Profession: armurier
MEDIÉVAL. S’il avait l’opportunité de reculer dans le temps, Éric Dubé vivrait à l’époque du Moyen-Âge à Milan, en Italie, à fabriquer des armures pour les chevaliers du royaume.
Faute de matérialiser son souhait, le résident de Saint-Mathieu-du-Parc recrée dans son atelier ces costumes métalliques qui protégeaient les soldats lors de sanglantes guerres survenues il y a plus de 600 ans.
On compte sur les doigts d’une main les armuriers au Québec mais Éric Dubé est le seul à vivre de sa passion. Ce membre fondateur du Duché de Bicolline est arrivé en Mauricie en 1999 mais il avait commencé douze ans plus tôt à marteler des feuilles de métal.
«Au départ, je cherchais une armure pour décorer mon appartement mais je me suis rendu compte qu’on ne trouvait pas ça à tous les coins de la rue. C’est comme ça que j’ai commencé.»
Le Longueuillois d’origine compte des clients sur presque tous les continents. Des passionnés qui sont prêts à débourser plus de 35 000$ pour posséder une armure complète comme celle des chevaliers médiévaux. Quelques semaines avant notre passage, un Brésilien était venu se faire mouler le corps. «Il faut que l’armure te fasse comme un gant. Même si tu es recouvert de métal, si elle est bien faite, tu pourras faire pratiquement n’importe quel mouvement», explique Éric Dubé.
L’artiste fabrique des armures plus simples pour des passionnés qui prennent part à des jeux de rôle comme la Grande bataille de Bicolline mais de plus en plus, son talent est mis au service de jouteurs professionnels qui participent à des combats à cheval équipés de lances comme à l’époque. «Ces tournois se déroulent surtout en Europe. C’est une vraie lance avec une vraie pointe d’acier, avec un vrai gars qui se précipite vers toi sur un vrai cheval qui galope à 35 km/h», sourit Éric Dubé.
«Je ne suis pas le meilleur mais plusieurs armuriers parmi les plus réputés en Europe ont commencé en regardant mon travail sur le web»
– Éric Dubé
Ce sont ces armures qui valent le prix d’une voiture neuve. «Tout est fait en acier trempé pour résister aux coups car c’est très dangereux comme combat.» S’il s’y consacrait à temps plein, il lui faudrait environ huit mois pour compléter son œuvre. «Mais j’entrecoupe avec des contrats plus faciles car c’est extrêmement exigeant comme travail.»
L’effet Games of Thrones…
Avec le temps, Éric Dubé a développé une expertise certaine dans la reproduction des armures médiévales telles qu’elles étaient fabriquées à l’époque. C’est pourquoi il regarde avec un sourire une série comme Games of Thrones. «C’est plus du fantastique que de l’historique, note-t-il. Dans ce genre de films, les stars se battent sans casque pour qu’on voie leur visage mais au Moyen-Âge, tous les chevaliers avaient leur casque dans les combats.»
La notoriété d’Éric Dubé dans la confrérie des armuriers tient beaucoup à ses vidéos disponibles sur YouTube. Vidéaste dans ses temps libres, il filme toutes les étapes de fabrication de ses pièces puis en fait des montages vidéo qu’il rend disponibles gratuitement en ligne. «Quand j’ai commencé, il n’y a personne qui voulait partager ses connaissances. Moi, je veux les partager au plus de gens possibles. Puis au bout du compte, ce sont ces making of qui m’ont permis de me faire connaître et de récolter des contrats un peu partout dans le monde», termine l’armurier.
Pour en connaître plus sur le travail d’Éric Dubé, visitez son site www.armuredube.com