Israël affirme que son raid sur Beyrouth a tué un haut responsable du Hezbollah

Israël a lancé vendredi une frappe aérienne rare qui a tué un haut responsable militaire du Hezbollah dans un quartier densément peuplé du sud de Beyrouth, a déclaré l’armée israélienne. Il s’agit de la frappe la plus meurtrière de ce type sur la capitale libanaise depuis des années, les autorités sanitaires libanaises faisant état d’au moins 14 morts et de dizaines de blessés dans l’attaque.

Le porte-parole en chef de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré que la frappe sur le district de à Dahiya, au sud de Beyrouth, a tué Ibrahim Akil, un commandant de la force d’élite Al-Radwan du Hezbollah, ainsi que 10 autres membres du Hezbollah.

«Nous allons continuer à traquer nos ennemis afin de défendre nos citoyens, même à Dahiya, à Beyrouth», a prévenu le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, décrivant la frappe israélienne qui a ciblé Akil comme faisant partie d’une «nouvelle phase de guerre».

Le Hezbollah n’a pas donné de nouvelles de la mort d’Akil, qui est survenue alors qu’une vague de bombardements en représailles entre les ennemis a fait craindre l’éclatement d’une guerre ouverte au Moyen-Orient.

Quelques heures avant la frappe israélienne, le Hezbollah a pilonné le nord d’Israël avec 140 roquettes alors que la région attendait la revanche promise par le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah pour les explosions massives de téléavertisseurs appartenant à des membres du groupe chiite cette semaine.

L’armée israélienne n’a pas fourni l’identité des autres commandants du Hezbollah qui auraient été tués lors de son attaque contre ce quartier surpeuplé, situé à quelques kilomètres du centre-ville de Beyrouth.

Le ministère libanais de la Santé a annoncé qu’au moins 14 personnes ont été tuées et 66 autres blessées dans l’attaque, qui a rasé l’immeuble où, selon l’armée israélienne, Akil avait rencontré d’autres militants au sous-sol. Neuf des blessés sont dans un état grave, a ajouté le ministère.

On ne sait pas immédiatement si le bilan des morts du ministère libanais de la Santé inclut Akil, qui a servi au sein de la plus haute instance militaire du Hezbollah, le Conseil du Jihad. Il a été sanctionné par les États-Unis pour son implication présumée dans l’attentat de 1983 qui a tué plus de 300 personnes à l’ambassade américaine à Beyrouth et à la caserne du Corps des Marines des États-Unis.

Les chaînes locales au Liban ont diffusé des images montrant de premiers intervenants fouillant les décombres d’un immeuble effondré dans le quartier de Jamous, au cœur de Dahiya, où le Hezbollah mène une grande partie de ses opérations politiques et sécuritaires.

L’attaque aérienne de vendredi, la plus meurtrière de ce type sur un quartier de Beyrouth depuis que le Hezbollah et Israël se sont livrés une guerre sanglante d’un mois en 2006, a eu lieu à l’heure de pointe, alors que les gens quittaient le travail et que les enfants rentraient de l’école.

À l’hôpital Sainte-Thérèse de Beyrouth, près du lieu de l’attaque aérienne, des foules se sont rassemblées pour donner du sang aux blessés de l’attaque.

Des roquettes en réponse

D’Israël, Yoav Gallant a dit avoir informé de hauts responsables militaires de l’attaque et a promis qu’Israël continuerait à faire pression contre le Hezbollah «jusqu’à ce que nous atteignions notre objectif, à savoir assurer le retour en toute sécurité des communautés du nord d’Israël dans leurs foyers».

Cette frappe intervient après que le Hezbollah a lancé l’un de ses bombardements les plus intenses sur le nord d’Israël en près d’un an de combats, visant principalement des sites militaires israéliens. Le système de défense antimissile israélien Iron Dome a intercepté la plupart des roquettes. Les quelques-unes qui ont réussi à passer ont déclenché de petits incendies, mais n’ont causé que peu de dégâts et aucune victime israélienne.

Le Hezbollah a décrit sa dernière vague de salves de roquettes comme une réponse aux frappes israéliennes passées sur le sud du Liban – et non comme une vengeance pour les explosions massives de téléavertisseurs et de talkies-walkies du Hezbollah mardi et mercredi, qui ont tué au moins 37 personnes et blessé 2 900 autres dans des attaques largement attribuées à Israël.

Israël n’a ni confirmé ni nié son implication dans les attaques sophistiquées de cette semaine, qui signalent une escalade majeure au cours des 11 derniers mois de conflit latent le long de la frontière israélo-libanaise.

La dernière fois qu’Israël a frappé Beyrouth, c’était lors d’une frappe aérienne en juillet qui a tué le commandant en chef du Hezbollah, Fuad Shukr.

«L’attaque au Liban vise à protéger Israël», a déclaré Daniel Hagari lors d’une conférence de presse après l’attaque de vendredi, décrivant Shukr et Akil comme les deux responsables militaires les plus proches du chef du Hezbollah, Nasrallah.

Le porte-parole de Tsahal a également accusé Akil d’avoir planifié une série d’attaques contre des soldats et des civils israéliens remontant à plusieurs décennies, notamment un plan jamais réalisé d’invasion du nord d’Israël d’une manière similaire aux attaques menées par le Hamas le 7 octobre.

Israël reste sur ses gardes, Nasrallah ayant promis jeudi de poursuivre ses frappes contre Israël malgré le «coup» humiliant qu’il a lui-même subi lors du sabotage de ses appareils de communication.

«Nous traversons une période de tension, a reconnu le contre-amiral Hagari aux journalistes vendredi. Nous sommes prêts à être en état d’alerte maximale, tant sur le plan offensif que défensif.»

Le Hamas, qui continue de combattre Israël à Gaza, a condamné la frappe israélienne visant Akil comme un «nouveau crime» et une «violation de la souveraineté libanaise».

En réponse à une demande de commentaires sur les dernières frappes à Gaza, l’armée israélienne a insisté vendredi sur le fait qu’elle avait pris «les précautions possibles pour atténuer les dommages civils» et a accusé le Hamas de mettre en danger les civils en opérant dans des zones résidentielles.

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Frankel a fait son reportage depuis Jérusalem. Les journalistes de l’Associated Press Abby Sewell, à Beyrouth ; Fatma Khaled, au Caire ; Isabel DeBre, à Buenos Aires, en Argentine ; Bassam Hatoum, à Beyrouth, et David Rising, à Bangkok, ont contribué à ce reportage.