Hiver difficile pour le plein air
PLEIN AIR. Avec le redoux des dernières semaines, de nombreux centres d’activités extérieures ont été forcés de fermer leur porte prématurément dans la région. Ces fermetures étant à l’aube de la semaine de relâche, période lucrative pour plusieurs d’entre eux, la saison 2023-2024 en est une à oublier.
La saison hivernale a en effet été une catastrophe du côté du Parc de l’Île Melville de Shawinigan alors que le directeur Luc Désaulniers a dû se résoudre à fermer la Station plein air Val-Mauricie le dimanche 3 mars, au premier week-end de la semaine de relâche.
« J’avais ouvert deux semaines plus tard et là, je ferme deux semaines à l’avance. Je perds donc un mois complet, mais juste avec la relâche, ça représente près de 30% à 40% de mon chiffre d’affaires à la station. C’était en moyenne de 500 à 700 personnes par jour, c’est-à-dire entre 5000$ à 7000$ de pertes de revenus », se désole Luc Désaulniers.
Même la saison de ski de fond du Parc de l’Île Melville est tombée à l’eau. Les sentiers du côté du parc des Chutes, que son équipe traçait habituellement jusqu’au début avril, ont été fermés à la mi-février. Cette saison trace un contraste important avec l’hiver précédent, alors que le directeur raconte avoir été obligé de déblayer la neige pour débuter sa saison de camping.
On note par ailleurs une situation semblable du côté du populaire sentier de ski de fond du parc de la Gabelle de Saint-Étienne-des-Grès. Celui-ci a été officiellement fermé au public le 29 février dû aux conditions météorologiques.
Scénario similaire du côté des stations de ski. En effet, la saison hivernale s’est déroulée en dent de scie pour Vallée du parc. « On a connu une période des Fêtes difficile avec les précipitations qu’on a eues. Par chance qu’on a été capable de produire beaucoup de neige en décembre. Ce n’était pas un début de semaine de relâche idéal aussi. On a pris la décision de fermer en début de semaine pour conserver notre qualité de neige pour le week-end avec le redoux », commente le directeur Alain Beauparlant.
Il ajoute, « en plus, quand les clubs de golf commencent à ouvrir, les gens délaissent un peu plus le ski. Pour que les gens viennent à la station, ça prend du soleil ».
Ce dernier avoue n’avoir jamais vu si peu de neige lors d’un hiver, combiné avec un printemps précoce. « On espère pouvoir se rendre à Pâques, au 1er avril, mais on est tributaire de la température. On ne sait pas quand sera la date de fermeture, mais assurément comme le veut la tradition, on tiendra la journée splash lors du dernier week-end d’opération ».
Du côté du centre de ski hors-piste St-Alex-Ski à Saint-Alexis-des-Monts, on se désole des conditions météorologiques déplorables cette saison. « Notre ouverture officielle s’est faite le 12 janvier. On peut dire qu’ensuite, on a eu 3 belles fins de semaine, mais qu’après ça avec la pluie et les gels/dégels, c’est devenu de la croute », relève Pierre Pinsonnault, porte-parole du site.
La montagne Saint-Alex-Ski est un projet qui a vu le jour en 2019 et qui officiellement ouvert ses portes au public l’hiver dernier. Cette deuxième saison officielle pour le centre représente une diminution considérable de l’achalandage en comparaison à la première année d’activité. « Cette année, on évalue la baisse d’achalandage à 75%. C’est sûr que l’hiver passé, on a eu 12-13 belles fins de semaine par rapport à 3-4 cette année, donc ça a un gros impact. Les gens se déplacent moins quand ils sont incertains de l’état de la montagne ».
Bien que l’état actuel de la montagne la rende difficilement skiable, Pierre Pinsonnault mentionne somme toute qu’une tempête dans les prochains jours pourrait permettre de prolonger la saison en offrant de meilleures conditions de glisse.
Pour leur part, les motoneigistes ne se sont pas amusés comme ils le voulaient dans les sentiers du Québec cet hiver, alors que la saison s’est étendue sur un peu plus d’un mois, de la mi-janvier à la fin de février. La secrétaire du Club de motoneige de la Mauricie Chantal Gélinas qualifie d’ailleurs la dernière saison de « très particulière ».
Les opérateurs ont notamment dû être ingénieux afin de conserver les sentiers en bon état. « Je lève mon chapeau aux opérateurs qui ont fait des petits miracles en poussant la neige sur 7 semaines. Nos sentiers étaient quand même potables, c’est la saison qui a été écourtée », exprime Mme Gélinas.
Cela dit, on reconnait un peu de positif dans cette saison difficile puisqu’en raison de la faible quantité de neige, les motoneigistes qui allaient hors sentier sur des terres privées ne pouvaient pas le faire cette année. « Chose certaine, on n’aura pas à se battre pour nos droits de passage pour l’an prochain », conclut-elle avec humour.
Pas optimal au parc national de la Mauricie
Au parc national de la Mauricie, la neige est encore présente en forêt, mais les conditions pour y pratiquer le ski de fond ne sont pas optimales comme l’explique Jean-Marc Poulin, président du Club Skimau. « On a encore quelques skieurs dans le sentier, mais avec les températures qu’on a eues, la neige est molle et c’est un peu comme de la boue, c’est difficile d’avancer là-dedans ».
Une dernière compétition est au programme cette saison avec la Course du printemps prévue le 23 mars. « Pour le moment, je ne peux pas dire si ça aura lieu ou non. Si les températures refroidissent et qu’on a une bonne bordée de neige, c’est bien possible que les gens se remettent au ski, mais pour le moment certain de nos membres les aient remisés et aient sorti leur vélo ou leurs espadrilles », raconte Jean-Marc Poulin.
Comptant 167 membres cette année, le Club Skimau s’adresse autant aux amateurs de ski de fond récréatif qu’aux compétiteurs. Leur camp de base est au parc national de la Mauricie, mais certains de ses athlètes de haut niveau participent compétitionnent sur le circuit provincial. « Il y a de la compétition, mais il y a surtout un élément social très présent parmi nos membres. Il y a beaucoup de sourires qui s’affichent. J’aime ça dire que les gens se font sécher les dents chez nous », termine le président du Club Skimau.
Du jamais vu pour les sports sur glace
Même déception du côté de la pêche sur glace. Alors que le début de saison s’était opéré tardivement en janvier, voilà que les propriétaires du Centre de pêche la Pécheresse de Yamachiche ont été forcés de mettre fin à la saison le 26 février dernier.
Depuis la fin février, les municipalités du secteur de Shawinigan et de la MRC de Maskinongé avisent via leurs réseaux sociaux de la fermeture officielle de leurs patinoires et autres installations extérieures, ce qui met fin officiellement à la saison de patinage et de hockey sur pratiquement l’ensemble du territoire. Que ce soit Saint-Étienne-des-Grès le 26 février, Shawinigan le 27 février ou Saint-Mathieu-du-Parc, les municipalités se sont résiliées à fermer leurs installations avant même le commencement de la semaine de relâche, au grand désarroi des familles.
En collaboration avec Bernard Lepage et Patrick Vaillancourt.