Lab-École : la fin d’une aventure novatrice

ÉDUCATION. L’histoire du modèle d’innovation du Lab-École, qui a commencé en 2017, est sur le point de se terminer. Mandaté par le ministère de l’Éducation, l’organisme intervenait sur le bâti scolaire en réinventant l’école avec les centres de services scolaires participants. C’est ce qui avait été mis en place du côté de Maskinongé, à l’école des Cerisiers.

La fin de cette expérience n’a pas été favorablement accueillie par Denis Morin, coordonnateur des services éducatifs et de l’évaluation au Lab-École, qui estime que les enjeux de la société continuent à évoluer.

« Personnellement, je pense qu’on aurait pu continuer parce qu’il reste encore beaucoup à faire pour accompagner le changement surtout que le gouvernement vient d’annoncer des investissements majeurs, dans les prochaines années, dans le domaine de l’éducation », déclare M. Morin.

Selon lui, les infrastructures scolaires devraient répondre aux besoins d’éducation d’aujourd’hui et de demain au Québec et que ceux-ci amèneront des aménagements à faire.

« Je pense que de ce côté-là, le Lab-École a bien fait les choses parce qu’on avait un mandat qui reposait sur trois éléments et que nous avons réussi à les réaliser. »

Selon M. Morin, le premier élément était de recenser, au Québec et ailleurs dans le monde, les meilleures pratiques en termes de bâtis scolaires. Cela a été traduit par la publication de Penser l’école de demain, un guide dédié à l’ensemble des centres de services scolaires, mais aussi au monde de l’architecture sur le bâti scolaire.

« Le deuxième élément était d’accompagner six centres de services scolaires dans des projets de construction et d’agrandissement majeur. Il nous reste une dernière école à inaugurer à Gatineau le printemps prochain », ajoute le Shawiniganais.

Quant au dernier élément, l’engagement était de nourrir la réflexion sur l’architecture au niveau des nouveaux principes de construction et d’agrandissement des écoles .

« Donc, je pense que le mandat d’architecture qui était accordé au Lab-École a été bien rempli. Je pense qu’on peut dire mission accomplie », estime le coordonnateur des services éducatifs et de l’évaluation.

M. Morin espère que les centres de services scolaires, qui sont engagés dans ce projet, vont continuer le travail de son équipe.

Première recherche en son genre

Pour une première fois au Canada, une recherche scientifique s’intéresse aux incidences du bâti sur la persévérance, sur la réussite des élèves et sur les conditions de pratiques professionnelles.

« En 2020, on a lancé un appel à projets auprès de toute la communauté universitaire. On a un consortium qui est piloté par les chercheurs Jonathan Bluteau et Mélissa Goulet de l’Université du Québec à Montréal. Ils ont réuni autour d’eux une quinzaine de chercheurs; certains viennent de l’UQTR et de l’Université Laval, tandis que d’autres représentent trois universités européennes : Fribourg, en Suisse ainsi que Paris-Cité et Cergy Paris en France », explique Denis Morin.

Ces chercheurs tentent de comprendre de quelle façon les espaces et les ambiances de ces écoles impactent les comportements humains, ainsi que de saisir comment les gens utilisent l’environnement scolaire pour vivre l’école et pour y réussir.

« Ce qu’on va chercher, c’est si cela favorise chez les enfants le sentiment d’appartenance, le bien-être, l’attention, la concentration? Est-ce que ça favorise l’esprit collaboratif? Est-ce qu’un enfant dans un Lab-École bouge plus qu’un enfant dans une école traditionnelle? », se demande M. Morin.

Ces recherches s’intéressent aussi aux conditions du personnel pour voir si ces espaces augmentent ou diminuent le stress du travail des intervenants scolaires et si les compétences professionnelles sont maximisées ou pas.

« Les chercheurs qui nous suivent, et qui vont dévoiler leurs résultats au printemps prochain, vont continuer de s’intéresser au sujet et je pense qu’on a créé le mouvement, le reste va se faire au fur et à mesure », souligne Denis Morin.

Une journée atypique

Selon le coordonnateur, on ne peut pas parler d’une journée typique pour les élèves qui fréquentent ces écoles.

« Les projets que nous travaillons avec les centres de services scolaires sont différents d’une place à l’autre. C’est un parcours de l’enfant dans une journée qui est fort différent de l’école traditionnelle. L’élève que nous avons dans un Lab-École est dans l’adoption d’un mode de vie actif, car ce ne sont pas toutes les activités de sa journée qui se déroulent dans sa classe », mentionne M. Morin.

Il explique que ces classes débordent sur des espaces collaboratifs qu’on ne retrouve pas dans les écoles traditionnelles.

« Dans les 70 dernières années, on a bâti des écoles à peu près sur le même modèle. On appelle ça des écoles duplessistes, c’est-à-dire des classes sans façade, des classes qui donnent sur la cour d’école, et en même lieu, un grand corridor avec des vestiaires de chaque côté. Dans les nouvelles écoles, les vestiaires sont à l’entrée, les enfants vont monter par différentes entrées dans l’école, ils vont passer de la classe à la cuisine pédagogique avant de joindre le laboratoire créatif ou aller travailler dans un carrefour d’apprentissage voire consulter une bibliothèque dont le rayonnage est éclaté sur une grande partie de l’espace scolaire », conclut Denis Morin.