C.-B.: Ottawa demande un retour à la table des négociations dans le conflit portuaire
VANCOUVER — Le gouvernement fédéral exhorte les deux parties du conflit portuaire de la Colombie-Britannique à revenir à la table des négociations après l’échec de la ronde menée sous médiation samedi pour mettre fin au lock-out dans les terminaux à conteneurs qui en est à sa deuxième semaine.
Une déclaration publiée lundi par le bureau du ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, indique que les employeurs portuaires et le syndicat représentant plus de 700 contremaîtres de débardeurs «doivent comprendre l’urgence de la situation».
La déclaration exhorte les deux parties à «faire le travail nécessaire pour parvenir à une entente», ajoutant que «les Canadiens comptent sur eux».
Le lock-out dans les terminaux à conteneurs de la Colombie-Britannique, y compris ceux de Vancouver, le plus grand port du Canada, a commencé la semaine dernière après que l’Association des employeurs maritimes de la Colombie-Britannique (BCMEA) a déclaré que les membres de la section locale 514 des contremaîtres de navires et de quais du Syndicat international du débardage et de l’entreposage (ILWU) ont commencé une grève en réponse à une «offre finale» des employeurs.
Le syndicat a soutenu que le plan ne prévoyait qu’une interdiction des heures supplémentaires et un refus de mettre en œuvre une technologie d’automatisation, qualifiant le lock-out à l’échelle de la province de réaction excessive et imprudente.
Samedi, les deux parties ont entamé des pourparlers sous médiation qui devaient durer jusqu’à trois jours, après que le ministre MacKinnon a parlé aux deux parties et a déploré sur les réseaux sociaux qu’il y avait un «manque d’insistance inquiétant» pour résoudre le conflit.
Mais le syndicat a affirmé que les pourparlers ont duré «moins d’une heure» samedi, sans résolution, accusant les employeurs de les avoir interrompus.
Les employeurs ont nié avoir mis fin aux pourparlers, affirmant de leur côté que le médiateur avait conclu les discussions après «qu’il n’y ait eu aucun progrès» dans les négociations menées séparément avec l’association et le syndicat.
«La BCMEA s’est rendue à la réunion avec un esprit ouvert et en cherchant à parvenir à un règlement négocié à la table des négociations», ont écrit les employeurs dans un communiqué.
«Dans un effort sincère pour mettre un terme à ces négociations prolongées, la BCMEA a présenté une offre compétitive à la section locale 514 de l’ILWU… l’offre n’exigeait aucune concession de la part du syndicat et, si elle avait été acceptée, aurait mis fin à ce conflit.»
Les employeurs ont précisé que l’offre comprenait une augmentation salariale de 19,2% sur une période de quatre ans ainsi qu’un paiement forfaitaire moyen de 21 000 $ par travailleur qualifié, mais le syndicat a déclaré qu’elle n’abordait pas la question des niveaux de dotation en personnel, compte tenu de l’avènement de la technologie d’automatisation portuaire dans des terminaux tels que le Centerm de DP World, à Vancouver.
Après l’interruption des négociations, le syndicat a accusé les employeurs de «faire preuve d’un mépris flagrant pour la gravité de leur lock-out».
Le président de la section locale 514, Frank Morena, a indiqué dans un communiqué samedi que le syndicat «appelle les employeurs individuels qui gèrent les terminaux à ordonner à leur agent négociateur – la BCMEA – de revenir à la table des négociations».
«Nous croyons que les employeurs individuels qui gèrent les terminaux doivent intervenir et ordonner à leur agent négociateur de revenir à la table et d’entamer des négociations pour mettre fin à la confrontation», a écrit M. Morena.
Aucune autre discussion n’est prévue pour le moment.
Selon le Code canadien du travail, le ministre du Travail ou l’une ou l’autre des parties en conflit peut demander à un médiateur de «formuler des recommandations pour le règlement du conflit ou du différend».
De plus, l’article 107 du Code confère au ministre des pouvoirs supplémentaires pour prendre des mesures qu’il «estime de nature à favoriser la bonne entente dans le monde du travail et à susciter des conditions favorables au règlement des désaccords ou différends qui y surgissent», et pourrait ordonner au Conseil canadien des relations industrielles «de prendre les mesures qu’il juge nécessaires».
Liam McHugh-Russell, professeur adjoint à la Schulich School of Law de l’Université Dalhousie, a souligné que l’article 107 «est très vague quant à ce qu’il permet à un ministre de faire».
Selon lui, «tout ce qu’il dit, c’est que le ministre peut renvoyer un problème et une solution à la Commission du travail. Ils peuvent demander à la Commission du travail de tenter de résoudre le problème.»
«Peut-être que le ministre tentera de le faire, a suggéré M. McHugh-Russell. Cela reste à voir.»
L’autre option, si les pourparlers par médiation échouent — au-delà de la recherche d’une solution par les parties elles-mêmes — serait un retour au travail par voie législative, ce qui serait une exception au mode normal de négociation des relations de travail en vertu du Code du travail. Mais le Parlement ne devrait pas siéger cette semaine et reprendra ses travaux le 18 novembre.
Le conflit de travail dans les ports de la Colombie-Britannique se produit au même moment qu’un autre conflit perturbe Montréal, le deuxième plus grand port du Canada. Les employeurs montréalais ont mis en lock-out près de 1200 travailleurs dimanche soir, après qu’une offre «finale» n’a pas été acceptée, ce qui a considérablement réduit les opérations.