Ambassadrice d’une tradition millénaire moldave 

AGROTOURISME. À la veille d’entreprendre sa 2e saison des vendanges à Yamachiche, Liudmila Terzi porte un regard satisfait sur la production de ses vignes jusqu’à maintenant et le nombre de visiteurs en hausse cet été.

Propriétaire avec son conjoint Richard Brasseur du Vignoble et Domaine Beauchemin depuis décembre 2022, la vigneronne en découvre encore sur l’art de faire du vin au Québec, autrement plus complexe que dans son pays d’origine, la Moldavie, fort d’une tradition viticole millénaire.

« J’y suis passé deux semaines justement au mois d’août pour visiter mes parents et mon frère qui cultivent encore des parcelles familiales. J’en ai rapporté des méthodes, notamment sur comment effaroucher les oiseaux », relate celle qui a grandi au travers les rangs de vignes dans ce pays frontalier avec l’Ukraine.

Jusqu’à maintenant, ses 14 000 pieds de vigne répartis sur 4 hectares au travers 14 cépages à Yamachiche offrent une production comparable à celle de l’an dernier qui avait été bonne. « On n’a pas eu de gel ce printemps, mais les fortes pluies cet été ont affecté certains cépages. Il y a eu aussi des dommages causés par des scarabées japonais. Au résultat, le Chardonnay qui avait été super beau en 2023 traîne un peu de la patte cet été. À l’inverse, on avait eu une très bonne production du Pinot noir l’an dernier, mais c’est encore mieux cette année », se réjouit Liudmila Terzi.

Avec 450 nouveaux plants mis en terre cet été et tout autant d’une vigne expérimentale, Vignoble et Domaine Beauchemin s’approche tranquillement des 15 000 plants, ce qui lui permet de produire bon an mal an de 12 000 à 14 000 bouteilles environ. Même si la loi lui permet, Liudmila Terzi n’achète pas de raisins de l’extérieur. « On embouteille du rouge, du blanc, du rosé produits juste avec nos raisins à Yamachiche. On a même des vins orange et des blouges qu’on obtient par la fermentation de vins blanc et rouge. »

Accompagnée par Jérémy d’Hauteville, un des meilleurs œnologues au Québec, la Moldave d’origine compte travailler dans l’avenir de plus en plus avec des monocépages, au lieu d’assembler les différents cépages comme cela se fait souvent au Québec. « On va faire encore des assemblages, mais j’aime beaucoup travailler avec les monocépages pour donner la chance à chacun de s’exprimer de sa meilleure manière. C’est aussi une façon de mettre notre terroir en valeur pour que les gens puissent comprendre ce que ça goûte un Chardonnay au Québec ou un Pinot noir au Québec. »

Des visiteurs en hausse

Les bouteilles de Vignoble et Domaine Beauchemin sont disponibles dans de nombreuses boutiques et restaurants au Québec, mais Liudmila Terzi voudrait éventuellement écouler 70% de sa production sur place. « Nous sommes sur la carte de très bons restaurants en Mauricie et Dieu sait qu’il y en des excellents dans la région. Nous sommes heureux de ça aussi parce que ça nous occasionne moins de transports. Et ça, ça veut dire moins d’émission de gaz à effet de serre même si on circule avec des voitures électriques et aussi, moins besoin de conditionner nos vins pour le transport justement. »

La vigneronne constate aussi que de plus en plus de visiteurs proviennent de la Mauricie. « On est surpris de constater que même les journées de pluie, il y a du monde qui vient. Il y a beaucoup de gens qui arrivent de Trois-Rivières et même des villages aux alentours. Ils sont curieux, mais ils sont fiers aussi de voir qu’il y a un vignoble dans leur coin », termine celle qui fait également de l’importation de vins et spiritueux moldaves au Québec au travers de son agence Les Filles du Vigneron.