Les électrochocs: entre mythe et réalité
RÉGION. Les campagnes visant à déstigmatiser les maladies mentales se sont multipliées dans les dernières années avec le résultat que plusieurs personnes n’hésitent plus à sortir au grand jour. Tout le contraire des électrochocs, une thérapie enveloppée d’un mystère, encore taboue aujourd’hui, associée à des images d’asiles psychiatriques au cinéma.
Administré aux personnes souffrant d’une dépression sévère ou résistante, l’électroconvulsiothérapie (ECT) ou sismothérapie est l’option thérapeutique la plus rapide et efficace pour traiter ce type de problème déclare la Dre Marie-Lou Bois, psychiatre à l’Hôpital du Centre-de-la-Mauricie, à Shawinigan.
«Pour un patient qui souffre d’une dépression majeure, le taux de réponse à un antidépresseur est de 60%. On tombe ensuite à 50% pour un second traitement et à 30% pour un 3e. Plus on essaie d’antidépresseurs, moins c’est efficace. En comparaison, l’ECT donne un taux de réponse à 80%», mentionne la psychiatre.
Récemment, le comité Pare-chocs à Montréal révélait que c’est à Shawinigan qu’il se donne le plus d’électrochocs au Québec, une technique que l’organisme, qui prône son abolition, décrit comme «violente, humiliante, qui n’apporte aucun bienfait qui ne peut être obtenu par d’autres moyens et qui, de plus, a des répercussions graves sur la santé physique et mentale des personnes qui la subissent.»
Une affirmation qui fait bondir la Dre Boies. «C’est un traitement qu’on doit absolument garder dans notre arsenal», défend-t-elle. «Les gens ont peur parce qu’ils associent ça à un film comme Vol au-dessus d’un nid de coucou où l’électrochoc est administré à un patient qui a un trouble de comportement.»
«C’est un traitement hyper efficace que je recommanderais même à ma mère.» – Dre Marie-Lou Bois
L’ECT est un traitement qui se donne dans une salle de réveil en présence bien sûr du psychiatre, d’un anesthésiste, d’un inhalothérapeute et d’une infirmière. Toute la séquence dure environ une dizaine de minutes entre l’anesthésie générale du patient et son réveil. «Le courant électrique que nous envoyons ne dure que quelques secondes et la convulsion qui s’ensuit est d’une trentaine de secondes en moyenne», explique la psychiatre.
Comme pour les antidépresseurs, la science ne peut expliquer clairement pourquoi les électrochocs peuvent contribuer à améliorer la qualité de vie d’une personne dépressive. «On sait que ça fonctionne mais pas comment. Les hypothèses sont que ça rend les neurones plus perméables, que ça augmente le niveau de sérotonine qui est le neurotransmetteur du bonheur.»
Vocation régionale de Sainte-Thérèse
Ne réfutant pas les chiffes de Pare-chocs, la Dre Bois en offre une explication fort simple: la vocation régionale de l’Hôpital Sainte-Thérèse, qui traite les problèmes de santé mentale, fait en sorte que ses patients proviennent de partout en Mauricie et du Centre-du-Québec. «La durée moyenne de séjour à Sainte-Thérèse est d’environ 8 mois et une fois qu’ils sortent, ces gens-là ne retournent pas toujours chez eux.»
L’autre raison qui justifie le nombre élevé d’électrochocs à Shawinigan est que plusieurs patients en ont fait leur thérapie privilégiée. «Parmi ma clientèle, j’en ai plusieurs qui font ce qu’on appelle un traitement d’entretien. Ils reviennent toutes les semaines, aux deux semaines pour recevoir un ECT. Il y en a une qui était hospitalisée un mois sur deux et là, ça fait cinq ans qu’elle ne revient que pour son traitement.»
Le TMS disponible à l’automne
Grâce à un don de 105 000$ de la Fondation du SSS de l’Énergie, le département de psychiatrie de l’Hôpital du Centre-de-la-Mauricie pourra compter à l’automne sur un nouvel appareil: le TMS pour stimulation magnétique transcrânienne.
«Au lieu d’envoyer une onde électrique, on envoie un champ magnétique qui va créer un courant dans le cerveau. Ça donne de bons résultats. C’est moins efficace que l’ECT mais ça créé beaucoup moins d’effets secondaires», explique la Dre Bois qui souligne que le traitement ne nécessite pas d’anesthésie générale.
L’un des effets secondaires les plus courants avec les électrochocs est la perte de mémoire. «Si on en donne plusieurs et on les espace moins, on a plus de chance d’avoir des problèmes de mémoire.»
Généralement, le patient la recouvrera dans les semaines et mois qui suivent l’arrêt des traitements termine la psychiatre.
Nombre d’intervention à Shawinigan
- 2013-2014…………… 305
- 2014-2015…………… 296
- 2015-2016…………… 352
- 2016-2017…………… 360