La Nuit des Sans-abris s’invite à Louiseville
ITINÉRANCE. Une nuit de sensibilisation aux questions relatives à l’itinérance dans la MRC de Maskinongé est organisée ce vendredi 18 octobre à la place Canadel à Louiseville.
L’Escouade itinérance est l’organisme derrière la première édition dans la communauté de cet événement qui s’inscrit dans le cadre des Nuits des sans-abri qui se tiennent partout au Québec.
« Certes, c’est la première fois que cet événement se présente à Louiseville. Cependant, nous avons accumulé beaucoup d’expérience grâce à notre travail sur le terrain et aussi grâce à nos participations et collaborations dans des événements pareils », précise Karine Trahan, directrice de l’Escouade itinérance.
Selon l’organisme, l’objectif de cette nuit et de conscientiser la communauté aux questions relatives à l’itinérance dans la MRC de Maskinongé. Lors de cette édition, les organisateurs aborderont des sujets tels que l’itinérance cachée, à travers des témoignages et des échanges.
Martin Fiset, vice-directeur de l’organisme, souligne que ce phénomène existe dans la MRC, même si on le voit peut-être pas autant qu’ailleurs. « Ce n’est pas comme au centre-ville de Trois-Rivières, par exemple, où on voit des personnes couchées dans les rues », ajoute-t-il.
Une marche de solidarité débutera à 20 h 30. Des repas, des cafés et des collations seront offerts aux participants par les organisateurs de cette nuit d’automne.
Un organisme omniprésent dans la MRC
L’Escouade itinérance, qui existe depuis 2018, offre un service de soutien et d’accompagnement pour les personnes en situation d’itinérance ou propice à le devenir dans les 17 municipalités de la MRC.
« On est une équipe de terrain, on fait de la gestion de crises partout dans la MRC. On est joignable 24/7 par téléphone, parfois les gens nous appellent pour briser la solitude ou pour un repas et un café chaud pour affronter les nuits de plus en plus froides », mentionne la directrice Karine Trahan.
Selon Martin Fiset, les gens sont de plus en plus expulsés ou menacés de l’être avec cette crise de logement qui frappe toute la province.
« Personne n’est à l’abri de ça, il suffit de deux ou trois mauvais coups qui arrivent en même temps pour se retrouver dans la rue », croit-il.
Pour cet événement, l’Escouade itinérance collabore avec plusieurs organismes dans la région, tels que la maison des jeunes Au bout du monde à Saint-Alexis-des-Monts et à Saint-Paulin. L’organisme collabore aussi avec des partenaires comme Info Logis, le Groupement pour la défense des droits sociaux de Trois-Rivières (GDDS) et le centre des femmes de la MRC.
Il y a trois ans, la tranche d’âge de notre clientèle était de 25 à 50 ans. Dernièrement, nous sommes intervenus auprès des jeunes de 17-18 ans ainsi que des personnes âgées de 70 ans et plus
Martin Fiset
Une équipe très sollicitée
En 2023, l’Escouade itinérance a reçu 194 demandes en provenance des personnes dans le besoin ou de leurs proches, de divers partenaires du milieu et des services publics.
« Sur ces demandes, nous avons répondu à 21 interventions terrain pour des situations de crises (détresse psychologique, idées suicidaires, cirses psychotiques en lien avec la consommation de substances). Sur ce nombre, ce sont 19 gestions de crises qui ont été réalisées en partenariat avec les policiers, le 811 ou autres partenaires », indique Karine Trahan.
D’ailleurs, l’organisme était responsable de la ligne d’urgence, au niveau de la MRC, à l’approche du 1er juillet dernier.
« Ça m’a beaucoup interpellé la présence de plusieurs familles parmi les personnes qui se sont retrouvées sans logement après le 1er juillet », se souvient Mme Trahan.
« Il y avait des mères monoparentales avec des enfants de bas âges et des enfants qui vont à l’école. Cela nous a laissés vraiment impuissants, ajoute-t-elle. Tout ce que nous avons pu faire c’était de leur proposer des tentes dans un terrain de camping. Au moins, cela les a gardées proches des services, pour faire leur lavage », ajoute-t-elle
Dernièrement, l’organisme reçoit de plus en plus d’appels concernant des personnes se couchant dans des entrées de commerces ainsi que celles qui dorment dans leurs voitures ou chez leurs familles ou amis.
« On travaille présentement avec 26 personnes. Cependant, je suis consciente qu’il y a d’autres personnes qui ont eu le même sort, mais que nous n’avons pas encore pu les joindre ou qu’ils ne sont pas encore prêts à demander de l’aide », selon Karine Trahan.
Son co-fondateur signale l’augmentation de taux de femmes, de jeunes et des personnes âgées parmi les personnes dans le besoin.
« Certaines femmes prennent le risque de rester dans des places non sécuritaires, avec des personnes dangereuses pour elles, que d’aller dans les rues », témoigne M. Fiset.
En attendant les subventions, la communauté fait des dons
Malgré sa présence sur le terrain et sa collaboration concrète avec la SQ et les services du 811, l’organisme attend toujours des subventions qui amélioreraient ses services offerts. Une demande de subvention a été faite dans le cadre du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) et on est toujours en attente d’une réponse.
« Nous avons l’intention d’élargir nos services et c’est ce qu’on a expliqué, entre autres, en faisant la demande de la subvention au PSOC. Il y a plusieurs services de proximité qui manquent dans la région. Nous avons envie de remplir ce vide. »
Aujourd’hui, c’est grâce aux dons de la communauté que l’organisme continue à offrir des repas et des vêtements aux personnes dans le besoin.
« Les gens et les commerces de la région nous supportent. On a pu développer des partenariats pour réaliser notre mission », rappelle Martin Fiset.
Karine Trahan invite les gens à devenir membres de l’organisme. « Cela coûte 25 $, on décompte maintenant une soixantaine de membres. C’est une autre façon pour contribuer à notre mission », ajoute-t-elle.
Les co-fondateurs sont d’accord qu’avec l’augmentation de l’itinérance dans la région, l’aide de la population n’est plus suffisante. Selon eux, le manque du service dans la MRC se fait beaucoup sentir avec le manque de place d’hébergement. Les centres les plus proches sont à Trois-Rivières ou à Shawinigan.
« L’hiver dernier, cinq personnes de la région ont été envoyées à la Halte-Chaleur de l’organisme trifluvien Point de rue. Nous trouvons que ce n’est pas toujours bien de délocaliser une personne vulnérable comme ça. Ce n’est pas facile de créer des liens avec de nouveaux intervenants », concluent les deux responsables bénévoles.