« Notre société pourrait, elle aussi, mieux contrôler l’accès à l’alcool chez nos jeunes » – Nicole Lebel

Une mère de famille d’un adolescent de 15 ans, Nicole Lebel, a eu une bonne frousse lorsqu’elle a entendu frapper à sa porte, au beau milieu de la nuit. On venait l’aviser que ce dernier s’est retrouvé inconscient au centre hospitalier trifluvien à la suite d’une surconsommation d’alcool. 

La Trifluvienne s’est vite questionnée à savoir pourquoi un restaurant trifluvien lui avait permis de consommer, puis pourquoi un bar trifluvien lui avait permis l’entrée.

« Mon garçon est allé souper au restaurant pour la fête d’un ami, puis ils allaient aux feux d’artifice, organisés par le Grand Prix de Trois-Rivières. Ensuite, il allait coucher chez son ami. Or, vers 2h30, des gens ont sonné à ma porte de façon très insistante et il s’agissait des amis de la grande sœur de mon fils. Elles sont venues m’aviser que mon fils était dans un bar et qu’il avait perdu conscience après avoir été malade. Elles m’ont dit qu’il était parti en ambulance », se souvient-elle.

« Je me suis habillée aussitôt et je me suis rendue à l’hôpital. J’étais très inquiète dans la voiture et je me questionnais beaucoup. Je paniquais. Une fois sur place, l’infirmière m’a accueilli en me disant que cette situation était très ordinaire et que ça n’avait pas sens qu’on prenne cette place en civière. Je lui ai expliqué qu’il n’avait que 15 ans et qu’il n’était pas censé boire. Ensuite, on m’a plus tard expliqué, à l’urgence, que c’était une situation très fréquente. »

Le lendemain matin, la mère s’est mise à réfléchir sur notre relation avec l’alcool, en tant que société. 

« Je me demande pourquoi il y a tellement d’alcool partout et pourquoi nous, les adultes, montrons aux jeunes que c’est normal de boire. Pourquoi les publicités d’alcool ont l’air si plaisantes alors que l’alcool est une toxine qui n’est pas bonne pour la santé. Des scientifiques l’ont dit, depuis deux ans, qu’aucune quantité d’alcool n’est sécuritaire pour la santé. Comme société, on ferme les yeux. Que ce soit dans un événement social ou un événement sportif, il y a toujours de l’alcool. Il existe plusieurs cultures dans le monde où ce n’est pas comme ça. Pourquoi ici oui? », ajoute-t-elle.

« Ensuite, je suis tombée sur un article qui expliquait qu’au Québec, il y a 54 visites par jour, à l’urgence, reliées à l’alcool. Dans un autre article, je lisais que 40% des établissements de la Rive-Sud de Montréal acceptaient de vendre de l’alcool à des mineurs, en l’occurrence à des agents doubles qui ont clairement l’air mineurs. C’est inquiétant comme société. Pourquoi le restaurant a permis à mon fils de prendre deux drinks, également? »

Bref, Mme Lebel souhaitait faire connaître cette histoire pour sensibiliser la population, ainsi que les jeunes qui pourraient se retrouver dans la même situation que son fils. Dans les heures suivantes, le propriétaire du bar est entré en contact avec elle, geste qu’elle a grandement apprécié.

« Il m’a contacté et il m’a expliqué la situation. Ce n’est pas facile pour eux non plus puisqu’ils doivent souvent composer avec de fausses cartes. Il a été très gentil avec moi. Mais bon, reste qu’au Québec, l’alcool est souvent banalisé et davantage publicisé comme étant festif, célébré, mais il a plusieurs méfaits sur la santé. »

« Mon souhait, c’est qu’on soit plus alerte. Si on prend l’exemple des États-Unis, on le voit que c’est très différent. L’âge pour consommer de l’alcool est fixé à 21 ans et peu importe notre âge, ou l’endroit, on se fait vérifier nos cartes, à chaque fois. On pourrait, nous aussi, mieux contrôler l’accès à l’alcool chez nos jeunes », conclut-elle.