Une victoire à portée de main pour les écologistes
NATURE. Un peu plus de deux ans après avoir tiré la sonnette d’alarme devant l’imminence de coupes forestières dans une forêt ancienne à l’écosystème exceptionnel, Aire protégée Saint-Mathieu-du-Parc se rapproche plus que jamais de son objectif alors que le gouvernement du Québec vient de lui annoncer sa « ferme intention de mettre en réserve » le territoire ciblé.
C’est le député de Maskinongé qui est allé annoncer la bonne nouvelle mercredi matin à Saint-Mathieu-du-Parc devant une cinquantaine de citoyens et représentants d’organismes dédiés à la conservation de la nature.
« Ça veut dire que les coupes forestières qui étaient annoncées pour 2025 n’auront pas lieu et qu’assurément, il n’y en aura plus sur ce territoire. C’est le résultat d’un travail collectif de tout le monde », s’est réjoui Simon Allaire chaudement applaudi par les membres du comité qui n’ont pas manqué de rappeler son appui indéfectible dans ce dossier.
La délimitation précise du territoire protégé fera l’objet de discussions avec le ministère de l’Environnement d’ici à ce que la mise en réserve soit officialisée, mais Aire protégée Saint-Mathieu-du-Parc parle pour le moment d’une superficie de 127 kilomètres carrés, soit environ 15 kilomètres par 8 kilomètres, dont une frontière commune de 35 kilomètres avec le parc national de la Mauricie.
Un parc régional quatre saisons
« C’est un territoire digne d’un parc national qui comporte 55 lacs et milieux humides interconnectés. C’est presque trois fois grand comme le parc du Mont-Mégantic. On y retrouve sensiblement toute la diversité qu’on voit au parc national de la Mauricie », a expliqué Éric Proulx, directeur général du comité Aire protégée Saint-Mathieu-du-Parc et un des premiers citoyens à avoir monté au front dans ce dossier.
L’inventaire biophysique réalisée depuis près de deux ans sur le territoire a permis de mieux le connaître et d’en apprécier davantage son caractère exceptionnel. « On y retrouve 36 espèces menacées ou en péril comme la petite chauve-souris brune, la chauve-souris à nez argenté et la tortue de bois, notre béluga à nous autres. Il n’en reste 200 exemplaires encore vivants. On aimerait ça qu’il en ait un peu plus d’ici dix ans », a mentionné Éric Proulx qui ultimement, souhaite faire des lieux un parc régional à part entière.
Le territoire comprend également une forêt ancienne grande de près de 40 kilomètres carrés à proximité des lacs en Croix, Larose et Coureuse. On y retrouve des épinettes, pruches, érables et merisiers de plus de cent ans, avec des diamètres d’environ un mètre.
« L’objectif, c’est d’en faire un parc régional quatre saisons, en tourisme durable avec des sentiers, de l’hébergement, du vélo. On veut le mettre en valeur pour donner un accès nature à toute la population de la Mauricie », a poursuivi Éric Proulx. À ce propos, Aire protégée Saint-Mathieu-du-Parc entend travailler en 2024 sur un plan de développement adapté à la capacité de support des écosystèmes.
À la vitesse grand V
Directeur de la conservation à la SNAP (Société pour la nature et les parcs du Canada) section Québec et résident de Saint-Élie-de-Caxton, Pier-Olivier Boudreault ne cachait pas sa joie de voir ce développement. « On a donné un coup d’envoi à ce projet-là en donnant du financement par le biais du ministère de l’Environnement. C’est un financement qui a permis de consolider l’organisme et d’appuyer le travail d’Éric. Je travaille sur des projets comme ça et parfois ça dure de 10 à 15 ans. Là- en deux ans d’avoir une annonce d’intention ferme du gouvernement, c’est vraiment exceptionnel », a-t-il mentionné, en ajoutant que les annonces d’intention comme celle-ci ont toujours été suivies d’un statut officiel par la suite.
La prochaine étape pour Aire protégée Saint-Mathieu-du-Parc consiste à préparer un plan de conservation faunique qui devra être présenté au ministère de l’Environnement. « L’important pour nous, c’était de mettre le couvercle sur la marmite. C’est ce que cette annonce vient de faire en enlevant la menace de coupes forestières. Ça nous donne du temps pour travailler sur ce plan avec une tranquillité d’esprit », a conclut Éric Proulx qui espère obtenir le statut d’aire protégée à part entière d’ici deux ans, un souhait aussi partagé par le député Simon Allaire qui veut clore le dossier d’ici la fin de son mandat.