Nouvelle-Écosse: la pêche à l’espadon pourrait stimuler le tourisme

HALIFAX — Un groupe environnemental affirme que la flotte commerciale de harpons à espadon de la Nouvelle-Écosse pourrait générer des millions de dollars de revenus supplémentaires en amenant des touristes pour des sorties de pêche et en utilisant différents équipements.

L’Ecology Action Center souligne que le harponnage de l’espadon — lancer une longue lance dans l’eau pour attraper un poisson — est devenu une technique de plus en plus difficile et moins viable économiquement parce que l’espadon apparaît moins souvent à la surface de l’eau.

Dans un rapport publié mercredi, le centre affirme que les conditions changeantes de l’océan empêchent les pêcheurs qui utilisent cette méthode de pêche traditionnelle de remplir leurs quotas d’espadon, déjà modestes.

La solution avancée par le groupe serait pour les entreprises de pêches de passer à la pêche avec un seul hameçon et une ligne en eaux profondes — appelé équipement à canne et moulinet — et à proposer aux touristes de monter à bord pour une «expérience passionnante et unique».

Dale Richardson, président de la Nova Scotia Swordfish Harpoon Quota Society et pêcheur au harpon depuis plus de 20 ans, a expliqué que la hausse des températures de l’océan signifie que l’espadon remonte moins souvent à la surface pour se prélasser au soleil et réguler sa température corporelle.

Il a plaidé que l’ajout de la pêche à la ligne et à l’hameçon en eaux profondes est une solution «gagnant-gagnant» pour augmenter les revenus de la pêcherie et l’aider à se sortir la tête hors de l’eau après des niveaux de capture «décourageants».

Même s’il y a 184 pêcheurs au harpon agréés dans la région des Maritimes, M. Richardson a calculé que seulement 10 à 15 d’entre eux sont actifs en raison des mauvaises conditions de capture.

Il précise qu’un voyage au harpon nécessite au moins huit heures au large et peut souvent s’étendre sur cinq ou six jours. «Lorsque vous n’attrapez qu’un, deux ou trois poissons, cela devient peu réalisable», a-t-il déclaré.

Le Centre d’action écologique demande au ministère des Pêches et des Océans et à Transports Canada — qui réglemente le transport commercial de passagers — de permettre aux titulaires de permis de pêche au harpon d’utiliser des cannes et moulinets et de leur permettre de commencer à offrir des sorties de pêche sportive.

Holly Isnor, coordonnatrice de la campagne marine du groupe, a affirmé que la pêche commerciale et sportive de l’espadon est plus compliquée que celle du thon rouge, qui utilise des bateaux plus petits et reste plus près du rivage.

Elle a expliqué que les enquêtes réalisées par son groupe montrent un soutien clair au développement d’une pêcherie touristique et sportive pour permettre le maintien de l’industrie.

«Les pêcheurs veulent aller pêcher. Dans de nombreux cas, c’est quelque chose que leurs familles font depuis plusieurs générations, a souligné Mme Isnor.  Notre objectif est de voir cette pêcherie prospérer.»

Le centre affirme que les pêcheurs pourraient générer 61 000 $ en proposant trois sorties de pêche de cinq jours à deux passagers par saison, une activité touristique qui pourrait rapporter 2,5 millions $ par an si seulement 25 % des 184 titulaires de permis de pêche au harpon prenaient part à l’initiative.

En Nouvelle-Écosse, la pêche à l’espadon remonte au début des années 1900, lorsque les harpons portatifs étaient la méthode la plus courante pour capturer du poisson.

Le ministère des Pêches et des Océans alloue 10 % — ou 138,4 tonnes — des captures annuelles d’espadon du Canada aux pêcheurs au harpon, tandis que les 90 % restants sont capturés à la palangre.

L’espadon se trouve dans les eaux canadiennes du printemps à l’automne, le plus souvent près du bord du plateau néo-écossais, au large de la côte sud de la Nouvelle-Écosse et des Grands Bancs de Terre-Neuve.