Un Ursulois qui a laissé sa marque au Pérou

VOCATION. Le décès le 14 juin dernier à Nicolet d’un religieux de 93 ans, natif de Sainte-Ursule, a eu des échos jusqu’au Pérou où un buste le représentant a été dévoilé au début de l’automne en mémoire de son œuvre vouée à l’éducation.

Membre de la congrégation des Frères de la Charité (FC), Bernard Boulay a passé plus de 50 ans dans ce pays d’Amérique du Sud composé de 34 millions d’habitants. Avec d’autres Frères de la Charité, il y a fait sa marque en démarrant et dirigeant une école technique – Jésus Obrero ou Jésus Ouvrier en français – où les élèves apprenaient à devenir électricien, menuisier, mécanicien, etc.

« Il était plus Péruvien que Québécois », témoigne sa sœur Catherine Boulay, une résidente de Sainte-Ursule qui a tenu à contacter L’Écho pour faire connaître l’hommage rendu à son frère.  Avant d’arrivée au Pérou, Bernard Boulay avait passé six ans à Cuba, entre 1955 et 1961, mais lors de l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro en 1959, les institutions privées d’enseignement furent confisquées et éventuellement, l’Ursulois avait dû quitter le pays dans le tumulte. « Il nous avait raconté qu’à son départ, une balle lui avait sifflé tout près de la tête », se rappelle sa sœur.

Le religieux ne demeura que quelques mois au Québec avant de mettre le cap à Comas, un district en banlieue de Lima, la capitale du Pérou. Bernardo Boulay Turner comme on l’appelait là-bas – les Péruviens portent toujours les noms de famille de leur père et de leur mère – a littéralement changé la vie de milliers de jeunes en leur donnant l’occasion d’apprendre un métier. « Il était tellement aimé là-bas », souligne Catherine Boulay.

Il est en effet difficile d’en douter alors que le nom de Bernardo Boulay Turner a été donné à deux écoles primaires au Pérou – une à Lima et une seconde à San Martin de Porres – et à une portion de l’autoroute menant à Lima.

Sa renommée au Pérou était telle que l’ambassade canadienne lui avait déjà demandé de se rendre dans le pays voisin, la Bolivie, pour évaluer les écoles techniques que le Canada aidait financièrement. Plus tard, la haute direction de sa congrégation lui demanda de se rendre en Côte d’Ivoire, en Afrique, pour y ouvrir une école technique. Autre indice de la notoriété au Pérou de l’école Jésus Obrero et de son directeur, le président du pays dans les années 1980, Fernando Belaunde, y fera une visite guidée en compagnie du Frère Boulay.

« Son espagnol était tellement bon que les Péruviens pensaient qu’il était natif du pays tout en ne comprenant pas pourquoi il n’avait pas la couleur de leur peau », raconte avec le sourire dans la voix sa sœur.

L’inoubliable Bernardo

Quelques semaines après son décès au Québec cet été, le chroniqueur d’un média péruvien écrivit un billet intitulé El inolvidable Bernardo Boulay de Comas (L’inoubliable Bernardo Boulay de Comas).  « Malheureusement, il y a quelques semaines, il est parti pour l’éternité et laisse un vide immense difficile à combler. Nous nous souvenons de lui comme d’un administrateur efficace de l’école Jesús Obrero de Comas, à laquelle il a consacré son amour et toute son énergie pour nous léguer l’exemple et le chemin pour gérer efficacement une institution, en particulier une institution de formation technique de qualité », écrivait Sixto Sarmiento dans sa chronique.

C’est en 2017, à l’âge de 87 ans, que Bernard Boulay revient définitivement au Québec, affaibli par des problèmes de santé. Habitant la résidence des Sœurs de l’Assomption à Nicolet, réservée aux religieux retraités, l’Ursulois y vivra ses dernières années tout en gardant contact avec ses amis péruviens. « Quand il est revenu, il recevait des centaines de courriels par jour. Puis un jour, quand j’étais avec lui à Nicolet, un Péruvien est venu lui rendre visite. Il habitait New York et il avait appris son métier à l’école de mon frère. Il venait le remercier », témoigne Catherine Boulay.

Signe de la gratitude des Péruviens à son égard, un buste portant l’inscription Bernardo Boulay Turner a été inauguré devant l’école Jésus Obrero le 24 septembre dernier.