Sécurité des travailleurs routiers: il reste du chemin à faire
La toute première Semaine nationale de sensibilisation à la sécurité des travailleurs routiers est en cours jusqu’à dimanche sous le thème « La protection des travailleurs de chantier, j’embarque » alors que de nombreuses routes de la Mauricie feront l’objet de travaux importants cet été.
Cette semaine de sensibilisation, qui se tiendra la deuxième semaine de juin à chaque année, est la bienvenue pour Éric Laflamme, président de l’ARISQ, l’Association regroupant les installateurs et les signaleurs du Québec, même si elle aurait pu figurer plus tôt au calendrier afin de sensibiliser les automobilistes dès le début de la saison des travaux routiers.
« La campagne va toucher les trois corps de métier de la signalisation, soit les installateurs, les signaleurs et les chauffeurs d’amortisseurs d’impact, pour sensibiliser la population à l’approche des chantiers. C’est un bon début mais ç’aurait été mieux au mois de mai parce qu’il y a des travaux commencent même avant mai. Mais c’est quand même bien. »
Les usagers de la route doivent prendre conscience de l’importante de ces métiers et faire preuve de davantage de vigilance et de prudence afin de diminuer les risques d’accident dans les zones de travaux. Le respect envers les travailleurs de la route ne s’améliorent pas avec le temps, estime M. Laflamme.
« L’impatience des gens fait qu’ils vont nous empêcher de passer ou faire une manœuvre pour essayer de nous faire peur, régulièrement. Ça va de se faire dire : « Vous me retardez, je vais arriver en retard » jusqu’à se faire lancer des choses, des canettes de liqueur, des cafés, sur les camions. »
À l’ATSRQ, l’Association des travailleurs en signalisation routière du Québec, Jean-François Dionne croit qu’avec le temps la courtoisie des automobilistes envers les travailleurs routiers s’améliore sensiblement.
« Prenez-en vous pas aux travailleurs, on fait juste notre travail. Malheureusement on est les premiers que les usagers de la route rencontrent. C’est quoi partir dix minutes plus tôt, consulter les sites comme 511 ou vérifier sur le GPS s’il y a un ralentissement. »
Ce dernier estime que la loi devient de plus en plus dissuasive avec certaines dispositions adoptées récemment.
« La nouvelle réforme entrée en vigueur le 1er juin dit que si on frappe quelqu’un qui est vulnérable – les travailleurs de signalisation sont vulnérables comme les piétons ou les cyclistes – le permis va être suspendu sept jours avec une possibilité d’amende de 3 000 $. La deuxième fois, c’est 60 jours de suspension de permis et 3 000 $ d’amende. Avec l’infraction du non-respect du signaleur qui passe de quatre à six points et toutes les nouvelles normes, on espère que le monde va comprendre que les travailleurs sont là pour la sécurité des automobilistes et de tous les usagers qui passent à travers un chantier. »
Ces dernière années, l’instauration du corridor de sécurité et l’ajout de photo-radars à l’approche des zones de travaux ont conscientisé la population à plus de prudence.
Cependant, les deux associations s’entendent pour dire que l’élément crucial qu’il manque serait une présence policière accrue à l’ouverture et la fermeture des chantiers routiers.
« Le corridor de sécurité est rarement respecté, observe M. Laflamme. Ça prend des policiers pour les prendre, ces gens-là. Et les photos radars ne peuvent pas toujours être bien positionnés sur un chantier. L’impatience des gens vient peut-être d’un manque au niveau de la formation du permis de conduire. La présence policière devrait être de mise pour toutes les installations de chantier sur les autoroutes. Quand les gens voient une voiture de police avec des gyrophares allumés, ils vont ralentir et être plus vigilants. »
« Tous ceux et celles qui rencontrent un véhicule mini d’un gyrophare, flèche, clignotant, doivent respecter la loi du corridor que ce soit la police, les pompiers ou un camion qui installe des cônes, ajoute M. Dionne. Des travailleurs se font frapper par des miroirs quand ils installent les cônes, sinon ça roule à 120 km/h à côté de nous, notre casque part au vent et on n’est plus protégé. Mais ça prend des policiers sur les chantiers pour intercepter ceux et celles qui ne respectent pas la loi du corridor de sécurité. »
L’ATSRQ a d’ailleurs lancé une idée il y a trois ans pour augmenter le nombre de policiers aux abords des chantiers.
« De mai à novembre, la Sûreté de Québec formerait une escouade dédiée aux chantiers avec tous les policiers retraités qui veulent travailler jumelés aux jeunes policiers qui sortent de l’Institut de police. Ils seraient formés par des policiers qui ont l’expérience. Cette idée est rentable parce qu’en donnant les contraventions, les coffres de l’État seraient bien garnis. Ça prend juste le bon vouloir du ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, qui refuse toute rencontre avec l’association ou même le syndicat des métallos. »
Les représentants des deux associations espèrent que la nouvelle semaine nationale amènera les usagers de la route à réfléchir sur leurs comportements.
« Notre but, c’est autant la sécurité des travailleurs que du public qui passent sur nos chantiers », mentionne M. Laflamme.
« Respirez quand vous traversez une zone de chantier, conseille M. Dionne. On est mieux de prendre ça avec un gros sourire, saluer les travailleurs et les féliciter pour le travail qu’ils font. »