eau, Yann Bellemare a enterré à la verticale derrière son abri quatre drains en plastique pour recueillir l’eau de pluie descendant de son toit. «Ça me donne une capacité de 3500 litres lorsqu’ils sont pleins», souligne celui qui consomme en moyenne de 150 à 200 litres d’eau par semaine (le Québécois moyen en dépense plus de 500 litres… par jour).
Ses murs de 36 pouces d’épaisseur sont constitués de coffrages remplis de sables mais Yann Bellemare voudrait dans un autre projet utiliser plutôt les résidus inutilisés dans les centres de recyclage. «L’hiver dernier et le précédent qui ont été très froids, il faisait 15 degrés Celsius à l’intérieur.» Sa verrière sur la devanture de son refuge génère également beaucoup de chaleur lors des journées ensoleillées.
Quant à ses eaux usées, elles sont dirigées vers un réservoir de 200 litres dans lequel il verse ses matières organiques. Celles-ci produisent des enzymes qui transforment les résidus solides en liquides.
Ses seules sources d’énergie sont deux panneaux solaires qui lui permettent de s’éclairer et d’approvisionner son ordinateur, un écran de télévision, quelques petits appareils électroménagers et un réfrigérateur. Un système de tuyauterie incorporé à un petit poêle à bois lui permet d’avoir de l’eau chaude lorsqu’il en a besoin.
Au stade où il en est présentement, Yann Bellemare tente de tout automatiser les opérations dans son abri à partir d’une console qu’il a fabriquée, mais qu’il lui reste à perfectionner.
Le Robinson Crusoé mauricien bénéficie d’un support financier d’un homme d’affaires qui mise sur le concept révolutionnaire du projet. «À terme, il veut commercialiser mon prototype. Pour ma part, je suis comme en immersion pour démontrer qu’on peut vivre sans eau, ni électricité tout en conservant nos habitudes de Nord-Américain», termine-t-il.