Pour l’amour de la terre, des produits frais et locaux
Les Jardins du Petit-Trompe-Souris
MASKINONGÉ. La saine alimentation et l’achat local ne font plus partie d’une simple tendance, c’est un mode de vie. C’est l’avis que partagent Marc-Olivier Lacasse et Laurianne Croisetière, qui viennent de démarrer un projet agricole pour le moins audacieux.
À partir d’un rêve qu’il caressait depuis plus de 10 ans, le couple de jeunes entrepreneurs a lancé dernièrement les activités de leur toute nouvelle entreprise Les Jardins du Petit-Trompe-Souris. Cette dernière a pris racine sur des terres familiales et fertiles d’une superficie d’une acre à Maskinongé.
Les propriétaires cultivent écologiquement des légumes destinés à la fabrication de paniers qui sont vendus localement, selon les préférences des clients et les récoltes du moment, par le biais d’un système de commande en ligne. La distribution s’effectue sur une période de 18 semaines, soit du 30 mai au 31 octobre. Leur offre alimentaire comprend également des fraises, des œufs, du bœuf, du veau, de l’agneau, du porc, de la volaille, du sirop d’érable et du pain de producteurs locaux.
«Ça fait longtemps qu’on rêvait d’avoir un projet en agriculture qui nous permettrait de vendre directement au consommateur. Nous étions nous-mêmes des clients-paniers et on a adoré l’expérience. Ce qu’on aimait de ce concept, c’est de découvrir de nouveaux légumes et consommer des produits frais chaque semaine. D’un autre côté, nous avons une bergerie depuis trois ans et le besoin se faisait sentir de créer quelque chose de complémentaire à l’offre de viande», raconte Laurianne Croisetière.
Faciliter l’achat local
Conscients de l’importance qu’occupe l’alimentation dans la vie des gens, les entrepreneurs ont décidé d’offrir cette nouvelle alternative à la communauté maskinongeoise. «Comme consommateurs, d’abord et avant tout, nous trouvons ça plate pour les gens qui vivent avec des moyens financiers plus limités de ne pas pouvoir se permettre d’acheter des légumes frais et à proximité de chez eux. Manger local, ça ne devrait pas être un luxe», poursuit Marc-Olivier Lacasse.
«Manger local, ça ne devrait pas être un luxe»
– Marc-Olivier Lacasse
C’est d’ailleurs pour faciliter l’adhésion de la population envers leur projet que les jardiniers-maraîchers ont fait le choix de livrer leurs paniers à domicile. «On veut que ce soit simple et facile sinon les gens n’embarqueront pas dans notre projet. On sait que tout le monde est pressé et tout va vite. Nous avons une clientèle cible et nous voulons bien la desservir. On offre le paiement en ligne, par virement ou à la livraison.»
À sa première année d’existence, l’entreprise Les Jardins du Petit-Trompe-Souris distribue 80 paniers de légumes. «L’expansion est possible et prévue dès l’an prochain. On a l’espace pour ça. On va écouter la demande et l’offre va suivre. Dès 2020, nous aimerions franchir les 100 paniers vendus de façon hebdomadaire», prévoit M. Lacasse, lequel mise sur 40 variétés de légumes et plus de 100 cultivars en cultures intensives.
Quant aux surplus de production, à compter du 28 juin, les maraîchers tiendront un kiosque de vente de légumes tous les vendredis de 15h à 18h devant le restaurant La Caillette sur la route 138 à Maskinongé. Des ententes ont également été conclues avec les Sœurs Clément, le Magasin général Le Brun et Maski récolte pour assurer la transformation des produits afin d’éviter les pertes et le gaspillage.
Se lancer dans le vide
Dans cette aventure, les dynamiques entrepreneurs reconnaissent qu’ils doivent surmonter de nombreux défis tout aussi importants les uns que les autres. Ce projet apporte son lot de risques et les propriétaires savent bien jongler avec ça. «Notre part de risques personnels est élevée. Notre bergerie va bien et elle nous sécurise jusqu’à un certain point. Maintenant, on se consacre pratiquement à 100 % dans ce nouveau projet. C’est plus fort que nous. Nous sommes passionnés d’agriculture et c’est important pour nous de nourrir notre communauté. C’est ça qui nous stimule», confie Marc-Olivier Lacasse admettant être toujours en apprentissage.
«Il y a des risques financiers, c’est certain puisqu’on dépend de la météo et de nos productions. On manque aussi de temps pour tout faire. C’est beaucoup de gestion, de planification et de logistique. À cela s’ajoute la conciliation travail-famille, car nous avons deux jeunes garçons de trois et quatre ans. Et, on ne veut pas non plus négliger la bergerie qui fera l’objet d’une expansion cet automne», rapporte Mme Croisetière.
Heureusement, le projet des Jardins du Petit-Trompe-Souris a rapidement suscité l’intérêt de la population et la réponse est jusqu’à maintenant au rendez-vous, estiment les propriétaires. «On est pas surpris de l’engouement qu’a notre projet dans le milieu. On espérait une aussi bonne réponse. On se mettait à la place du consommateur et on savait qu’il y avait un besoin pour ça. On offre une expérience différente au consommateur. Il paie pour ce qu’il reçoit à domicile.»
Dans l’élaboration de leur projet, M. Lacasse et Mme. Croisetière avouent avoir été séduits et inspirés par le modèle d’agriculture à échelle humaine, écologique et rentable de Jean-Martin Fortier, reconnu à travers le monde pour l’ensemble de son œuvre dans la production maraîchère bio-intensive.
Distinction
Les Jardins du Petit-Trompe-Souris figurent parmi les lauréats 2019 du Défi OSEntreprendre. L’entreprise a remporté la deuxième position au niveau régional dans la catégorie Commerce. Une bourse et une visibilité non négligeable accompagnaient l’honneur récolté lors de ce concours entrepreneurial. Pour en savoir plus sur l’entreprise: http://www.jardinspts.com
Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon